En ce 20 avril, les médias concentrent leur attention sur le débat qui doit opposer, match retour de 2017, les deux derniers candidats restés en lice pour l'élection.
Les partisans de leurs 10 concurrents éliminés au soir du 10 avril en appellent déjà aux deux tours du prochain scrutin.
Le Mélenchon, arrivé troisième, pense légitime d'imposer sa loi son appareil et surtout sa personne à toute la gauche. Il préempte le ralliement des électeurs écolos et socialistes, au-delà des élus. Il gomme en particulier les réticences laïcistes pour imposer sa propre politique d'alliance avec les communautaristes de l'islam.
Il n'est certes pas acquis que cette ligne, celle de la prétendue "France insoumise" l'emporte sur les pesanteurs sociologiques et les traditions républicaines, si prisées dans les cercles maçonniques.
De son côté, Éric Zemmour appelle à la création d'une coalition des droites en vue des législatives, ajoutant notamment l'étiquette ambiguë de "patriotes" qui sous-entend le maintien de certaines faiblesses inhérentes à son brillant discours présidentialiste.
Bien que la cinquième république s'affaisse doucement mais sûrement, et bien que, de président en président, le résultat de l'élection du chef de l'État au suffrage universel direct se révèle inéluctablement de pire en pire, l'article 7 de la constitution révisée 1962 semble à certains un objet de dogme.
Une seule se révèle dès maintenant certaine : le troisième tour législatif ou le quatrième tour social et syndical viendront vite ; car le combat entre technocrates et populistes, se superposant à l'affrontement traditionnel entre gauche et droite, n'a aucune raison de ne pas continuer son développement.
En fait, si les jeux ne sont pas joués d'avance, on sait bien que l'État profond, incapable de se réformer, ne veut toujours pas de sa propre remise en cause. Or, le pourcentage de ceux qui le détestent ou le méprisent augmente régulièrement depuis 20 ans. Le jour viendra où les barrages craqueront. Comme le mot "tory" en Angleterre, et comme tant d'autres, ces deux désignations ont été inventées par les adversaires des intéressés.
Certes, tout le monde comprend les deux appellations qui vont se partager les suffrages dans quelques jours. Cependant il convient à certains égards d'y mettre des guillemets.
"Technocrate" fait beaucoup d'honneur à des gens qui ne maîtrisent ne fait aucune technique et aucune science sinon quelques grosses ficelles du non-droit administratif français. Un technocrate c'est quelqu'un qui connaît trois ou quatre chiffrages et pourcentages, et s'en gargarise.
"Populiste" tend à dévaloriser le discours de gens qui, au fond, ne font pas autre chose que de reprendre à leur compte les approximations de la pensée démocratique, abandonnées par les revendeurs monopolistes du produit "démocratie", conçue comme une marque déposée.
Pour l'heure, le vote sanction reste à l'ordre du jour. On hésite seulement entre ses diverses formes, de l'abstention au vote nul en passant par un bulletin que l'on nous prédit comme minoritaire par vocation. Le vote "barrage" a été imaginé une fois encore à gauche, mais il sent un peu trop le réchauffé ; à vrai dire, sorti de sa naphtaline, il pue toujours l'invention du mot d'ordre "antifasciste" lancé en 1935 par Dimitrov à la tête Komintern. Il vaut ce que valent additionnés les 3 candidats, réconciliés sur ce point du trotskisme et du stalinisme.
À très juste titre, François Turenne, dans la Lettre des Libertés, s'étonne de ce qui n'est pas dit autour de cette non-campagne du second tour, prolongeant en cela sa grande sœur du premier : "Pas un mot, non plus, sur ses discours, tous les jours, un peu plus démagogiques et sans queue ni tête qui laissent l’impression qu’Emmanuel Macron ne prend pas cette campagne au sérieux. L’agressivité semble avoir cependant changé de camp car il ne cesse d’attaquer son adversaire et les médias se précipitent pour répéter ses éléments de langage."
Qu'on me permette ici de partager d'avance cette conclusion provisoire.
JG Malliarakis