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L'écologie marotte d'ultra-gauche et souci universel

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Il y a un paradoxe au fond de toute pratique écologique : la cause, celle de l'environnement, celle de la propreté de notre planète, est la plus universelle qui soit. Mais elle est récupérée depuis un demi-siècle (la candidature Dumont à la Présidentielle de 1974), par toutes sortes d'agités du bocal et autres prêcheurs d'apocalypse.

« Vous allez casser le cycle de l'eau » crient les écologistes aux paysans. L’expression, mille fois reprise à propos de la fameuse Bassine de Sainte-Soline, ce réservoir d'eau creusé par les paysans poitevin, est très vague personne ne semble tellement désireux d'en préciser les contours. On sent que le choix de Sainte-Soline comme casus belli entre écolos et paysans relève du prétexte plus que d'un argument. C’est que l’écologie, comme Parti politique, se laisse aujourd’hui instrumentaliser par tous les nostalgiques de la Révolution. Je pense à ces jeunes bourgeois oisifs qui marchent dans leur tête, orphelins du grand Soir, ou à ces « petits blancs », qui, ayant abandonné jusqu’à l'idée d'une vie sociale normale, forment aujourd’hui les gros bataillons d’une future zad, alors que la zad de Notre-Dame des Landes, magnifique point de comparaison pour tous ces déclassés, a finalement remporté un succès politique, empêchant la construction d'un nouvel aéroport  « européen », trop proche de l’aéroport de Nantes, ce qui, pour ces jeunes gens représentaient des kilomètres carrés de destruction de l’environnement, sauvés par les zadistes bretons.

Les frappadingues de Sainte-Soline

La figure de proue de ces nostalgiques violents et anciens futurs Zadistes, n'est autre que l’arrière-petit-fils de Georges Bernanos, Antonin Bernanos, qui a abondamment fait parler de lui ces dernières années, comme antifa revendiqué, auteur d'une attaque à la barre de fer contre une voiture de flics (deux policiers étaient à l’intérieur). II représente à lui tout seul ce curieux mélange d'une enfance trop généreuse et d'une culture cynique et systématique de la violence, autant d'ingrédients qui forment le cocktail psychologique contagieux que diffuse l’ultra-gauche en général. Ces jeunes sont hantés par le raccourci de la violence, seule capable selon eux de changer la vie, c'est-à-dire de lui donner un sens. Pour en faire quoi ? La réponse à cette question n’est pas pensée. Pour avoir vécu quelques mois avec des zadistes à l'église Sainte-Rita à Paris, je crois avoir compris cette étrange manière de ne pas penser, qui était, l’époque déjà, celle d'un curieux « Mouvement du 14 juillet » et de ses « anonymus » masqués de blanc, dont le casier judiciaire n'était certainement pas vierge, mais dont le programme politique était absolument vide, en contraste avec leur activisme...

Ce sont ceux-la, ou leurs petits frères et sœurs que l’on retrouve aujourd'hui, prenant position dans les champs ensemencés, qui entourent la Bassine de Sainte-Soline, au mépris du travail des paysans. Mais peu importe à ces citadins déclassés les paysans de Sainte-Soline et l’impact véritable des bassines sur le climat... faut agir, c'est-à-dire détruire, au mépris de toute argumentation circonstanciée, dans la seule préoccupation de l’idéologie révolutionnaire qui les anime.

De la même façon, lorsque d’autres écologistes se collent sur le bitume de la Nationale 118, juste avant l’arrivée à Paris, ou plus récemment sur le Périphérique lui-même, empêchant les automobilistes de circuler, on ne peut pas dire qu’une telle action produise autre chose qu'un surcroit de pollution, pollution des voitures l’arrêt dans un embouteillage monstre sur cette artère desservant tout l’ouest parisien. Violence de cette non-violence apparente pour le simple citoyen qui passe déjà des heures dans les bouchons... De quel droit lui inflige-t-on ces actions protestataires et polluantes ?

Et je ne parlerai pas de la manière dont on arrosé de soupe à la tomate deux toiles de Van Gogh et un tableau de Vermeer, à Londres puis à Amsterdam, au motif qu'il allait falloir  « choisir entre l'art et la vie » (?). Le motif avancé

est absurde, il est aussi révélateur. Comme si l'art n'était pas la vie de l’humanité ! Mais quel responsable de EELV, quel militant de la Nupes a condamné ces actions iconoclastes et obscurantistes ? En voila assez en tout cas, pour montrer le caractère profondément inhumain de l’écologie politique et de tous ses supporters, qu'ils en aient conscience ou pas.

Pour une écologie humaine

Ces actions qui sont toutes violentes de diverses façons ne signifient pas autre chose, semble-t-il, que l’éternelle mauvaise conscience du Continent européen. « L’Europe, dit le pape Francois Strasbourg est une vieille femme stérile ». C’est l’obscur sentiment de culpabilité de l’homme blanc qui le tue et qui, avant de le tuer le stérilise, selon le mot terriblement juste en l’espèce du pape.

