Se dirige-t-on vers la troisième guerre mondiale ? Si le scénario d’un conflit de grande ampleur entre l’Occident et la Russie paraît improbable, fantaisiste voire totalement absurde car potentiellement « apocalyptique », les deux camps se préparent à toutes les éventualités. Certains semblent d’ailleurs chercher le chaos.
Aucun scénario n’est à écarter, y compris le pire, le moins raisonnable. Jeudi, le secrétaire général de l’Otan Jens Stoltenberg a annoncé que l’alliance allait fournir à l’Ukraine les équipements de protection nécessaires contre d’éventuelles attaques chimiques, biologiques ou nucléaires. Au-delà de l’Ukraine, l’Otan prépare ses propres troupes pour de telles menaces dans les pays de son flanc oriental. Jens Stoltenberg a résumé la situation en déclarant que ces dispositions étaient prises « à la fois pour soutenir l’Ukraine et pour nous défendre ». Or une attaque envers un pays membre de l’Otan déclencherait l’intervention de ses alliés, y compris des Etats-Unis. L’Otan songe donc concrètement au pire.
L’Occident est-elle dans la provocation dangereuse ? C’est l’idée qu’ont les partisans de Vladimir Poutine mais aussi les « pacifistes », voyant notamment l’agitation permanente du président ukrainien Volodymyr Zelensky d’un mauvais œil. Ce dernier multiplie les appels à l’aide, y compris sur le plan militaire, ce qui de facto provoquerait une escalade potentiellement mondiale.
Comme indiqué dans le numéro de Présent de vendredi, Volodymyr Zelensky s’est adressé au Parlement français pour demander davantage de soutien. Il en a fait de même auprès des principales puissances occidentales, notamment les Etats-Unis, qui ont dans la foulée « entamé des consultations pour fournir des missiles antinavires à l’Ukraine ». 100 000 soldats américains sont actuellement en Europe dont 40 000 sur le flanc oriental. « Du jamais vu », concède Jens Stoltenberg. La Russie pourrait, à terme, considérer ce soutien « otano-américain » comme une participation au conflit et répondre en conséquence.
Jeudi, l’ambassadeur adjoint russe à l’ONU, Dmitry Polyanskiy, a d’ailleurs laissé entendre à la chaîne Sky News que tout était possible « si la Russie est provoquée, attaquée par l’OTAN ». L’homme a précisé que son pays est une puissance nucléaire et que « ce n’est pas la bonne chose à faire de menacer la Russie et d’essayer d’intervenir ». Rappelons tout de même que la Russie présentait début février les craintes occidentales d’une invasion de l’Ukraine comme mensongères et provocatrices alors même qu’elle finalisait cette attaque.
Quid de la Chine, à la position plutôt obscure depuis un mois ? Pour l’heure, l’Occident se contente de lui demander de ne pas soutenir la Russie. Les regards se tournent aussi vers la Corée du Nord, alliée de la Russie. Jeudi – journée décidément très chargée –, le pays communiste a tiré un missile balistique intercontinental qui est arrivé jusque dans la zone maritime économique exclusive du Japon, provoquant dès vendredi une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU. Enfin, notons que mercredi, la France avait testé avec succès la version modernisée de son missile nucléaire ASMPA (sans charge). Disons que « qui veut la paix prépare la guerre ».