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La preuve par (un oeil) neuf : le BTP.

Retour, aujourd’hui, sur notre jeu de mots pour dire que l’essentiel n’est plus dans l’illusion d’un militantisme voué à l’échec après que l’élection présidentielle des 10 et 24 avril 2024 nous ait rappelé que « L’ON NE SAURAIT FAIRE BOIRE UN ÂNE QUI N’A PAS SOIF » et qu’il est plutôt dans notre projet de démontrer combien est mortifère pour la France le nombre croissant d’idées reçues et autres poncifs médiatiques qui détruisent à petit feu son parcours historique exceptionnel comme son avenir qui pourrait encore être brillant.

En voici un nouvel exemple tout à fait caractéristique dans cette lubie des temps présents : la pénurie de main d’oeuvre est si catastrophique pour notre économie qu’elle exige, pour y remédier, d’ouvrir les portes de notre pays à davantage d’immigration ! Cette folie nuit, paradoxalement, autant aux jeunes français victimes immédiates de ce mensonge (au cours de leurs études puis au moment de trouver une voie professionnelle) qu’aux pays auxquels nos dirigeants (comme d’ailleurs beaucoup de nos entrepreneurs paresseux ou carrément véreux) imposent ainsi et en fausse bonne conscience un néo-colonialisme moderne.

Plombier, chauffagiste, électricien, couvreur… Le bâtiment peine certes à recruter. Pourtant, ces métiers mal aimés peuvent offrir de belles carrières de reconversion : c’est le pari de la nouvelle école Gustave, à Clichy, en région parisienne.

Ça fuse, ça crépite, ça scintille de tous les côtés. Une trentaine de reconvertis à la plomberie s’entraînent à la soudure sur des tubes en acier. « Ils sont tout de suite dans le concret et les étincelles, c’est la fête ! », se réjouit Marie Blaise, 28 ans, directrice et cofondatrice de la toute jeune école Gustave, dont la quatrième promotion a commencé sa formation en plomberie chauffage, façon « bootcamp » (camp d’entraînement – à la guerre comme à la guerre -) pendant trois mois intensifs, avant de partir pour douze mois d’alternance en entreprise.

Dans un univers comparable à celui des start-up, Gustave – un clin d’œil au grand bâtisseur Eiffel – cherche à rendre « sexy » une filière souvent dénigrée : celle du BTP. L’école, issue de l’économie sociale et solidaire, veut donner à tous, sans condition de diplôme, « la chance d’accéder à des jobs incroyables dans un secteur en croissance ».

Pôle emploi compte, en 2022, près de 235 000 offres destinées à des ouvriers de la construction et du bâtiment. Pour 75 % de ces postes, les employeurs vont rencontrer des difficultés à recruter. Les maçons, les plombiers chauffagistes, les électriciens, les couvreurs et les charpentiers représentent les cinq métiers les plus en tension de la branche. L’une de celle dans laquelle beaucoup trop d’industriels malhonnêtes prétendent qu’ils ne peuvent recruter que des migrants sans culture ni formation pour pouvoir mieux leur fournir des salaires de misère tout en participant ainsi sournoisement (regroupement familial aidant) au

« Grand Remplacement » de la population française !

« La question de l’attractivité est récurrente, on la traite depuis des années. On a toujours besoin de main-d’œuvre. Même en période de crise, il y a du travail. Dans la construction, c’est open bar », confirme un représentant de la Fédération française du bâtiment (FFB), qui regroupe les plus grosses entreprises comme Bouygues ou Eiffage, mais aussi des structures avec une poignée de salariés. Une campagne de sensibilisation, diffusée notamment sur TikTok et Instagram, tente d’attirer de nouveaux profils : « On imagine assez mal une vie sans bâtiment… mais on peut facilement imaginer une carrière dans le bâtiment »assure la voix off.

D’après l’Observatoire des métiers du BTP, 71 % des 320 000 personnes recrutées en 2020 n’avaient jamais travaillé auparavant dans le bâtiment ou les travaux publics, et 21 % avaient moins de 25 ans. « L’éternel défi, c’est de trouver du personnel qualifié, rentable, qui a un diplôme et de l’expérience professionnelle », fait valoir le représentant de la FFB interrogé.

