On sait maintenant ce que le président Macron veut dire quand il parle de « partis républicains de gouvernement ». Pour lui, il s’agit des partis qui ont été désavoués par leurs électeurs.
Le mépris de Macron
Cela inclut donc sa propre formation et ses alliés, les vaincus du PS et ceux des LR avec peut-être au passage quelques communistes qui ne peuvent pas avoir de groupe parlementaire et quelques écologistes pour faire joli. Sont donc exclus les deux partis qui ont remporté les élections en progressant en nombre de suffrages et d’élus.
Pas d’insoumis, pas de RN.
Macron, si pointilleux sur le résultat de la présidentielle qui donne la légitimité suprême, préfère donc Hidalgo, moins de 2 %, et Pécresse, moins de 5 %, plutôt que Le Pen et Mélenchon, à plus de 40. On ne peut être plus clair sur la volonté de ne pas tenir compte du vote des Français.
C’est donc Élisabeth Borne reconduite dans la durée avec une mission d’élargissement de la majorité qui va devoir rallier les défaits aux vaincus. Elle n’aura sans doute pas de mal à trouver quelques républicains prêts à sauver la France pour une petite voiture avec chauffeur et fanion. Copé est candidat, Estrosi et Muselier aussi, il y en aura d’autres. Il y aura Ménard qui a entamé depuis quelques mois un « en marche » vers En Marche assez spectaculaire au niveau des renoncements multiples au vote de ses propres électeurs.
À gauche, ce sera plus difficile. Car il y a la peur de Mélenchon. Le communiste y serait bien allé, mais il hésite. Les écolos, eux, n’ont peur de rien, même plus de la réouverture des centrales à charbon ; donc, faute de sauver la planète, ils pourraient contribuer à sauver la minorité présidentielle.
Hystérie sociétale
Quant à Renaissance, elle a trouvé un moyen d’être majoritaire. Faire entrer dans la Constitution le droit à l’avortement. La formation macroniste a surfé sur l’hystérique indignation médiatique après l’interdiction aux USA de l’avortement au niveau fédéral, donnant la liberté de légiférer sur le sujet à chaque État fédéré. Le problème en France ne se pose pas et la Constitution n’est pas faite pour ça. L’initiative a peu de chance d’aller au bout et ça ne changerait rien. Mais peu importe, cela montre qu’il y a une majorité en France, c’est la majorité sociétale. Elle peut aller parfois presque à l’unanimité avec le RN. Le plus souvent cependant, c’est une majorité qui va de Macron à Mélenchon. Dans un contexte de crise politique, et peut-être sociale, le gouvernement va être tenté de détourner l’attention sur tout ce qui touche à la vie privée et sexuelle des Français. C’est un vrai danger pour ceux qui sont défavorables à un endoctrinement Netflix de la jeunesse et à la discrimination de ceux qui ne sont pas soumis aux minorités.
La tentation de Macron va être grande de faire du sociétal plutôt que du social et du politique. Il lui faudra cependant passer le cap du nouveau gouvernement et du vote de confiance ou plutôt du rejet d’une motion de censure. Comme les insoumis et consorts ne veulent pas du vote RN, Élisabeth Borne a peu de soucis à se faire. Son nouveau gouvernement pourra prendre la mer, avec cependant dès le départ un côté canots de sauvetage du Titanic. Le radeau des désavoués aura du mal dès le premier récif.