En 1975, Michel Sardou n'était pas parvenu à sauver le paquebot France de la déconstruction. Quelques décennies plus tard, le chanteur n'entend pas subir le même échec avec le mari de Sandrine Rousseau. Malgré des travaux déjà très avancés, sur BFM, l'artiste appelle les Français à un vaste élan de solidarité avec la victime. « Le pauvre, franchement, lance Sardou. Il ne faudrait pas faire une marche pour aider ce pauvre mec ? Mon pauvre garçon, sur quoi t'es tombé ! C'est l'enfer. »
Avant que l'homme ne soit envoyé dans le port du Havre pour être entièrement démantelé et revendu à l'épouse d'un armateur en quête d'un amant discipliné, un mouvement se dessine. Le sauvetage des vestiges du mari. Chef-d'œuvre masculin en péril, morceaux de patrimoine en danger. Stéphane Bern sonne l'hallali. L'époux traqué par un féminisme revanchard peut encore être tiré d'affaire. Les partisans du barbecue, désigné symbole de virilité par la militante, se concertent. La marche suggérée par Michel Sardou peut pulvériser les records d'affluence réalisés par la manif contre la réforme des retraites.
Dès le lendemain de cet appel à mobilisation, Sandrine Rousseau se joue de la vigilance du service d'ordre et parvient à s'immiscer dans ladite manifestation. Tant de gens venus pour la soutenir ! Convaincue que la question des retraites a été abandonnée au profit de sa riposte contre le chanteur, celle-ci brandit une pancarte sur laquelle est inscrit « Sardou, ta gueule ». Cet îlot de féminisme dans un océan de contestation sociale ne passe pas inaperçu. Les photographes saisissent ce grand moment de solitude. Et toujours pas de mari en vue. Existe-t-il vraiment ? Pourquoi n'est-il pas à ses côtés pour dénoncer les propos du macho ? Sans doute épuisé par la recherche d'un argument de poids tel que « Sardou, ta gueule », l'époux se remet lentement de l'aide qu'il a apportée à sa moitié. Une nuit de réflexion, des dizaines de pages noircies pour parvenir à ne rien dire. Les divers syndicalistes en présence sont rassurés. La pauvreté de la contre-attaque ne portera pas ombrage à leurs revendications. Michel Sardou peut encore chanter « Le France ». Des élucubrations de la bobo écolo, ne restera pas même une chanson.
Jany Leroy
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