Pour Valérie Pécresse, le coup est rude. Dans un communiqué rageur, la société Kärcher™ a fait savoir que toute citation de la marque dans un discours politique devait cesser immédiatement. « La marque Kärcher™ n’est l’étendard d’aucun parti politique, mais la propriété exclusive des sociétés Kärcher™ [….] elle s’oppose à ce qu’elle soit associée à tout parti ou courant politique. »
La reprise de l’image du nettoyeur haute pression laissait pourtant augurer des promesses à jet continu… « Il faut ressortir le Kärcher™ de la cave », avait-elle déclaré, dans un entretien à La Provence. « Aujourd’hui, il est temps de nettoyer les quartiers. ». La fibre du bricolage s’était emparée de la candidate. Intarissable sur le sujet. Démarrage, réglage, branchement, entretien… Éric Ciotti lui faisait lecture de la notice, le soir, à la veillée. Aujourd’hui, patatras ! tout est à revoir. Les nerfs des dirigeants de la firme ont lâché. Après Sarkozy en 2005 et Amara en 2010, qui reprenait l’image, Pécresse est la goutte d’eau qui fait déborder le bassin à poissons rouges.
Face à cet empêchement, les stratèges de la campagne LR ont immédiatement convoqué une réunion de crise dans l’allée d’un magasin Castorama. Urgence du jour : trouver un produit, une marque qui illustrent la louable promesse de Terminator Pécresse. Un insecticide, un anticalcaire ? Rayons tournevis, perceuses, appareillage électrique, l’équipe inventorie les étagères. Électrocuter la délinquance, passer le chalumeau ?
Au terme de multiples errements créatifs et de moult propositions retoquées, à défaut de trouvaille lumineuse, il aurait été décidé d’un retour aux sources avec la formule : « passer le nettoyeur haute pression de couleur jaune dans les quartiers ». La marque Kärcher™ n’est pas citée. Un coup de maître. La taille des affiches sera adaptée à cette longue accroche.
Dans ce même effort de fidélité à la ligne du parti, il sera demandé aux électeurs de se reporter au programme de Nicolas Sarkozy de 2007. Économie de papier, énergie durable, sauvetage de planète. Les promesses d’antan se parent du volet écolo. Vieux discours recyclés, slogan remis au goût du jour… « Gagner plus pour gagner plus. » Le filon est porteur de séduction sur l’électorat amnésique. L’annonce d’un non-programme est sur le point de jaillir.