Après plusieurs années de combat judiciaire, le conseiller municipal niçois Philippe Vardon (Reconquête) a obtenu gain de cause, le 19 décembre dernier, contre la mairie de Nice. La cour administrative d'appel de Marseille a en effet annulé un arrêté municipal de la ville de Nice qui mettait à disposition gratuitement, en 2018, le théâtre Lino-Ventura à une association musulmane à l'occasion de l’aïd el-fitr.
Les faits, reprochés par l’élu à la municipalité niçoise, remontent au 15 juin 2018. Ce jour-là, plus d’un millier de musulmans se rassemblent dans ce lieu public et s’y livrent à des prières pour célébrer l’aïd el-fitr, jour qui marque la fin du ramadan. D’un côté, les hommes, qui déploient leurs tapis de prière sur un parking. De l’autre, les femmes, qui se retrouvent quant à elles à l’intérieur du théâtre municipal Lino-Ventura, prêté par la municipalité à cette occasion. L’exercice du culte commence et la nuisance sonore est telle que les communes alentour en profitent largement. « Des gens de la vallée, dans des communes pas immédiatement à côté, nous ont alerté parce que ça résonnait dans toute la vallée », rapporte Philippe Vardon.
Des dizaines d’habitants appellent la gendarmerie, dérangés et interpellés par l’ampleur de la sonorisation. Signalements, plaintes… Le maire, Christian Estrosi, se doit de réagir. Ce qu’il fait vigoureusement, condamnant « avec la plus grande fermeté les prières de rue qui sont organisées à l’Ariane depuis 6 h du matin ». Et de conclure, en bon élu républicain : « Les lois de la République doivent être respectées partout. » Auprès de BV, Philippe Vardon dénonce le double jeu du maire : « Cela fait des années que la municipalité a noué un quasi-partenariat avec les radicaux de l’UMAM (Union des musulmans des Alpes-Maritimes), ils ont des rapports extrêmement fréquents. »
L’organisation à l’origine du rassemblement n’est pas une inconnue. « C’est la branche locale de l’ex-UOIF (Union des organisations islamiques de France), rebaptisée aujourd’hui Musulmans de France. C’est en fait l’émanation des Frères musulmans dans notre pays », explique l’élu, qui rapporte en outre que l’UMAM est dirigée par l’imam qui gère la plus grande mosquée de Nice, cadre national de l’UOIF et même formateur des imams de l’UOIF.
Aux yeux de Vardon, la décision de la cour administrative d'appel est « vraiment importante ». Le conseiller municipal dénonce en effet trois volets dans cette affaire : « Tout d’abord le trouble à l’ordre public qu’ont constitué ces prières de rue. Ensuite, pour le volet judiciaire, la mise à disposition gratuite de ces biens municipaux. Enfin vient l’aspect plus politique et moral, qui est celui de cette proximité problématique entre la municipalité et les musulmans. »
En 2013, Philippe Vardon faisait condamner la municipalité pour avoir cédé des locaux aux musulmans pour un loyer dérisoire, afin que ceux-ci puissent y installer leur mosquée. Dix ans plus tard, c’est donc une nouvelle victoire pour l’élu, à qui la cour administrative d'appel de Marseille a donné raison, le 19 décembre dernier, en vertu de la loi de 1905. Mettre à dispositions le théâtre Lino-Ventura, à titre gracieux, a en effet été considéré comme une « libéralité assimilable à une subvention donnée à un culte ». La municipalité a, de ce fait, contrevenu à la loi de séparation des Églises et de l’État.
« L'épisode du 15 juin 2018 n’est qu’un des épisodes de cette politique globale dont la justice vient à nouveau de rappeler qu’elle n’hésite pas à enfreindre la loi par pur clientélisme », estime Philippe Vardon. De son côté, la mairie de Nice a annoncé porter l'affaire devant le Conseil d'État.
Marie-Camille Le Conte