Vous souvenez-vous du coup de tonnerre dans un ciel serein, le soir du 21 avril 2002, lorsque les étranges lucarnes nous annoncèrent, effondrées, que l’adversaire de Jacques Chirac, au second tour de l’élection présidentielle, serait… Jean-Marie Le Pen ? Mais vous vous souvenez sans doute de ce fameux « front républicain » qui s’en suivit et où l’on vit, dans une quasi-unanimité, tous les partis politiques institutionnels se désister en faveur du président sortant pour « faire barrage à l’extrême droâââââte ! » Au point que Jacques Chirac devint ainsi, deux semaines plus tard et sans état d’âme, l’élu de la gauche et même de l’extrême gauche…
Eh bien c’est précisément ce que les suppôts d’Emmanuel Macron tentent d’organiser d’ores et déjà pour le cas où leur champion aurait à affronter, au soir du 10 avril prochain, soit Eric Zemmour soit Marine Le Pen. Alors, ils ratissent. Ils ratissent large sous prétexte que la gauche est par avance impuissante à parvenir au second tour.
Car, que reste-t-il du Parti socialiste à quelques semaines seulement de l’élection présidentielle ? Dimanche 6 février, Eduardo Rihan Cypel, ancien porte-parole du Parti socialiste, a annoncé qu’il apportait son soutien à Emmanuel Macron, estimant qu’il incarnait « le camp de la social-démocratie ». L’ex-député rejoint aussi Territoires de Progrès, le parti qui incarne « l’aile gauche » de la majorité, fondé par deux ministres : l’ancien socialiste Jean-Yves Le Drian et Olivier Dussopt. À deux mois du premier tour, ce mouvement s’active pour rallier le plus d’élus possibles.
Et Eduardo Rihan Cypel l’assure : « Il y a un vrai mouvement. Environ 150 élus locaux, des socialistes ou radicaux de gauche, viennent, comme moi, de rejoindre Territoires de Progrès ces trois dernières semaines » explique le récent transfuge. Vous les voyez venir avec leurs gros sabots ? A la soupe !
Pour le délégué général de ce mouvement qui incarne la jambe gauche de la majorité, Xavier Iacovelli, « ces élus ne veulent pas rester dans le ‘Titanic’ Hidalgo et ne voient pas d’avenir chez Taubira« . Le sénateur des Hauts-de-Seine reprend à son compte les propos de Jean-Yves Le Drian : « La social-démocratie a déménagé, elle a quitté le PS« . Et confie vouloir croire que ce mouvement, débuté en 2017, va se confirmer en 2022.
Ainsi, plusieurs grands élus socialistes sont visés comme l’ancien président de l’Assemblée nationale Claude Bartolone, ou encore le maire de Dijon (et ancien ministre de François Hollande), François Rebsamen, dont le soutien ne fait guère de doute. À LA SOUPE, VOUS DIS-JE…
D’autres élus sont déjà sollicités comme la maire adjointe de Marseille Samia Ghali. Et Gaspar Gantzer lui-même (ancien conseiller intime de François Hollande) évoque également Thierry Repentin, maire de Chambéry, ou celui de Libourne, Philippe Buisson, « qui pourraient apporter leur soutien durant l’entre-deux-tours, quand Emmanuel Macron aura besoin de rassembler à gauche ». Et à ce front effectivement républicain, il nous faudra opposer un juste et légitime « front patriote« .
Mais vous laisserez-vous encore abuser par ces imposteurs ?