L’inflation fait un retour en force, à plus de 7% aux États-Unis et 5% en Europe. « Mais ne vous inquiétez pas », nous disent la Fed et la BCE, « nous remonterons nos taux directeurs et nous diminuerons la taille de notre bilan » afin de la vaincre ! Les banques centrales sont à la manœuvre, nous ne devons pas nous inquiéter. Vraiment ? Le problème est que ces remontées de taux ont déjà eu lieu par le passé et qu’à chaque fois, cela s’est très mal terminé. La première baisse massive dans notre histoire récente a eu lieu au début des années 2000, après le krach des valeurs Internet début 2000 et les attentats du 11 septembre 2001. Il fallait alors absolument éviter une récession qui aurait été interprétée comme une victoire du terrorisme, alors la Fed (la banque centrale américaine) a baissé son taux directeur à presque zéro afin de « soutenir l’économie ». Ces liquidités ont alimenté le marché immobilier, notamment grâce à un nouveau produit financier permettant de recycler ces crédits, les subprimes. Nous connaissons la suite.
La remontée des taux initiée mi-2004 est interrompue et le taux directeur de la Fed replonge en 2007-2008 pour faire face à la récession et au risque bancaire. Aujourd’hui, les conséquences de la crise ukrainienne vont empêcher la remontée des taux afin de faire un nouveau quoiqu’il en coûte, aussi irrationnel qu’exagéré, l’argent magique, la planche à billet vont donc fonctionner à plein régime par le biais du QE (quantitative easing). Toutes les sanctions contre la Russie et, en retour, l’interruption des approvisionnements venus de Russie, « auront un impact sur nos économies européennes », a reconnu vendredi le ministre de l’Economie Bruno Le Maire. A cela s’ajoute, selon Philippe Herlin, le coût exorbitant de la fameuse transition énergétique. Autrement dit, à l’inflation va s’ajouter la faible croissance et un risque bancaire lourd, lui-même porteur de menaces sur l’euro.
Alors que l’Amérique sort de la parenthèse covid, une véritable remontée des taux directeurs aux Etats-Unis est-elle envisageable ? Nous pouvons en douter : « Aujourd’hui, en 2022, l’économie américaine est nettement plus faible (déficit public, dette abyssale, baisse des salaires réels), et il est donc improbable, compte tenu de l’expérience malheureuse du passé, qu’une politique monétaire réellement restrictive soit mise en œuvre aux États-Unis ». La BCE suivra et ne prendra pas d’initiative, comme d’habitude. La remontée des taux sera donc très limitée. Par conséquent, l’inflation est là pour durer, en France particulièrement où la solution réside dans une réduction drastique des dépenses publiques, qui pour l’heure ne semble pas envisagée par les candidats à la présidentielle.