Giorgia Meloni, depuis son élection et même pendant sa campagne, ne cesse de réclamer une solution européenne pour la nouvelle crise migratoire qui vient. Comme nous l’écrivions dans ces colonnes, l’Union Européenne agit sur ce sujet avec une excessive lenteur. Antonio Tajani, ministre des Affaires étrangères, est en déplacement ces jours-ci à Bruxelles pour tenter de rompre cet immobilisme, il a même pour cela reçu une forme de soutien de Max Weber, président du PPE – dont le parti d’Antonio Tajani, Forza Italia, fait partie : « L’Italie a été laissée seule », vient-il de déclarer.
En attendant, le ministre de l’Intérieur italien Matteo Piantedosi veut mettre en place et surtout renforcer les accords bilatéraux avec les pays d’origine et de transit sur le continent africain pour gérer les flux migratoires, notamment avec la Tunisie, le Maroc, le Niger et le Nigeria, rapporte le Corriere della Sera. Accords bilatéraux qui comporteraient également un volet financier pour lequel l’Italie demande une collaboration européenne.
Il entend également s’armer juridiquement contre les navires privés des ONG qui violent régulièrement les eaux territoriales italiennes et qui maintiennent une forme de chantage humanitaire.
L’idée est que les ONG qui demandent d’accoster en Italie doivent fournir la preuve qu’ils ont réellement secouru des naufragés : effectivement, aucun pays ne remet en cause le principe du sauvetage de naufragés. Les ONG devraient souscrire à un code de conduite établi en ce sens par le gouvernement italien, qui prévoit que les bateaux effectuant une opération de sauvetage devront avertir les autorités portuaires les plus proches. Les ONG qui ne respecteraient pas ce code auquel ils auraient obligatoirement souscrit se verraient refuser l’entrée dans les eaux territoriales italiennes.
C’est, en effet, bien différent de se poster au large des côtes libyennes, après un appel des passeurs et autres trafiquants, pour récupérer les migrants et les amener au port sûr non pas le plus proche – ce serait Tunis, ou Malte – mais en Italie. Rappelons, d’ailleurs, qu’au port de Sfax- en Tunisie - se trouvent des bureaux du HCR habilités à recevoir les demandes d’asile.
Les bateaux et, donc, les ONG qui braveraient cette règle et l’interdiction des autorités italiennes d’accoster subiraient des sanctions administratives (amendes) pouvant aller jusqu’à la séquestration du bâtiment.
Lors de la réunion des ministres de l’Intérieur de l’Union européenne qui se tiendra fin novembre ou début décembre, Matteo Piantedosi, ancien chef de cabinet de Matteo Salvini, compte bien mettre l’UE face à ses responsabilités ou, en tout cas, remettre le dossier migratoire sur la table des urgences à traiter, malgré les réelles réticences des pays membres. Qui a, en effet, envie de voir resurgir, de façon ouverte et tonitruante, la question migratoire dans le débat interne à chaque pays ? En France, le référendum sur l’immigration n’a jamais eu lieu…
La crise migratoire qui se profile, couplée à la crise économique et sociale, et avec le précédent de la crise de 2015, sera-t-elle le signe annonciateur ou même le déclencheur de la fin de l’Union européenne ?
Marie d'Armagnac