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Des sanctions contre Moscou ou contre nous ?

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Par Camille Galic, journaliste et essayiste ♦ Exigées par Volodymyr Zelensky et imposées par Bruxelles, les sanctions contre la Russie se révèlent catastrophiques pour les économies européennes et surtout la nôtre. Les hommes politiques qui les ont appliquées pourraient le payer cher car un réveil des Gilets jaunes ou de mouvements similaires ne peut être exclu.

 Le 1er juin déjà, Marine Le Pen avait mis en garde contre la paupérisation des Français suite aux six paquets de sanctions contre la Russie décidés par Bruxelles. Perseverare diabolicum, elle a récidivé dans sa conférence de presse du 2 août, en souhaitant que ces sanctions« disparaissent pour éviter à l’Europe de se retrouver face à un black-out, notamment concernant les importations de gaz », car elles « ne servent strictement à rien, si ce n’est à faire souffrir les peuples européens et, accessoirement, le peuple français ». Et la présidente du groupe RN à l’Assemblée nationale de marteler : « Il faut être vraiment de mauvaise foi pour ne pas constater que, contrairement aux rodomontades de notre gouvernement, l’économie russe n’est pas à genoux et n’est pas en cessation de paiement… Nous sommes beaucoup plus victimes de ces sanctions que ne l’est la Russie qui a trouvé d’autres clients et qui contourne les différents embargos. »

Vers un hiver de précarité énergétique

Ce constat a bien entendu déchaîné l’ire de la Mediaklarura et du gouvernement qui, accusé d’« inertie », a riposté par la voix du ministre de la Transition énergétique. Agnès Pannier-Runacher a donc déclaré sur CNews le lendemain :« Nous sommes aujourd’hui à 80% de remplissage de nos stocks de gaz stratégiques, nous sommes en avance par rapport à notre objectif et cela veut dire que nous remplirons à 100% nos stockages avant le 1er novembre, ce qui était notre objectif ».

Tant mieux, mais ces réserves stratégiques ne représentent qu’environ 25% de la consommation annuelle de la France. Que se passera-t-il si l’hiver est aussi glacial que l’été est caniculaire ? Et à quel taux nous approvisionnerons-nous, même si le chef de l’État courtise éhontément tous les fournisseurs potentiels, du castriste vénézuélien Maduro au prince héritier saoudien Mohamed ben Salman (reçu le 28 juillet à l’Élysée avec tous les honneurs), tous deux voués hier encore aux gémonies pour leur mépris des droits de l’homme ? Citée par le site économique de La Tribune, l’Agence internationale de l’énergie avertit d’ailleurs « que ces efforts ne suffiront pas à compenser la perte du gaz russe et que le Vieux continent s’apprête à connaitre un hiver de précarité énergétique ».

Encore Marine Le Pen n’avait-elle abordé le 2 août que la question des hydrocarbures, mais c’est en bien d’autres domaines que se retournent contre nous les sanctions prises contre Moscou sur l’injonction de l’Ukrainien Zelenski qui, le 23 mars dernier, enjoignait à un gouvernement et à un Parlement français soumis comme des agneaux de cesser toute relation commerciale avec Moscou : « Les entreprises françaises, éructait-il, doivent quitter le marché russe. Renault, Auchan, Leroy Merlin et autres, ils doivent cesser d’être les sponsors de la machine de guerre de la Russie. Ils doivent arrêter de financer le meurtre d’enfants et de femmes, le viol. Tout le monde doit se rappeler que les valeurs valent plus que les bénéfices. »

Retraite de Russie pour la Générale et Renault

Résultat, le jour même où s’exprimait le député du Nord, la Société Générale, qui avait obéi à l’oukase du président ukrainien, annonçait 1,5 milliard d’euros de pertes au deuxième trimestre, conséquence de la cession en mai, pour un prix symbolique, de sa filiale russe Rosbank au fonds d’investissement russe Interros fondé par l’oligarque Vladimir Potanine, proche de… Vladimir Poutine ! Lequel a donc fait en l’occurrence une excellente affaire.

Et nul n’a oublié la déconfiture simultanée de Renault contrainte par l’État français, lui-même harcelé par la Commission européenne, de vendre pour un rouble symbolique sa filiale AvtoVAZ, (qui produit les très populaires Lada) à Nami, institut public de recherche russe consacré à l’automobile, et à la ville de Moscou sa filiale Renault Russie.

« Retraite de Russie pour Renault. Le constructeur français va quitter le pays des tsars dans des conditions à peine meilleures que Napoléon il y deux siècles », commentait le 16 mai La Tribune qui parlait d’une « nationalisation qui ne dit pas son nom » et rappelait que la firme au losange avait fait beaucoup d’efforts, et dépensé 5 milliards d’euros pour remettre sur pied AvtoVAZ (les anciennes usines Togliatti, du nom du leader communiste italien qui y avait implanté Fiat) et surtout « mettre aux standards internationaux cette entreprise russe au fonctionnement bureaucratique ». Des efforts fructueux puisque, vendant chaque année 500 000 Lada en Russie, l’ex-Régie y réalisait 10 % de son chiffre d’affaires (4,6 milliards d’euros sur 46 milliards) et 12 % de sa marge opérationnelle.

« Dans la mesure où le groupe gagne surtout de l’argent avec sa banque captive, RCI, les activités au pays de Poutine représentaient même plus de la moitié du résultat opérationnel de sa division automobile. Les conséquences de ce retrait ne vont donc pas tarder à se faire sentir », redoutait donc La Tribune le 21 mai. Une préoccupation fondée : quelques jours plus tard, le directoire de Renault prévenait ses actionnaires et l’État français (qui détient 15% de son capital) qu’en raison de sa renonciation au si fructueux marché russe, il était « contraint de revoir ses perspectives financières pour l’année 2022 , avec désormais une marge opérationnelle de l’ordre de 3 % »contre 4 % ou plus précédemment.

Mais quoi, c’était ça ou un risque de naufrage sur le plan international en application de la menace brandie par le chef de la diplomatie ukrainienne, Dmytro Kouleba, qui avait appelé sur Twitter à un « boycott mondial de Renault » stigmatisée comme « sponsor de la guerre de Poutine », rien que ça. N’empêche que cette affaire tombe bien mal pour la firme française alors qu’elle dépense beaucoup en recherches sur la production de voitures électriques, seule norme que tolérera l’Union européenne dès 2035.

Une Union délétère sur le plan civilisationnel et dont le rôle dans la destruction économique de nos nations se révèle chaque jour plus funeste. Au bénéfice de qui ?

Camille Galic 04/08/2022

https://www.polemia.com/des-sanctions-contre-moscou-ou-contre-nous/

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