Une majorité désunie
Mais à vouloir aller trop vite, Emmanuel Macron risque de se brûler les ailes. Car le projet frise l'unanimité... contre lui ! Même les parlementaires macronistes ne semblent pas tous d’accord sur la méthode que voudrait employer le gouvernement. Lors du traditionnel petit déjeuner de la majorité à Matignon qui a eu lieu mardi 13 septembre, Élisabeth Borne a pu constater les désaccords entre les élus de son bord. Si la chef de file des députés macronistes, Aurore Bergé, se dit favorable à cette réforme emblématique, ce n'est pas le cas de tous ses collègues. Parmi eux, Laurent Marcangeli, président du groupe Horizons, souhaite un « dialogue avec les Français ». La présidente de l’Assemblée, Yaël Braun-Pivet, ne serait pas très enthousiaste. Enfin, François Bayrou a mis en garde le Président dans un entretien au Parisien. « Je suis opposé au passage en force, a-t-il tranché. Si on se lance dans cette voie-là, alors nous sommes certains de coaliser d’abord les oppositions entre elles, puis de diviser la société française. »
L’opposition vent debout
Dès que l’opposition a eu écho des volontés d’Emmanuel Macron, elle est elle aussi montée au créneau. À commencer par Marine Le Pen qui a déclaré, dans une interview à Ouest-France : « Nous [le groupe RN à l’Assemblée nationale] nous y opposerons de toutes nos forces. Je crois savoir que la gauche s’y opposera également, enfin, peut-être, je l’espère, je le souhaite. » Le Rassemblement national ne compte pas lâcher sa place de premier groupe d’opposition. À gauche, Fabien Roussel pense que la réforme des retraites « mettra le feu au pays ». La NUPES s'y emploiera...
Restent Les Républicains, qui doivent affirmer leurs convictions sans pour autant passer pour des soutiens du Président. Ils risquent de servir de force d'appoint, perdant ainsi leur statut d'opposant aux yeux de l'opinion publique. Dans le programme présidentiel de Valérie Pécresse figurait l’allongement de l’âge du départ à la retraite à 65 ans. Difficile, du coup, pour le parti de s’opposer frontalement à cette réforme. « La droite que nous voulons ne doit pas être une droite qui s’excuse, qui change au gré de la météorologie, estime le candidat à la présidence des LR Bruno Retailleau lors des journées parlementaires des Républicains à Biarritz. Je pense que c’est essentiel qu’il y ait une réforme des retraites. »
En attendant, dans un contexte d’inflation et de tensions sociales — les partis de gauche ont appelé à une manifestation le 16 octobre « contre la vie chère et l'inaction climatique » —, la réforme des retraites risque d’être la goutte d’eau qui fait déborder le vase du calme social. La réforme des retraites servira ainsi de vrai crash-test pour le gouvernement mais aussi pour le Rassemblement national, très attendu sur ce dossier. L'occasion, pour le RN, de démontrer, encore une fois, sa maîtrise des dossiers complexes, majeurs pour la vie quotidienne de beaucoup de Français.
Kevin Tanguy
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