Yves Thréard
Si certaines réformes, comme celle des retraites, sont délicates à conduire, car elles rencontrent une vive opposition dans l’opinion, d’autres paraissent beaucoup plus simples, tant elles sont attendues. Ainsi en va-t-il de l’immigration en France. Régulière ou pas, elle a encore battu des records l’année dernière, sans même compter l’exode forcé des Ukrainiens. Depuis des décennies, le sujet ne cesse d’inquiéter. Pourtant, rien ne change, tout empire : les camps de fortune se multiplient, les tensions dans certains quartiers ou territoires montent dangereusement et les liens avec l’augmentation de la délinquance sont manifestes.
Dans ce contexte, il y a fort à parier que le projet de loi asile et immigration que doit présenter le gouvernement au printemps sera encore un coup d’épée dans l’eau. Il illustre, jusqu’à la caricature, l’incapacité des gouvernants à prendre le taureau par les cornes. Pour ne pas fâcher les gardiens de la bien-pensance, la prétention d’expulser davantage les clandestins sera compensée par la régularisation d’autres, dans les métiers en mal de main-d’œuvre. On peut déjà faire le bilan de l’opération...
Les explications ne manquent pas pour mas- quer cette coupable incurie. On connaît la petite musique sur la France terre d’asile, ouverte à tous les damnés de la planète. Au passage, les candidats à l’immigration connaissent aussi la générosité du modèle français. L’autre refrain consiste à tout mettre sur le dos de l’Union européenne, où il est impossible de s’entendre sur une politique commune. Pour l’affichage, une énième réunion des ministres de l’Intérieur a d’ailleurs eu lieu ce jeudi à Stockholm.
Même si elle n’a pas la même histoire, la France devrait s’inspirer du Danemark pour retrouver le chemin de la raison. Depuis vingt ans, ce pays a décidé de réduire drastiquement les flux migratoires et d’appliquer une politique exigeante d’intégration. Alors qu’il est aujourd’hui gouverné à gauche, membre de l’Union européenne et intégré à l’espace Schengen, quelle est donc sa recette? Ni plus ni moins que la volonté et le courage politique. A bon entendeur….
Le Figaro brosse un bref état des lieux ICI
Source : Figaro 27/1/2023
http://synthesenationale.hautetfort.com/archive/2023/01/27/coupable-incurie-6425007.html