Après Macron, qui continue lamentablement à faire campagne avec l’argent des Français et s’est même permis de se payer leur tête mardi en déclarant avec un sourire ironique qu’il allait « falloir songer à un moment » à officialiser sa candidature, ce sont donc Valérie Pécresse et Anne Hidalgo qui, avec respectivement 939 et 652 signatures reçues et validées par le Conseil constitutionnel, ont réussi à passer la fameuse barre des 500 parrainages nécessaires pour participer à l’élection présidentielle.
Selon le dernier décompte réalisé par ledit Conseil et rendu public mardi, tous trois devraient bientôt être suivis par Nathalie Arthaud, la candidate de Lutte ouvrière qui, bien qu’étant créditée – comme Hidalgo, d’ailleurs – d’un pourcentage totalement ridicule par les différents organismes de sondages, n’est plus très loin d’obtenir les signatures suffisantes, avec 368 parrainages validés. Quant à Marine Le Pen et Eric Zemmour ? Alors qu’ils totalisent à eux deux près de 30 % des intentions de vote, ils pourraient bien se voir privés d’élections, faute d’avoir obtenu leurs signatures avant le 4 mars !
Le Pen et Zemmour privés d’élections ?
Une hypothèse jugée peu probable par nombre de gros médias de la Macronie, qui accusent régulièrement ces deux candidats de profiter des difficultés qu’ils rencontrent dans leur quête aux parrainages pour « faire parler d’eux ». Et pourtant, la menace est bien réelle : à en croire le dernier décompte publié par les « Sages », Eric Zemmour en serait aujourd’hui à 149 parrainages validés, et Marine Le Pen à seulement 139 ! Un véritable scandale quand on sait qu’au même moment, d’autres candidats crédités d’un nombre d’intentions de votes faible et même souvent ridicule, tels que Fabien Roussel (326), Jean Lassalle (316), Yannick Jadot (268), Nicolas Dupont-Aignan (232) ou encore Jean-Luc Mélenchon (224), ont tous dépassé la barre des 200 signatures validées.
L’indispensable anonymat des parrainages
Commentant ces chiffres mardi, Laurent Jacobelli, délégué national aux élus du RN, n’a d’ailleurs pas hésité à se dire « très inquiet » de cette situation. D’autant plus, a-t-il ajouté, qu’« on sent que l’étau se resserre sur les maires ». Pourtant, il y aurait un moyen simple et rapide de mettre fin à ce véritable déni de démocratie, en revenant notamment sur la loi de 2016 qui a interdit l’anonymat des parrainages en vigueur depuis la loi organique de 1962. L’anonymat levé, il était en effet évident que les maires se disant prêts à parrainer des candidats de la droite nationale, même si un tel parrainage n’a rien à voir avec un soutien, allaient immédiatement faire l’objet d’incessantes et gigantesques pressions, ainsi que d’un insupportable chantage aux subventions. Mais, n’était-ce pas là, justement, l’objectif visé par Hollande ? Reste que, comme le soulignait dernièrement le politologue Jérôme Sainte-Marie, si l’un de ces candidats ne pouvait pas se présenter, cela « représenterait un véritable déni de démocratie ». En effet, s’interrogeait-il, « comment justifier auprès des Français qu’un candidat crédité de 14 ou 17 % des voix ne soit pas représenté au premier tour ? Cela générerait une forme de censure politique ».
Franck Deletraz
Article paru dans Présent daté du 9 février 2022