L’écologie intégrale est forcément un sujet de première importance, qui concerne l’avenir de tous les habitants de cette planète. Pendant que de faux durs et vrais frappadingues cèdent au culte de la violence pour elle-même au nom d'une écologie sacralisée, des délégations du monde entier se retrouvent à Charm El-Cheikh, en Égypte, à l’occasion de la vingt-septième Cop, pour examiner gravement ce qu'il importe de faire pour le climat, ou plutôt contre un réchauffement climatique que l’on présente comme nécessairement anthropique. Nos gazettes sont formelles : « Sous l'effet des activités humaines, les huit dernières années sont les plus chaudes jamais enregistrées à ce jour » lit-on par exemple dans Le Monde. Je n'ai pas la compétence pour discuter de « la nature anthropique » du réchauffement climatique. Je pense que tout réel effort écologique, pour la propreté de notre planète est le bienvenu et qu'il faut, à cette grande cause de l’environnement, un élan mondial. Notre Emmanuel Macron est venu en personne, toute affaire cessante, donnant l’exemple de la mobilisation. Mais qu'avait-il besoin d'offrir un milliard d’euros à I'Afrique du sud pour « sortir du charbon », alors qu'en France on vient de rouvrir une centrale à charbon, parce que nos centrales nucléaires fonctionnent à 50 % de leurs capacités Est-ce encore un effet de cette mauvaise conscience européenne que nous venons de décrire ? Si c'est une manière de vendre aux Africains du sud nos installations nucléaires, il aurait peut-être fallu négocier le contrat qui n'est pas forcément « cadeau ». On a l’impression qu'au nom de l’écologie, tout est bon, même les générosités les moins attendues.

Mais surtout, il importe de rester dans une écologie qui à l’homme pour but et non la planète. L'écologie véritable ne méprise pas l’homme, elle n'en fait pas systématiquement le prédateur qui détruit la planète. Nous savons que l’homme et la femme ont été crées dans un Jardin et que leur objectif est de transformer le monde en un vaste jardin. Ainsi apparaissait la France chrétienne du XVIIe siècle à l'Empereur de Chine, quand il écrivait à Louis XIV : « Tu as fait de ton royaume un vaste jardin ». L’ « écologie », qui étymologiquement signifie la sagesse de la maison, vise à transformer le monde en une maison commune (selon l’expression visionnaire de Gorbatchev), un cosmos humanisé, qui trouve dans cette humanisation une nouvelle jeunesse, apprivoisant les espaces infinis, comme les nouveaux champs de la connaissance virtuelle et donnant à chaque être humain ce dont il a besoin pour travailler, c'est-à-dire pour gagner sa vie. cette expression étant prendre d'abord au pied de la lettre.

Le fini, l’infini et la persistance du progrès

On lit souvent, dans la galaxie écologique, que « la croissance démographique ne peut se poursuivre à l'infini dans un espace fini » (Alain de Benoist). Et au nom de cette fausse évidence, on oppose la croissance et l’ordre du monde. Dans cette perspective, la croissance détruit le monde au profit du premier des prédateurs, l’être humain. Quant à l’ordre de la nature, sa simple préservation nécessiterait la décroissance et en particulier une « diminution » drastique des êtres humains, de leur nombre et de leur rôle sur la terre. Il me semble qu'il y a dans ce déclinisme écologique le fond de l’idéologie des furieux de Sainte-Soline : Mort à I'homme, quoi qu'il fasse et donc mort aux « gardiens », mort aux flics. « La police tue ». En même temps, si l’on reprend la formule d'Alain de Benoist, on discerne dans cette comparaison qu'il effectue lui-même entre le fini (la Planète) et l’infini (le Progrès, non seulement un manque de confiance en la terre mère, en ses ressources innombrables, en ses trésors riches et variés, elle que Dieu créa « au commencement de toutes ses œuvres », mais un usage métaphorique du terme « infini ». Le progrès n'est pas infini, mais indéfini. Nous ne savons pas quand se trouveront épuisées les richesses si nombreuses de notre Planète. Les ressources en pétrole et en gaz sont plus grandes qu'on ne l’imaginait. Et il y a bien d’autres manières de créer de l’énergie.

En 1945, qui aurait prophétisé la puissance de communication sur Internet, l’instantanéité du téléphone portable, et I'organisation d'une véritable interdépendance, qui pourrait de plus en plus pallier et palliera les famines et les épidémies, en évitant l’immigration sauvage, qui est un reste du vieux monde instrumentalisé et favorisé pour des raisons politiques ? Certes la vie va moins vite que les découvertes scientifiques qui la conditionnent. Même la question du partage de l’énergie, avec les progrès des carburants verts, de l’énergie électrique issue de la fission de I'atome dont les installations se miniaturisent, avec de nombreuses énergies renouvelables et peut-être un jour de la mystérieuse énergie du soleil (pas seulement sa chaleur), invite a reconsidérer les prophéties apocalyptiques.

Notre défense de l’environnement ne provient pas de je ne sais quelle terreur écologique (qui ne peut engendrer, sur le plan politique, que des gouvernements totalitaires, communiquant la terreur écologique à toutes leurs populations). L'écologie doit au contraire se manifester d'abord comme une conversion, comme un souci constant et libre de défendre, partout ou on la trouve, dans la biodiversité, dans les paysages ou dans les grandes réalisations de l’homme, cette beauté qui sauvera le monde, en élevant l’homme au-dessus de lui-même.

Vous n’aimez pas mon optimisme ? Il me semble que, malgré la guerre en Ukraine et le dérèglement climatique, les scénarios optimistes sont encore, pour plusieurs siècles, les plus probables. Les grandes découvertes d'aujourd’hui construisent déjà le monde de demain, un monde qui sera respectueux, qui sera écologique ou qui ne sera pas un monde.

Photo : Une des méga bassines des Deux-Sèvres à laquelle s'en sont pris les opposants au projet.

Abbé Guillaume de Tanoüarn Monde&Vie 30 octobre 2022

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