« La Sorbonne n’a de bonne réputation que le nom », déplorent les trois étudiantes d’emblée. L’organisation, notamment, laisse à désirer. Prévue le 19 septembre dernier, la rentrée a été décalée… in extremis. Deux étudiants sur trois ont été prévenus le 2 septembre qu’elle aurait finalement lieu le 1er octobre pour cause de déménagement. Ce déménagement express modifie en réalité le déroulé de l’année : le semestre commençant en retard, la fac est contrainte de retirer une semaine de vacances en janvier pour insérer dans le calendrier les partiels de fin de semestre.
L’état des bâtiments est à l’avenant… Et pourtant, pas moins de 140 millions d’euros ont été engloutis dans la rénovation du campus en huit ans, depuis 2014, pour qu’ils soient utilisables.
À ce prix, les toilettes pourraient être décorées à la feuille d’or. Une partie du campus est bien moderne et équipée, mais des salles restent… introuvables. Il manque de nombreuses salles de cours.
Pire : « les deux amphis de 500 places ne sont pas aux normes et ils sont donc inutilisables ! », constate Marie. Autre défi : les élèves ont besoin d’un bac +8 en orientation pour trouver leur salle de cours. Dans les couloirs, professeurs et élèves ironisent sur l’architecte star Christian de Portzamparc qui se serait « fait un délire », racontent Emma et Jeanne. Les nouveaux locaux comptent cinq étages, mais on accède seulement jusqu’au 3e étage. Il faut faire le tour par le bâtiment voisin pour assister aux cours.
Ce qui n’est pas sans risque. Les jeunes universitaire devront-ils s’équiper de harnais et de casque de chantier au risque de se prendre une poutre sur la tête ou bien de voir une passerelle s’écrouler ? Dans un mail aux étudiants daté du 23 septembre à 18 h 11, le président de la Sorbonne Nouvelle, Jamil Jean-Marc Dakhlia, mentionne lui-même les désagréments des habitants de l’université. « Le lundi 12 septembre dans l'amphi BR03 du campus Nation, lors d'une réunion d'accueil, un élément de corniche en bois de 1,30 m de longueur, situé au fond de l'amphi, s'est détaché et est tombé en frôlant dans sa chute une étudiante, constate-t-il. Un élément de faux plafond métallique ajouré est tombé mercredi dernier 23 septembre dans un bureau de la bibliothèque de la Sorbonne Nouvelle. »
Ces nouveaux bâtiments sont apparemment insuffisants
Ce n’est pas tout. Faute de salles, la Sorbonne Nouvelle en a loué cinq à la Défense et deux à la Cité universitaire pour un coût au semestre de 500.000 €. Pourtant, un cours sur trois est dispensé en distanciel, par des professeurs très peu présents sur place. Lors de ces cours dispensés en ligne, aucune interaction ou aucune question des étudiants ne peut être posée au professeur. Des syndicats étudiants rappellent depuis longtemps que les salles deviennent petites car le nombre d’étudiants augmente. Mais l’Éducation nationale fait visiblement la sourde oreille.
Le terme de ce parcours du combattant ne paraît pas plus assuré. « Je voulais prendre l’option UE journalisme, on m’a dit qu’elle n’existait plus, témoigne Marie. Je me suis tourné vers une formation marketing, ils l’ont supprimée. » Certains étudiants sont contraints de suivre une formation en parallèle à l’extérieur pour suivre le cursus qu’ils souhaitent. Des élèves de la Sorbonne se retrouveront-ils diplômés de marketing alors qu’ils souhaitaient enseigner l’histoire ? Encore une illustration du désastre de l’enseignement supérieur en France, plus prompt à plonger dans les délires wokistes qu’à améliorer son organisation et son efficacité.