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La facture arrive

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Gaëtan de Capèle

Il est toujours hasardeux, en économie, de se risquer à l’art de la prévision. Souvenons-nous, c’était il y a quelques mois à peine : la crise sanitaire surmontée, on nous promettait que les choses rentreraient dans l’ordre sans tarder. La croissance reviendrait et la flambée des prix, alimentée par des goulots d’étranglement bientôt résorbés, s’estomperait rapidement. On pouvait rêver...

jusqu’à ce que surgisse le cygne noir de la guerre en Ukraine. Le scénario féerique d’une reprise sans accroc fait désormais place au spectre de la stagflation : un ralentissement de la croissance et un emballement de la machine inflationniste. Le pire n’est jamais certain, mais, aujourd’hui, tout le monde se trouve pris à la gorge. Les entreprises, qui voient leurs coûts exploser au rythme des prix de l’énergie et des matières premières. Les ménages, qui en subissent le contrecoup en faisant le plein de leur voiture ou en remplissant leur Caddie. Les revendications salariales se généralisent. Des mouvements sociaux commencent à poindre. Bienvenue en terra incognita. Confronté à cette situation à un mois d’une élection présidentielle placée sous le signe du pouvoir d’achat, le gouvernement fait ce qu’il sait faire de mieux : des chèques en bois. Près de 26 milliards d’euros pour alléger la seule facture énergétique, en attendant le « plan de résilience » et une revalorisation cet été des salaires des fonctionnaires. La France ne disposant d’aucune marge de manœuvre budgétaire, cette débauche d’argent public vient instantanément gonfler un endettement déjà hors de contrôle. À ceux qui s’inquiètent de l’inexorable dérive des comptes nationaux, on oppose une réponse désarmante : il suffira de récolter les fruits de la croissance pour boucher les trous. L’irruption de l’inflation et le ralentissement attendu de l’activité rendent ce calcul plus que douteux. La perspective d’une hausse des taux d’intérêt, déjà enclenchée aux États-Unis, assombrit encore l’avenir de ceux qui, comme nous, croulent sous les dettes. Après des années d’un argent magique dont nous n’avons rien fait, la facture arrive.

Source :Le Figaro 16/03/2022

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