La bataille de Kharkov vue par M.K. Bhadrakumar
(les titres intermédiaires sont de nous)
Le renseignement américain en appui à l’armée ukrainienne
Le New York Times a révélé que les États-Unis ont partagé des renseignements essentiels avec l’armée ukrainienne et ont participé à la préparation de la “contre-offensive” actuelle de cette dernière près de Kharkov. (…)
Il y a deux façons d’envisager la montée en puissance de l’armée ukrainienne : soit Kiev a infligé une lourde défaite aux Russes et les a contraints à battre en retraite, soit les services de renseignement américains ont finalement eu vent de la discrète réduction de la ligne de front russe à Kharkov, qui s’est produite ces dernières semaines dans le cadre d’un redéploiement plus large des formations militaires, et ont partagé ces informations avec Kiev, qui a bien sûr réagi avec enthousiasme.
Le rapport du New York Times confirme effectivement cette dernière lecture de la situation, qui n’a fait l’objet que de rumeurs et de chuchotements jusqu’à présent.
Il n’y a pratiquement pas eu de combats
En effet, il n’y a pratiquement pas eu de combats à proprement parler dans la région de Kharkov au cours de cette poussée ukrainienne, et l’objectif des Russes était, sans surprise, de retirer les forces résiduelles de la ligne de front sous le couvert de tirs d’artillerie lourde. L’opération russe a permis de ne pas faire de victimes importantes. La nouvelle ligne de front qui s’est progressivement constituée au cours des dernières semaines (ou des derniers mois) le long de la rivière Oskol s’est cristallisée.
Le retrait de la direction Balakleysko-Izyum est dû au fait que le commandement militaire russe a estimé que le maintien d’une telle ligne de front ne servirait à rien. En mars, lorsque les forces russes ont pris le contrôle d’Izyum, l’hypothèse était que cela aiderait à monter une opération du nord vers la ville de Sloviansk dans le district de Kramatorsk de la région de Donetsk. Mais comme il s’est avéré au cours des 4 derniers mois, les Russes ont apparemment abandonné cette idée.
Ne vous méprenez pas, la bataille pour le Donbass reste toujours la priorité numéro un de l’opération militaire spéciale russe. Le redéploiement à partir de la direction Balakleysko-Izyum va maintenant renforcer de manière significative l’offensive dans le Donbass au lieu de l’affaiblir, comme le spéculent certains journalistes occidentaux. La confusion provient de l’ancienne légende selon laquelle Izium était la “porte” du Donbass et de la mer Noire. Or, aujourd’hui, avec les moyens de communication modernes, les lignes d’approvisionnement russes vers le Donbass peuvent être maintenues même sans cette “porte” du nord.