Vivendi, le groupe de Vincent Bolloré, qui détient déjà Editis, numéro deux de l’édition française, projette de racheter la maison mère d’Hachette Livre, pour créer un groupe qui regrouperait Hachette, donc des maisons comme Grasset, Fayard, Stock, Calmann-Lévy, Le Livre de poche, JC Lattès, Dunod, Larousse, Hatier et d’importantes filiales aux Etats-Unis, au Royaume-Uni et en Espagne, et Editis, qui englobe Julliard, Plon, Bouquins, Robert Laffont, Bordas, Le Cherche Midi, Nathan, Perrin, La Découverte, 10/18 ou Pocket.
Voilà de quoi inquiéter les milieux de gauche, dont Le Monde se fait le porte-parole.
Juste avant de prendre sa retraite et de passer la main à ses enfants, le 17 février, jour du bicentenaire de l’entreprise familiale, comme il l’a promis à plusieurs reprises, l’homme d’affaires breton investirait-il dans l’édition par fidélité familiale et pour la passion de la littérature ?
Les conjectures vont bon train et trois hypothèses prévalent :
- La première est celle d’une cession d’Editis au groupe espagnol Prisa, qui permettrait d’obtenir sans difficulté l’aval de la Commission européenne pour conserver tout le groupe Hachette, en France et à l’échelle internationale.
- la cession des actifs français d’Hachette, tandis que Vivendi conserverait les filiales internationales.
- Le troisième scénario : l’acquisition pure et simple d’Hachette par Editis, entraînant à nouveau un découpage chirurgical des deux groupes et de multiples cessions de maisons d’édition pour que Bruxelles donne son feu vert. Une fusion entre Hachette et Editis donnerait au nouveau groupe une position dominante dans l’édition scolaire (74 % de part de marché), le parascolaire (83 %), la littérature en poche (78 %) ou encore les livres pratiques et de loisirs (50 %).
Antoine Gallimard, PDG du groupe Madrigall, Françoise Nyssen, présidente du directoire d’Actes Sud, le Syndicat national du livre et de l’édition CFDT, première organisation syndicale du secteur de l’édition, s’opposent à l’opération.
Vincent Bolloré voudra-t-il façonner ses maisons d’édition pour promouvoir des convictions, comme il l’a fait sur CNews, où il a consolidé la notoriété d’Eric Zemmour, et comme il semble vouloir le faire sur Europe 1 ?
Le 4 janvier, le Syndicat national de l’édition (SNE), présidé par Vincent Montagne, le patron du groupe d’édition Média Participations, a publié un communiqué dans lequel il écrit :
« Alors que s’annonce le rapprochement des deux plus grands groupes français de l’édition à l’initiative d’un seul groupe de médias, et avec lui la menace d’une concentration telle que le marché français du livre n’en a jamais connu ».
Le syndicat enjoint aux autorités chargées de la concurrence « de prévenir tout risque d’abus de position dominante et toute dissymétrie portant atteinte au libre jeu de la concurrence et à la diversité culturelle ».
La diversité culturelle… alors que l’intelligentsia de gauche règne depuis des années sur le monde de l’édition, du cinéma, de la publicité, des médias… Ces gens n’ont aucun scrupule.