De Stéphane Buffetaut, vice-président du CNIP, élu vendéen, ancien député européen, pour le Salon beige:
Ambiance « règlements de comptes à OK Corral » autour de Valérie Pécresse. D’abord la défection d’Eric Woerth qui décide de soutenir Emmanuel Macron. « Un homme politique en fin de carrière » lâche Christian Jacob.
La perfidie répond à la félonie. En matière de perfidie, Rachida Dati s’illustre au sujet de Patrick Stefanini, directeur de campagne de la candidate de LR : « Moi, les losers ça ne m’intéresse pas… Les déserteurs c’est pas trop mon truc non plus ». L’estocade vient de Nicolas Sarkozy : « Valérie part dans tous les sens… Elle est inexistante ». « Souvent Valérie varie » ajoutent certains. « Il n’y a pas d’amour, il n’y a que les preuves d’amour » rappellent les publicités de la Saint-Valentin !
A deux mois du premier tour de l’élection présidentielle, les grands mamamouchis des Républicains semblent illustrer l’adage romain « Jupiter rend fous ceux qu’il veut perdre ». On le sait, le monde politique est trop souvent un monde de haines rancies, de rancœurs acides, mais au moins devrait-on les dissimuler à l’approche du combat. Au premier abord, tout ce déballage semble démentiel. A la réflexion, il n’est que logique.
Le service politique devrait être la recherche du bien commun, du gouvernement paisible et prudent des peuples, de l’accroissement en dignité des personnes. Mais obsédés par les recettes électoralistes, victimes consentantes de la politique spectacle, englués dans l’instrumentalisation émotionnelle des cénacles politiquement corrects, nos professionnels de la politique se sont laissés enfermer dans une dérisoire réactivité aux oukases médiatiques. La notion même de bien commun leur est devenue étrange voire étrangère, tant l’individualisme triomphant et la pression dictatoriale des minorités ont perverti la pensée politique.
Dès lors, il ne reste que le jeu des ambitions individuelles, les querelles pour le pouvoir, les inimitiés tenaces. La vacuité intellectuelle des vieux partis, leur incapacité à voir et à dire le réel, donc la vérité des situations, les conduisent logiquement à la chute finale. Le Parti socialiste est déjà rangé au magasin des accessoires. Les Républicains ne vont pas tarder à les rejoindre. L’ancien théâtre politique ne présente plus qu’une mauvaise pièce jouée par de mauvais acteurs à un public aussi clairsemé que blasé.
Mais c’est un naufrage démocratique, car les citoyens « votent avec leurs pieds », ils désertent les bureaux de vote et se réfugient dans l’abstention. Erreur fatale car à la fin du jour c’est le résidu minoritaire d’une classe politique légale à défaut d’être légitime, qui leur impose une avalanches de lois, décrets, normes, impôts qui les étouffent, les enragent et ne cessent de réduire leurs libertés.
Comment s’étonner dès lors que le système soit contesté puisque celui-ci a fait preuve de son arrogance et de son inefficacité ? Les gens, les « vrais gens » demandent finalement peu, mais c’est beaucoup : qu’on les considère et que l’on prenne en considération leurs préoccupations. Ils n’attendent rien des normes administratives et des tours de passe-passe électoraux, mais souhaitent une action politique en adéquation avec le réel. Avec ce qu’ils voient, ce qu’ils vivent. Avec aussi du souffle et du panache, car comme l’arbre, l’être humain est enraciné dans sa terre mais a la tête dans les cieux.