Le tintement des cloches, le chant du coq, le vrombissement des tracteurs, le meuglement des vaches qui vont à la traite… Tels sont les charmes de la vie de nos campagnes françaises qui résistent encore tant bien que mal à la mondialisation.
Mais les néo-ruraux (ceux qui habitaient dans les villes et sont venus chercher le calme de la campagne) ne l’entendent pas de cette oreille. Ils trouvent le moyen de se plaindre, au point même de lancer une pétition à Noyen-sur-Sarthe contre la mairie, rapporte Europe 1. L’objet de cette pétition ? C’est « par rapport au coq, aux animaux, aux odeurs », explique le maire Jean-Louis Cousin, décontenancé... À quand les pétitions de nos citadins par rapport à l’eau qui mouille ou au feu qui brûle ? Une telle déconnection de la réalité est pour le moins étonnante.
Les habitants de Noyen-sur-Sarthe ne se laissent pas avoir pour si peu. Ils ripostent avec les mêmes armes que les nouveaux venus des villes : sur le bureau du maire attendent d’être collées des dizaines d’affiches sur lesquelles on peut lire : « Le clocher rythme la vie du village » ou encore « Si vous appréciez tout ça, vous êtes les bienvenus. En cas d’allergie, bonne route ! »
Les citadins veulent vivre dans une campagne qui n’existe pas
Cela n’est pas sans rappeler le confinement, pendant lequel les « élites » urbaines (ou du moins ceux qui se considèrent comme tels) ont fui leur appartement trop petit pour rechercher l’espace d'une campagne qu’elles méprisent allègrement le reste du temps. Elles avaient trouvé le moyen de se plaindre du bruit. Cela peut aller très loin, d’ailleurs !
En mars 2022, Boulevard Voltaire évoquait le cas de Vincent Verschuere, cet agriculteur condamné par la cour d’appel d’Amiens à payer 102.000 euros de dommages et intérêts à des voisins, et à remédier dans un délai de trois mois « aux troubles anormaux du voisinage ». Il était condamné pour le bruit et l’odeur de ses vaches. Ces citadins veulent vivre dans une campagne qui n’existe pas : la campagne des vacances éternelles, sans les odeurs de fumier, sans les bruits « parasites »… Trop habitués au canapé et à Netflix, ils oublient que les habitants des campagnes travaillent ! Que les vaches constituent le salaire de certains et que les tracteurs sont leur outil indispensable. Sans ces agriculteurs, les rayons alimentaires du supermarché favori de nos citadins seront vides et nos paysages ne seront plus entretenus par leurs animaux et leur travail ! Alors, remercions les, d’autant plus qu’ils sont bien souvent payés une misère pour un acharnement exemplaire au labeur !
Matthieu Chevallier