L’État macronien en toutes circonstances reste fort vis-à-vis des faibles et faible face aux forts. En oubliant le plus vite possible que la responsabilité de la situation lui incombe pour une très large part. Macron, qui ne sait pas très bien contre qui ou quoi il est en guerre, aurait dû se limiter à un seul conseil avant d’aller montrer ses muscles chez Vladimir Poutine : « Quand les types de 150 kg parlent à ceux de 60 kg, les types de 60 kg les écoutent », disait le merveilleux scénariste français (si français !) Michel Audiard (Les Tontons flingueurs). On ne saurait mieux dire...
La population russe (144 millions d’habitants contre 67 millions en France), la surface du pays (26 fois la France) et surtout ses insondables réserves en hydrocarbures invitaient à la plus grande prudence. « Gouverner, c’est prévoir », dit l’adage. Un chef d’État est un joueur d’échecs. Prévoir les réponses de l’adversaire fait partie du jeu, pour un chef d’État comme pour un patron d’entreprise. Or, aux échecs, les russes ne sont pas les plus mauvais. Macron et von der Leyen l’ont oublié dans cette période tendue.
Appuyé sur un pouvoir qui n’est certes pas le plus démocratique du monde, Poutine a le temps pour lui. En Russe accompli, les échecs, il connaît. Depuis le début de sa carrière au KGB, cet homme pousse ses pions avec méthode, cache son jeu, rassure à bon escient et attaque quand on ne l’attend pas. Un cerveau de ce type provoque la chance. Et la chance de Poutine, c’est l’Europe, faible, forte en gueule et manipulée. La chance de Poutine, c’est aussi Macron. Les deux hommes sont aux antipodes dans la manière d’exercer le pouvoir.
Poutine frappe par sa vision à long terme de la politique et de la puissance russes, par cette revanche à prendre sur l’histoire de la décomposition de l’empire après la chute de l’URSS. Face à ce stratège habité par une mission (qu'on loue ou dénonce sa politique), Macron reste un opportuniste, un homme de l’instant. Il a profité du trou d’air de la gauche après cinq ans de présidence Hollande pour se saisir du pouvoir. Il a géré au jour le jour la crise du Covid sans crainte de se contredire ni d’endetter la France pour des décennies. Pour sortir de l’impasse financière, il s’est appuyé sur un nouvel endettement, au niveau européen cette fois, qui nous attache à l'Europe. Enfin, ce court-termiste prêt à se caler sur toutes les puissances (Europe, États-Unis, OTAN…), sauf sur l’intérêt des Français, s’est aligné du jour au lendemain sans la moindre réserve sur la position de von der Leyen, sans mesurer les effets de son choix. C’est la faiblesse intrinsèque du gouvernant mondialiste : il est condamné à jouer les caniches nains suiveurs.
Le résultat est là. L’Europe devait étouffer la Russie sous les sanctions ? Poutine croule sous le cash et continue d’avancer ses pions, jouant avec les nerfs des Européens comme un chat avec une pelote de laine. Les États-Unis aussi se sortent très bien financièrement de la situation. Quant à l’Europe ? On allait se passer de ce fichu gaz russe et laisser notre fournisseur sur le carreau. Finalement, c’est lui qui décide de fermer le robinet, laissant les Européens déconcertés, Français en tête. Le général Poutine garde l’initiative. Reste à Macron la réaction tardive, l’impuissance et l’appel de son peuple à la souffrance et à la pauvreté. Après avoir bombé le torse dans ce conflit, le Président français prépare son peuple à un hiver particulièrement rude à tous égards. L'homme qui part en guerre n’a rien vu venir. Aux innocents les mains vides.
Marc Baudriller
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