Le gouvernement a donc opéré un remaniement. Ou plutôt quelques ajustements. Outre quelques informations comme l’éjection de Damien Abad et le grand retour de Marlène Schiappa, il faut noter la nomination d’Olivier Véran au poste de ministre délégué chargé du Renouveau démocratique et porte-parole du gouvernement. Un changement notable pour l’ancien ministre de la Santé devenu, entre mai et juillet 2022, ministre délégué chargé des Relations avec le Parlement au sein du gouvernement d’Élisabeth Borne.
L’ancien ministre de la Santé, figure liée par l’opinion à la gestion politique du Covid-19, sera donc la voix et le visage du gouvernement Borne jusqu’au prochain remaniement. Au vu de la communication hasardeuse, pour ne pas dire contre-productive, du gouvernement lors des différents épisode épidémiques, on pourrait penser que ce choix n’est pas judicieux. Pour trouver un début d’explication, il faut sans doute revenir aux débuts d’Olivier Véran à la Santé. Avec l’imbroglio et le scandale autour du départ d’Agnès Buzyn, la figure d’Olivier Véran est apparue comme apaisante. Faisant la tournée des plateaux, le ministre médecin avait fait usage de pédagogie et de clarté et avait contribué, au début, à rassurer l’opinion par ses conférences de presse quotidiennes sur l’avancée de l’épidémie. Mais le médecin laissa vite la place au politique au même rythme qui voyait la politique sanitaire devenir une politique électorale.
S’il n’a pas été seul aux commandes, Olivier Véran incarne la faillite de la crise du Covid, la suspension des soignants non vaccinés et la mise en place d’une politique des plus répressives avec le vote du passe sanitaire et du passe vaccinal. Si le porte-parole du gouvernement est surtout en lien avec les journalistes davantage qu’avec le grand public, c’est un signe de continuité que marque Emmanuel Macron en remettant en avant l’une des figures du quinquennat précédent. Une nomination dans la lignée de ce faux remaniement mais véritable ajustement. En nommant un gouvernement recyclé, Macron a démontré qu’il se laissait du temps pour dompter l’Assemblée nationale. Aveu d’échec de constitution d’une forme de gouvernement de coalition ou volonté politique de laisser la situation se dégrader ? Avec Véran en porte-parole, on imagine le pire.
En tout cas, les réseaux sociaux ont salué à leur manière cette nomination : « Véran est le nouveau porte-mensonge du gouvernement » dénonce l’un. « La nomination de Véran confirme la stratégie du mensonge et de confusion permanente du gouvernement ! » affirme un autre. En tout cas, cela n’a pas ému le concerné puisque, lors de sa brève allocution qui le voit succéder à Olivia Grégoire, mise en difficulté par l’épisode tragique du Stade de France, il a affirmé qu’il sera « résolument ce relais d’une information fiable, accessible, au service de la démocratie ». On y croirait presque s’il n’avait pas raconté tout et son contraire pendant deux longues années !
Marc Eynaud
Tribune reprise de Boulevard Voltaire