Matthieu Chevallier sur BVoltaire
Interrogé par le journaliste de LCI Paul Larrouturou, ce lundi 7 mars, sur sa volonté de ne pas débattre avec les autres candidats, malgré leurs demandes, avant le 1er tour de l’élection présidentielle, Emmanuel Macron a répondu : « Aucun Président qui se représentait ne l’a fait. Je ne vois pas pourquoi je ferais différemment du général de Gaulle, de François Mitterrand, de Jacques Chirac ou de Nicolas Sarkozy. » Il a néanmoins dit qu’il répondrait aux différentes chaînes de télévision qui l’interrogeraient, avant d’ajouter : « Je préfère le débat avec les Français : c’est ce que je leur dois. »
Une manière d’introduire les échanges qui allaient suivre avec des habitants de la commune de Poissy (Yvelines) selon le format « grand débat », où le face-à-face se fait directement entre l’assemblée et l’invité.
Le maire de Poissy, Karl Olive, assure qu’il a organisé cette soirée en invitant 250 personnes qui n’ont pas tous voté Macron en 2017. « Vous m’avez dit : totale confiance, pas de thématique imposée, je veux taper dans le sac, je veux pouvoir confronter mes idées avec les Français », explique-t-il au public en accueillant le Président sortant. Pourtant, force est de constater que le public ne témoignait pas de la moindre hostilité à l’égard du chef de l’État, et que la contradiction s’est fait attendre. Si la soirée était vendue comme un échange « spontané », des fiches récupérées par France Inter à l’issue de la soirée témoignent de l’organisation très précise de chaque question, selon un ordre prédéfini. Les interrogations ont été posées comme inscrites sur les fiches, et ce, au mot près ! Karl Olive, qui ne cache pas sa proximité et son admiration pour Emmanuel Macron, lui aurait-il transmis les fiches en avance ? « Pas du tout ! Parole d’honneur ! » a répondu le maire. Il explique simplement avoir voulu « thématiser au mieux ». « J’ai constitué un panel représentatif d’habitants. Ils m’ont envoyé des dizaines de questions, j’ai choisi les plus pertinentes », garantit-il. Toujours est-il que la confrontation Potemkine n’a pas été des plus éprouvantes pour le candidat-Président.
Ce ne sont pas, non plus, les chaînes télévisées qui l’accueillent pour l’interroger qui lui sont défavorables. Lors de la soirée « Face aux Françaises » organisée par LCI, lundi 7 mars, huit candidats se sont succédé face aux journalistes et aux lectrices d’Elle pour développer leur programme sur les femmes. Emmanuel Macron et Éric Zemmour se sont suivis et il était frappant de voir la différence de traitement entre les deux. Ruth Elkrief écoutait religieusement le chef de l’État dérouler ses plans pour assurer « l’égalité femme-homme », quand elle coupait Éric Zemmour pour lui montrer son désaccord : « Mais vous continuez à le dire… Sérieusement ? Sérieusement ? » Sans parler du fait que le Président a été interrogé depuis son QG de campagne avec, en arrière-plan, une affiche de sa propagande électorale, ce qui n’a pas manqué d’agacer ses opposants.
Il est vrai que les Présidents sortants n’ont jamais fait de débat avant le premier tour. Mais pourquoi ? Car les grands débats rassemblant tous les candidats avant le premier tour n’existent que depuis l’élection de 2017. Or, François Hollande n’était pas candidat pour un second mandat en 2017. Avant cela, les débats ne se faisaient que lors du second tour…
Mais pourquoi Emmanuel Macron s’embêterait avec des débats, puisqu’il est très occupé « en raison du contexte international » et qu’il est donné à 30 % dans les sondages, loin devant ses rivaux ? Jupiter restera donc au-dessus de la fange de la plèbe populiste, ayant mieux à faire ailleurs.