Des descendants d’immigrés patriotes
Herschel Walker, Priti Patel et Suella Braverman. Leurs noms vous sont peut-être inconnus mais tous partagent un point commun : être descendants d’immigrés (ou « racisés », pour reprendre la terminologie de Mediapart) et prôner une politique migratoire ferme. Herschel Walker, Afro-Américain, ancien sportif de haut niveau, a soutenu les candidatures de Donald Trump avant de tenter sa chance en Géorgie sous les couleurs des républicains. Priti Patel, femme politique conservatrice britannique née dans une famille d’immigrés indiens, a notamment signé le plan de renvoi des demandeurs d’asile au Rwanda. Une politique poursuivie par son successeur, Suella Braverman, ministre de l’Intérieur outre-Manche, également issue d’une famille d’origine indienne. Malgré leur ascendance immigrée, tous ont marqué, à plusieurs reprises, leur opposition à une immigration de masse. Un comble pour le journaliste de Mediapart qui ne conçoit pas « l’adhésion de personnes racisées » à des politiques dites de droite. Selon Joseph Confavreux, ces trajectoires, qui relèvent « du mercenariat, [d’] un syndrome de Stockholm ou [d’] une dérive personnelle », sont une « contradiction » certes de moins en moins inédite mais incompréhensible. Loin de se réjouir que de telles personnalités aient rejoint les bancs des conservateurs, le journaliste dénonce l’attitude des « derniers arrivés tentés de fermer la porte derrière eux ».
Une gauche essentialiste
L’article de Joseph Confavreux s’inscrit pleinement dans le logiciel d’une certaine gauche essentialiste qui réduit le descendant d’immigrés à ses racines étrangères. Ces personnalités, parce que issues de l’immigration, devraient forcément encourager l’ouverture des frontières et accueillir généreusement tout étranger. À lire Mediapart, Herschel Walker, Priti Patel et Suella Braverman trahiraient leur ascendance et leur communauté en acceptant de rendre « acceptables » des discours fermes sur l’immigration. Pire : leur nomination à de hauts postes serait « un obstacle à la perspective d’égalité raciale » car cela reviendrait à recatégoriser « les discours haineux vis-à-vis des migrants […] dans la politique mainstream sous couvert de diversification de celles et ceux qui les portent ».
Jamais il ne semble effleurer l’esprit du journaliste que ces personnalités, comme de nombreux citoyens d’origine immigrée installés en Europe ou aux États-Unis, puissent choisir de leur propre gré – et non pour un poste ou par dérive personnelle - de défendre leur patrie et d’appeler à une limitation des flux migratoires. Beaucoup, intégrés à la communauté nationale, refusent de voir leur pays sombrer dans l’insécurité et les ghettos. Ils appellent donc à limiter les nouvelles entrées de migrants. Mais cette réflexion échappe sans doute à la doxa essentialiste.