ALORS, FORMEZ-LEZ, SACREBLEU !

D’où l’idée de susciter des vocations. A l’école Gustave, campée au premier étage d’un immeuble ultramoderne avec vue sur la Seine, le fracas des machines détonne derrière la façade aseptisée. « On voulait s’installer dans un bel endroit, pas au milieu d’une zone industrielle moche, détaille Marie Blaise. C’est aussi ça, redorer le blason des métiers du bâtiment. »

Se revendiquant de la « méthode Montessori », l’école Gustave propose d’apprendre par le geste et la pratique, privilégiant l’entraide et l’autonomie. « En CFA [Centre de formation d’apprentis], on vous donne un classeur qui ne change jamais, et on passe trois longues années à préparer les jeunes, s’agace l’un des formateurs au titre professionnel d’installateur thermique et sanitaire, délivré par le ministère du travail. Pour Gustave, je fais le pari de rendre chacun “prêt à l’emploi” en trois mois, avec toutes les bases de la plomberie : poser un ballon, changer un joint, répondre à une panne ou une vidange bouchée, etc. » Les apprenants seront réellement plombiers l’année suivante, grâce à leur expérience en entreprise. « C’est plus facile aussi parce qu’étant tous en reconversion, ils savent pourquoi ils sont là et ont envie d’apprendre vite », souligne le formateur.

Depuis l’ouverture de l’établissement, des profils très variés se sont déjà succédé : beaucoup de parcours cabossés, des personnes en intérim, mais aussi des ingénieurs, des livreurs, et même un ancien footballeur. La sélection se fait sur « la motivation et la personnalité » : qu’importe le diplôme, il s’agit d’être « curieux et courageux », affirme la directrice, et d’être capable de « faire entrer des ronds dans des carrés ». Pour 35 places par promotion, l’école reçoit en moyenne 300 candidatures. La formation est gratuite : Pôle emploi la finance, dans le cadre de la préparation opérationnelle à l’emploi individuelle. En attendant l’alternance, chacun peut conserver ses allocations-chômage les trois premiers mois.

Elle-même issue d’une famille du bâtiment – un père menuisier, un grand-père plâtrier, une sœur cheministe et un conjoint plombier – Marie Blaise a choisi de faire des études dans la finance avant de travailler dans la « tech ». « J’ai finalement eu envie de créer quelque chose de plus concret, résume la fondatrice de l’école. Je me suis rendu compte que c’était valorisé de dire “je bosse en marketing”, mais pas du tout “dans le bâtiment”, alors que ces métiers sont utiles, qu’il y a pénurie et qu’on peut très bien gagner sa vie. » A ses débuts, un plombier salarié commence autour de 1 800 euros net par mois, pour gagner jusqu’à 3 500 euros. « Et bien plus s’il se met à son compte »précise Marie Blaise.

A 40 ans, l’une des deux seules femmes de la promo, aurait aimé se lancer plus tôt. Elle se souvient combien il était « mal vu »de s’orienter vers des métiers manuels pendant ses années de collège. « C’était la menace : on nous disait qu’on allait finir en CAP si on n’avait pas de bonnes notes… Moi, je ne comprenais pas pourquoi je n’avais pas le choix : même mes parents étaient contre, alors que mon père, était tuyauteur ! »

Pour le sociologue Nicolas Jounin, auteur de Chantier interdit au public (La Découverte, 2009) une enquête sur les travailleurs du bâtiment, si le discours autour de la « pénurie de main-d’œuvre » persiste depuis un siècle et demi, « c’est parce que les entreprises du bâtiment esquivent les vrais sujets qui fâchent ». Celui qui a été embauché sur les chantiers pendant un an explique : « Les ouvriers du bâtiment sont eux-mêmes dévalorisés dans le monde du travail. Leurs rémunérations sont faibles, nombre d’emplois sont précaires et leurs conditions de travail souvent pénibles et dangereuses.  A l’école, les filières techniques sont donc perçues comme une voie de garage, la sanction d’un mauvais investissement scolaire. »

Alors, assénons à nos dirigeants politiques cette évidence :  » bande d’imbéciles ! « 

