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Enseignants en grève, parents d’élèves dans la rue, le ministre à Ibiza

Un ministre n’est pas un surhomme. La pression, à ce type de fonction, est énorme, et l’on peut parfaitement comprendre que Jean-Michel Blanquer ait ressenti le besoin de prendre quelques jours de vacances et, pour ne pas être dérangé par les paparazzi, de les prendre à Ibiza, charmante île des Baléares au large de la côte espagnole. Mais était-ce bien le moment ? La polémique enfle, la Macronie n’en sortira pas indemne.

 

Blanquer doit-il démissionner ? La question est posée crûment par l’opposition, et les médias s’interrogent. Rien ne l’y oblige, cela pourrait sembler disproportionné au regard des faits, d’autant que le télétravail est aussi pratiqué par les ministres. C’est d’ailleurs à l’occasion d’une interview à distance, dans le quotidien macronien Le Parisien, qu’une indiscrétion a révélé que Blanquer n’était pas rue de Grenelle, dans son ministère, mais sur une plage d’Ibiza. La photo du Parisien le présentant en costume à sa table de travail était une ancienne photo. La vraie photo l’aurait sans doute montré en maillot de bain, sirotant un cava et picorant quelques tapas. Ce truquage ajoute encore au ridicule de la péripétie et à la fureur de tous ceux qui vivent actuellement un demi-confinement. Ne parlons même pas du sort des non vaccinés, interdits d’avion pour Ibiza et interdits de restaurants à tapas.

Cette « erreur » dans la communication est énorme : l’épisode Ibiza se situe en pleine agitation dans les écoles, avec la grève du 13 janvier, et celle prévue ce jeudi 20 janvier. Cela semble une sorte de message jeté à la tête des Français, sur le flegme (version positive) mais surtout l’égoïsme jouisseur (version de l’homme de la rue) des membres de ce gouvernement.

Les conséquences de l’escapade d’Ibiza peuvent se révéler au moins aussi catastrophiques dans l’opinion que le fameux dîner de Sarkozy au Fouquet’s, le soir de son élection, alors que les militants l’attendaient place de la Concorde. Mais Sarkozy avait cinq ans devant lui pour corriger cette erreur. Macron, lui, n’est pas encore réélu : en mettant leur bulletin dans l’urne, bien des électeurs se souviendront d’Ibiza, comme ils se sont souvenus des costumes de Fillon ou des diamants de Giscard.

Marié le week-end dernier

Qu’avait donc Blanquer à faire de si urgent à Ibiza au point de déserter son poste au moment précis où les écoles vivent la plus grande agitation sociale de ces cinq années écoulées ? En fait il s’est marié, en troisièmes noces, le week-end dernier, avec la journaliste de BFMTV Anna Cabana. Ibiza, c’était donc leur voyage de noces, expliqueront les romantiques. D’autres peuvent y voir la crainte d’un débordement par les nouveaux Gilets jaunes de l’Education nationale, et l’idée que les manifestants n’iront pas le chercher à Ibiza.

Blanquer avait réussi jusqu’à présent à capitaliser des sympathies de gauche avec son laïcisme à tout crin, mais aussi des sympathies à droite avec son évocation du retour de la dictée, des récitations que l’on apprend par cœur, de la blouse à l’école. Du Zemmour avant l’heure. Il était la parfaite illustration, la parfaite caution du « en même temps » qui a si bien réussi, médiatiquement parlant, à Macron, pendant son quinquennat.

Mais à la vérité, ceux qui travaillent avec Blanquer s’inquiétaient ces derniers temps car leur ministre de tutelle semblait avoir la tête ailleurs. Lors des questions publiques à l’Assemblée nationale, une député LR a bien résumé l’ambiance anarchique qui règne actuellement dans les écoles : « Comment ne pas céder au découragement quand plus personne n’y comprend rien ?

Que dire de vos consignes incompréhensibles et inapplicables qui ont mis les parents et leurs enfants dans des situations intenables, les obligeant par manque de tests à faire des queues interminables devant les pharmacies ? ».

Depuis l’été 2020, grosso modo, le navire Education nationale n’a plus de capitaine. Mais Macron ne peut pas le remplacer en pleine crise et à trois mois de la présidentielle. •

Présent

https://www.tvlibertes.com/actus/la-une-de-present-du-20-01-2022

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