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[Entretien] Après Callac, Saint-Brevin ? « Lorsqu’on se bat avec détermination, on peut inverser le cours des choses ! »

Pour contrer le projet d’installation de 110  dans un quartier résidentiel contigu à une école élémentaire, des habitants de Saint-Brevin-les-Pins qui se sont regroupés dans le Collectif de préservation de l'école de la Pierre Attelée" multiplient les manifestations depuis le mois de septembre. Le 6 janvier, ils ont adressé une lettre ouverte au préfet de Loire-Atlantique pour l'alerter sur les graves dangers qui pèsent sur leur sécurité. Une affaire qui en rappelle une autre, celle de Callac, où les opposants au projet de création d'un centre de  viennent d'obtenir gain de cause.

Boulevard Voltaire, qui suit de près le déroulé de l'affaire, a interrogé Marc Troissant, membre du collectif.

Sabine de Villeroché. Le projet d’installation de 110  à Saint-Brevin est-il toujours d’actualité ?

Marc Troissant. La construction des bâtiments est en cours sur un terrain qui empiète en partie sur l’école et sur le centre de loisirs pour enfants. Après avoir épuisé les recours juridiques, notre collectif continue à lutter : manifestations, tractages, rencontre des élus, des parents d’élèves, participation aux conseils municipaux, publications dans la presse et, en prévision, opération banderoles, etc.

S. d. V. Quelle est l’attitude de la mairie face à la mobilisation des opposants au projet ?

M. T. Le maire refuse tout entretien avec notre collectif et tout dialogue avec ses opposants. Il affirme que ce centre verra le jour quel que soit l’avis des Brévinois. Etrangement, ce maire divers  est soutenu dans ce projet par l’extrême gauche : pour exemple, deux députés de la NUPES sont venus se joindre aux partisans inconditionnels du CADA pour contrer notre manifestation du 11 décembre dernier.

S. d. V. Pourquoi aujourd’hui s’adresser au préfet de Loire-Atlantique ?

M. T. C’est le préfet qui a demandé un lieu pour installer le CADA (centre d'accueil de demandeurs d'asile). Notre maire s’est empressé de proposer ce site. Notre rôle est de mettre le préfet devant ses responsabilités en l’éclairant sur la réalité du terrain : promiscuité avec les enfants, en période scolaire comme en période de vacances, impact sur un site naturel sensible, mauvaises conditions d’accueil des demandeurs d’asile, mécontentement des Brévinois. Seul le préfet a le pouvoir de porter un coup d’arrêt aux travaux.

S. d. V. Dans sa lettre, le collectif dresse la liste des victimes d’exactions récentes de  en France et en Europe : égorgements, viols et violences, allant jusqu'à dénoncer une « délinquance migratoire systémique » : dans quel but ?

M. T. Nous sommes concernés par la  des personnes et des biens. Or, comme le dit un vieil adage, « les mêmes causes produisent les mêmes effets ». Nous invoquons le principe de précaution. De plus, dans le cas de Saint-Brevin, toutes les mauvaises conditions se trouvent réunies : proximité de nos enfants, toute l’année ; quartier isolé et peu surveillé* ; localisation dans une forêt fréquentée notamment par les joggeuses ; fort risque d’ du site ; absence de moyens de transport ; isolement social ; absence de structure de soins à proximité ; exiguïté des logements prévus et difficultés à trouver des personnes pour s’occuper des migrants (une centaine de bénévoles en 2016*, moins de 10 aujourd’hui). La vraie question est donc : pourquoi les choses se passeraient-elles bien alors que tous les ingrédients sont réunis pour qu’elles se passent mal ?

Si même l’ancien préfet de Paris Didier Lallement a déclaré « La réalité est que pour ne pas devenir délinquant après être arrivé en France dans des situations chaotiques, vous devez être un saint » (le 7 novembre 2022 sur BFM TV), comment imaginer qu’aucun délit ni trafic de quelque sorte que ce soit ne viendra nous nuire, étant donné le contexte évoqué ci-dessus ?

S. d. V. L'abandon du projet d'accueil de  à Callac (70 familles issues du continent africain) vous inspire-t-il ?

M. T. La preuve est faite que lorsqu’on se bat avec détermination à l’échelon local, on peut inverser le cours des choses. Avec l’aide du Ciel, nous obtiendrons nous aussi la victoire contre ce projet aberrant.

Notes de la rédaction

*en 2004 à Saint-Brevin, un enfant, Jonathan Coulom, a été enlevé dans une colonie de vacances proche de l’emplacement prévu pour le futur CADA, preuve, pour Marc Troissant, « que ce quartier isolé est propice à des délits qui peuvent passer inaperçus et qu’il est imprudent d’installer un centre pour adultes, quelle que soit l’origine de ces derniers, à proximité directe et avec vue plongeante sur un établissement pour enfants. Il s’agit d’assurer la protection des mineurs. »

*un centre d'hébergement pour  a déjà été implanté en 2016 dans le centre de Saint-Brevin. Il accueille « une vingtaine de jeunes hommes inoccupés qui font du foot toute la journée », selon des témoins (voir notre article du 29 septembre  dans ces colonnes).

Sabine de Villeroché

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