Pour « faire plaisir » à ses parents, la jeune femme a suivi des études de droit qu’elle a fini par abandonner. Après dix années dans la vente et la restauration, lassée par les horaires décalés, elle s’est lancée dans la gestion des ressources humaines. « En RH, on voit tout : des situations conflictuelles et des injustices qui finissent par nous atteindre. En plomberie, quand on fait une soudure, il faut que ce soit efficace, étanche… et personne ne va être lésé ! »

Cette quête de sens revient chez nombre de diplômés qui atterrissent sur le tard dans le bâtiment – faute d’y avoir été « autorisés » plus tôt. Le bleu de travail remplace le col blanc, les chaussures de sécurité détrônent enfin les mocassins. Pendant son master à l’école de management de Normandie, Martin Lelong, 32 ans, s’est spécialisé dans la logistique. Juste après ses études, il a été embauché dans une entreprise informatique, sur la partie gestion de bons de commande : « Ça m’allait parce que j’évoluais dans la hiérarchie, dit-il. Mais au bout de cinq ans, je ne voyais plus l’utilité de ce que je faisais. Le confinement m’a permis de me questionner. Et après six mois de retour au bureau, le mal-être est revenu encore plus fort. »

En plomberie, tous les « reconvertis » répètent se sentir désormais « utiles »« On rentre chez tout le monde, n’importe qui a besoin d’un professionnel, que ce soit pour l’évier de la cuisine ou la chaudière. Ça donne l’impression d’être un superhéros ! », lâche Martin. Voir le fruit de son travail et laisser une trace, c’est aussi « très satisfaisant » pour Géraud Libilbehety, 25 ans, qui a dû quitter son école de game design à Toulouse – le « rêve de [sa] vie » – à cause d’un problème aux yeux. Après quelques années d’errance et de petits boulots à McDo, dans les champs ou les supermarchés, il se dit « heureux » d’avoir trouvé sa voie, pourtant loin des écrans. En apprentissage jusqu’en septembre, il œuvre dans un hôtel 4 étoiles, place Vendôme, à Paris : « J’en ai fait des jobs à la con… Là, quand je monte une salle de bains, je vois direct le rendu. C’est hypervalorisant. »

Tous revendiquent un goût pour l’artisanat, la fierté de développer un savoir-faire précieux et universel qui jamais ne disparaîtraLA FRANCE, QUOI… Et tant pis pour la fatigue physique. Pour beaucoup, les quinze mois chez Gustave représentent néanmoins des sacrifices financiers. Mais il y a des récompenses. Ainsi pour Thibault Lemoine, 38 ans, diplômé de la Luxury Hotelschool Paris, passé par de multiples palaces et restaurants étoilés. Il cherchait un « métier plus écologique, écœuré par le gâchis dans la restauration ». « J’aime bien l’eau, en tant que matière. Devenir plombier c’est éviter des fuites, ralentir la pression de l’eau, faire de la rénovation et de l’innovation avec une démarche plus verte »défend-il.

Au-delà de l’aspect environnemental, certains veulent simplement prendre leur revanche, voire gagner en « liberté », terme qui revient comme un refrain. « Je me sens enfermée dans un bureau, j’aime vivre comme un oiseau, déclare une autre, tantôt préparatrice de plateaux-repas, agent de nettoyage, vendeuse sur des marchés. Je veux pouvoir faire ce que je veux, même si c’est un travail d’homme. » Selon l’Observatoire des métiers du BTP, seuls 12 % des salariés du BTP étaient des femmes en 2020, en incluant les fonctions administratives. Le projet de celle-ci après l’école : fonder son entreprise avec son mari, lui-même plombier !

« On nous a longtemps dénigrés et fichus dans une case… Pendant ce temps-là, on a augmenté nos prix, c’est comme un juste retour des choses »,observe le formateur qui affirme refuser tous les jours du boulot. Mais alors, pourquoi attendre ? Ce sont 100 voire 1 000 écoles de ce type qui doivent être créées. Qu’attend le gouvernement de leur République ?

Bravo, les gars. La France a besoin de vous et pas uniquement des esclaves importés, via la Méditerranée, par nos nouveaux négriers !

Le 2 mai 2022. Pour le CER, Jean-Yves Pons, CJA.

https://conseildansesperanceduroi.wordpress.com/2022/05/02/la-preuve-par-un-oeil-neuf-le-btp/

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