Il y a douze candidats à la présidence de la République ; douze, comme les apôtres. Il se cache forcément parmi eux… un Judas. Mais lequel ? Les déclarations de patrimoine des candidats à la présidence de la République peuvent servir d’indice. Commençons par un rappel simple. Ces déclarations n’ont pas pour but de considérer quel est le plus riche, ce qui passionne la gauche pour des raisons qu’un psychologue aurait grand intérêt à détailler. Non, elles n’ont qu’un objectif, c’est de mettre au jour d’éventuelles modifications incompréhensibles dans le patrimoine de tel ou tel, ce qui pourrait éveiller les soupçons.
À l’étude des déclarations, un patrimoine et un seul a de quoi surprendre. C’est celui du candidat Emmanuel Macron. Mais ce n'est pas son enrichissement, c'est au contraire sa stupéfiante modestie qui pose question. Le président de la République a déclaré 550.000 euros et pas un de plus. Le candidat Macron avait déclaré 310.000 euros de patrimoine en 2017. Il n’a pas doublé sa fortune, mais il n’en est pas très loin. En cinq ans à l'Élysée, Macron a cumulé deux fois le patrimoine moyen brut des Français (c’est-à-dire sans déduction du passif), qui atteint environ 270.000 euros. Les 310.000 euros de Macron en 2017 en faisaient certainement l’un des énarques, inspecteurs des finances, banquiers d’affaires chez Rothschild et anciens ministres les plus démunis de l’Hexagone. Goût de la pauvreté, quand tu nous tiens... La Banque Rothschild, où il fut brillant dit-on, n’a pourtant pas la réputation de payer ses salariés au lance-pierres. Le candidat s’en était expliqué. Il avait payé de lourds impôts et réglé des travaux dans la maison de son épouse. Généreux pour l’État et pour la famille, en somme. Touchant. Personne n’y a rien trouvé à redire, dont acte. L’homme est très dépensier ou très mauvais gestionnaire, ou les deux, et c’est son droit le plus strict.
Revenons à 2022. En cinq ans, Macron a donc mis de côté 240.000 euros (550.000 - 310.000). Soit 48.000 euros par an. C’est bien. Mais voilà, entre le début de son mandat et le 31 décembre 2021, le Président a perçu pour l’exercice de ses fonctions la somme de 900.000 euros nets imposables. Il est logé, nourri, vêtu, transporté et n’a guère le loisir, tout occupé qu’il est aux affaires de l’État, de dorer sur un yacht de prestige. Notre Président candidat a tout de même trouvé le temps de dépenser en cinq ans, sans qu’il en reste la moindre trace dans sa déclaration de patrimoine, 660.000 euros, soit 132.000 euros par an. Pas d’acquisition d’appartement, de bateau, de chalet, de voiture de luxe. Non, rien de tout cela : il aurait été contraint de le déclarer. On ne lui prête pas de passion coûteuse, pour les montres de luxe ou les vieux meubles signés par exemple. Notre Président a des goûts simples, quelques livrets d’épargne tout au plus, un petit emprunt de 122.500 euros. Il ventile donc, hors loyer, 11.000 euros par mois (132.000/12). C’est neuf fois le SMIC net (1.219 euros par mois). On en connaît qui ont été interdits de gestion ou placés sous curatelle pour moins que cela.
Remarquez que, pour la France, c’est une aubaine : si 50 millions de Français dépensaient en babioles 11.000 euros chaque mois, l’économie tournerait comme un avion de chasse. La France ferait pâlir d'envie Singapour ou le Qatar, les commerçants fêteraient Noël tous les soirs et le mot « crise » tomberait en désuétude. Le Président Macron présiderait un pays envié de tous, on copierait partout ses méthodes. Mais enfin, du haut de la sagesse de l'âge, le père ou la mère de ces Français gros dépensiers prendraient le temps de leur tirer l’oreille.
Dis-moi, fiston, il va falloir faire attention. On ne dépense pas comme cela sans compter et sans mettre de côté ou si peu ! À ton âge, 44 ans ! Tu n’as même pas un toit ! Tu te rends compte, si tu étais président de la République ce que tu ferais de la France ?