Elles aussi ont été là au mauvais moment, au mauvais endroit : les dizaines de victimes du massacre perpétré le 14 juillet 2016 sur la promenade des Anglais à Nice par un islamiste tunisien. Depuis cinq semaines, le procès de cet attentat se tient à Paris. Certains témoignages rapportés par la presse glacent le sang. Libération, le 20 octobre, publiait ainsi un article intitulé « Cinq semaines dans le charnier de la promenade des Anglais ». C’était à Nice, baie des Anges. Pas à Kaboul ou Bagdad. Extraits. « De ce cauchemar éveillé, beaucoup ont gardé une image tout droit venue de l’enfer : des charognards qui, sur les cadavres encore chauds, ont fouillé les poches, pillé les sacs. » La France du vivre ensemble. « D’autres filmant l’agonie en direct sur leurs smartphones. » La France de la fraternité, cette belle valeur gravée sur les frontons des mairies et enseignée dans nos écoles de la République. « Sophie reste hantée par les sourires glaçants de gamins réjouis par ce spectacle de désolation. "Ils étaient morts de rire" », rapporte le quotidien que l’on ne peut soupçonner de vouloir faire le jeu de l’extrême droite. Et Sophie de répéter ce qu’elle a entendu, durant ce cauchemar pourtant bien réel, dans la bouche de ces gamins : « Alors, ça y est, tu vois de quoi on est capables ? »
Libération se garde bien de se poser la question : mais au fait, c’est qui, « on », ces « on » qui se seraient donc sentis solidaires de ce crime effroyable au point de s’en réjouir ? On, pardon, nous aimerions pourtant savoir. Ou tout du moins que des hypothèses soient émises. Si cela est vrai, et il n’y a aucune raison de mettre en doute la véracité de ces faits rapportés par cette malheureuse Sophie (Libé n’osera sans doute pas mettre en branle son dispositif CheckNews !), il y a de sérieuses questions à se poser. Car ce court témoignage en dit sans doute plus long que toutes les analyses sociologiques que l’État pourra commander afin de se convaincre que la République et ses fameuses valeurs sont le meilleur rempart contre la barbarie.
Comment, du reste, ne pas se demander si le sourire de ces gamins ne préfigure pas celui d’hommes de vingt ou trente ans qui, dans cinq, dix ans, commettront à leur tour un attentat sur notre sol… sur leur sol, puisqu'ils sont chez eux ? J’avais jusqu’alors de la compassion pour ces gamins, enfants de djihadistes, qu’il faudrait rapatrier, que l’on rapatrie de Syrie. Je ne sais pas pourquoi, mais la lecture de ces quelques lignes de Libé me « posent question ».
Georges Michel
https://www.bvoltaire.fr/attentat-islamiste-de-nice-des-gamins-se-rejouissaient-du-carnage/