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Islamisme, la stratégie du grignotage

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Un reportage diffusé sur M6 et les réactions qu’il a suscitées ont remis la question de l’islam radical sur le tapis. Masqué depuis ans par le Covid, le phénomène poursuit sa progression.

Poupées sans visage, boucheries halal, femmes et fillettes voilées, prosélytisme fréro-salafiste sous couvert de soutien scolaire, élus complaisants, écoles et restaurants pratiquant la ségrégation sexuelle : le reportage de Zone interdite diffusé sur M6 le 23 janvier dernier cochait presque toutes les cases. Consacré à l'emprise de l’islamisme radical en France, il lui manquait pourtant un volet important : la violence, au moins verbale.

Une omission rapidement réparée par les intéressés eux-mêmes, puisque dès le lendemain de sa diffusion, Ophélie Meunier, présentatrice de l’émission, et Amine Elbahi recevaient des menaces de mort, « d’égorgement et de décapitation », a précisé depuis ce Roubaisien, militant anti-islamiste, qui apparaissait dans le reportage. Tous deux ont été placés sous protection policière et des enquêtes ont été ouvertes.

Au rebours de leurs habitudes de « non stigmatisation », les journalistes - directement visés- se sont mobilisés contre cette « atteinte à la liberté d'expression », donnant un écho particulier à l'événement. Gérald Darmanin lui-même a rebondi sur l’affaire, indiquant le 29 janvier qu'il avait « donné instruction qu’à chaque fois qu’un journaliste fai[sait] l'objet de menaces caractérisées, il bénéficie [rait] dune protection policière ».

Guillaume Delbar, maire de Roubaix, figure aussi au rang des personnes menacées, mais pour avoir fait preuve de complaisance envers une association islamiste. AAIR est soupçonnée de prosélytisme intégriste sous couvert de cours d'arabe, le tout avec de généreuses subventions publiques.

L'édile est accusé de détournement de fonds publics « par négligence » pour l’avoir soutenue « financièrement et publiquement ». Un bel exemple de l’islamo-droitisme dont Monde&Vie ne parle pas assez, plus préoccupé par un islamo-gauchisme plus bruyant et vindicatif.

De fait, le reportage avait été précédé de son habituel cortège de pleureuses criant à l’islamophobie. En tête de cortège, David Guiraud, porte-parole jeunesse de LFI. Le parti de Mélenchon, noyauté par le mouvement indigéniste, a fait de l’accusation forgée par les Frères musulmans l’un de ses chevaux de bataille. C'est aussi à cela que l’on constate la progression de l’islamisation en France : un parti dit républicain qui épouse par électoralisme et « correction politique » les thèses d’un courant radical de l’islam.

Quand Guiraud estime que dénoncer l’islamisme, c'est du « journalisme de caniveau » qui relève de « l’obsession », il ne dit pas autre chose qu'une journaliste d'Anadolu, l’agence de presse turque : « Zone Interdite se lance corps et âme dans une propagande à vomir. Ce reportage illustre à merveille comment les médias fabriquent "le problème musulman" pour servir le politique ». Rappelons que le Président Erdogan est proche de la mouvance frériste.

Le reportage diffusé sur M6 portait aussi sur la réponse de l’État au phénomène intégriste. Celle-ci est quelque peu ambivalente. Darmanin n'hésite pas à afficher une grande fermeté verbale sur le sujet, parfois suivie d'effet.

« Beaucoup d'argent pour l'islam »

Ces derniers mois. la police a controlé 99 mosquées et 22 d'entre elles ont été fermées « du fait de prescriptions administratives, d'une décision de justice, d'une reprise de bail ou d’une fermeture administrative ».

Mais si la place Beauvau ne recense que 99 lieux de culte soupçonnés de « séparatisme ». on évalue à minimum 350 les mosquées apparentées à I'un des courants de l’islam radical. Ne méritent-elles pas l’attention de la place Beauvau et de la place Vendôme ?

Le ministre de l’Intérieur se montre par ailleurs très accommodant vis-a-vis de l’eau dans laquelle nagent les poissons fréro-salafistes : l’islam en France. C’est en effet le même Darmanin qui a expliqué le 5 février, au lancement du FORIF que « si les musulmans s’organisent, ce n'est pas seulement le Ciel. mais l’État qui les aidera » ajoutant qu’ « il y a beaucoup d'argent disponible pour l’islam et pour les religions en général ».

Le FORIF, c'est le Forum de l’islam de France, le nouveau « machin » censé remplacer le CFCM dans le rôle d'intermédiaire entre les musulmans de France et I’État.

Au vu de la nature décentralisée de l’islam sunnite, il y a fort à parier que cet organisme connaitra le même succès que son prédécesseur et qu'il sera incapable de canaliser et d'organiser une religion estimée à six millions de fidèles... un chiffre qui ressort invariablement depuis près de trente ans. Le fait que ses membres soient choisis par le gouvernement évitera peut-être le noyautage des radicaux et des gouvernements étrangers, un objectif que la loi contre le séparatisme étend aussi à toutes les structures liées à l’islam : mosquées, lieux culturels, etc.

À voir l’enquête de M6, on comprend pourtant la vanité de compter sur de tels dispositifs pour freiner l’implantation de petits « Afghanistan à deux heures de Paris », selon la formule d'Eric Zemmour.

Richard Dalleau Monde&Vie  28 février 2022 n°1008

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