Anne Le Pape
Tenant à donner à la presse « des nouvelles alternatives », autres que celles données par la plupart des médias européens, et étant donné la fermeture de Sputnik et RT France, M. Alexey Meshkov, ambassadeur de la Fédération de Russie en France, a tenu à donner une conférence de presse le mardi 15 mars dans sa résidence de la rue de Grenelle, devant une vingtaine de journalistes, principalement d’agences de presse (Reuters, AFP, Associated Press...), mais aussi de Présent.
L’ambassadeur a tout d’abord rappelé la date du début des hostilités, celle du 24 février... 2014, date du coup d’Etat armé à Kiev. Les habitants du Donbass y étant opposés ainsi que ceux de Lougansk se sont alors vus bombardés par les Ukrainiens – cette « guerre » ne suscitant aucune réaction de la part des Occidentaux. Les accords de Minsk prévoyaient la réintégration pacifique de ces régions dans l’Ukraine, avec un statut d’autonomie. Mais Kiev ayant préparé pour le mois de mars une opération militaire d’envergure contre ces deux Républiques, la Russie s’est vue obligée de réagir. Son but ? Démilitariser l’Ukraine en lui laissant un statut neutre et ne pas la voir transformée en bastion antirusse comme cela a été le cas ces derniers temps, les exercices conjugués de divers membres de l’Otan constituant une menace pour la Russie. Et la « dénazifier », avec l’interdiction de mouvements néo-nazis sur le territoire ukrainien et l’abolition des lois antirusses (comme l’interdiction de la langue russe).
Des questions
L’ambassadeur a répondu ensuite à de nombreuses questions, dont nous n’évoquerons que les principales.
Le départ du président ukrainien est-il une condition exigée par les Russes ? La réponse : « Il existe une différence cruciale entre nos partenaires occi- dentaux et nous : l’Otan et les Etats Unis, en Irak et en Syrie, avaient pour objectif principal un changement de régime. Ce n’est pas le cas des Russes. Aux Ukrainiens de fixer leur avenir. »
Au détour d’une réponse, M. Meshkov rappelle l’envoi récent d’un missile balistique (ce qui suppose un ordre venu de haut) sur un quartier résidentiel de Donetsk, ayant fait 20 morts, 30 blessés et détruit des infrastructures : pourquoi n’en parle-t-on pas ?
- Qu’en est-il d’une éventuelle aide économique et militaire chinoise ? « Fake news, qui témoigne des efforts énormes des USA pour impliquer le plus possible de pays dans les sanctions. »
- Les sanctions, justement ? « On constate une véritable “course” entre les pays occidentaux, à qui sévira le plus contre la Russie. Non seulement pour nous, mais pour vous, ces sanctions seront un coup très dur », prévient M. Meshkov.
- Si l’Ukraine rejoint l’Otan, que se passera-t-il ? « Une guerre entre la Russie et l’Otan, déclare-t- il. L’Otan est-elle prête à la mener ? »
- Quelle réaction avez-vous quand vous entendez votre président traité de dictateur ? « Moi qui suis né en Union soviétique et qui ai vécu l’avènement de la démocratie dans mon pays, je sais faire la différence entre une démocratie et une autocratie », précise-t-il.
Et Alexey Meshkov de conclure : « Quoi qu’il arrive, le peuple russe et le peuple français garderont toujours du respect l’un pour l’autre. Lorsque nos deux pays ont travaillé ensemble, nous avons constaté des progrès. Mais quand d’autres pays nous ont séparés, il n’en est rien sorti de bon, ni pour les uns ni pour les autres. Car certains pays veulent voir la Russie disparaître de la carte du monde, et nous le savons. »
Source Présent 17/3/2022