C'est pour cette actualité qu'il était, jeudi, l'invité de Léa Salamé, sur France Inter. Un peu l'hommage du vice à la vertu (le vice, c'est l'humour façon Inter, bien sûr, pas Léa Salamé). Un entretien à regarder pour mieux connaître qui est Gaspard Proust. Entre autres bonheurs, sa justification de ses attaques anti-écolos, lui qui est un amoureux de la nature et des sommets. Il cite Dostoïevski : « Une grande idée que vous vénérez saintement récupérée par des incapables », etc.
Grands moments, encore, quand Léa Salamé vient le chercher sur sa participation, en pleine campagne présidentielle, au Grand Débat des Valeurs organisé par Valeurs actuelles. Il assume ce qui est, pour lui, « un acte de liberté » et une prise de risque : « Je ne vis pas pour avoir un bon article dans Télérama. La vie, c'est plus grand, c'est autre chose ! » Son recrutement par la radio détenue par le groupe Lagardère et Vincent Bolloré ? « Vous pensez que c'est Bolloré qui tient mon stylo ? » Et pourquoi le privé et pas le public ? "Je ne veux pas être financé par des gens qui potentiellement ne m'aiment pas." Tremblement de terre dans les studios de nos médias publics.
Là où Léa Salamé est certainement dans le vrai, c'est quand elle cherche, pour expliquer l'individualisme réac de Gaspard Proust, du côté de l'enfance et de l'adolescence. Etre le petit-fils d'une déportée à Ravensbrück et avoir grandi, d'abord derrière le rideau de fer, en Slovénie (allez écouter ce qu'il dit de sa prof d'histoire communiste là-bas), puis dans l'Algérie des années 80-90 avant de faire une brève incursion dans le monde de la banque suisse, cela vous donne certaines perspectives intéressantes sur le monde actuel.
Cette même semaine, pour sa carte blanche sur Europe 1, il était face à Sandrine Rousseau. Nouveau morceau d'anthologie. Et de liberté, à front renversé. Sandrine Rousseau comme vous ne l'avez jamais vue, enfin débarrassée de tous les oripeaux de son idéologie et de ses délires, mais aussi des attaques de ses adversaires. Sandrine Rousseau enfin humaine. Grâce à Gaspard Proust ! Chapeau, l'artiste !
Et n'oubliez pas de réécouter sa chronique du lendemain, excellent débriefing de l'humoriste sur ce moment Sandrine Rousseau, la muse dont il est tombé amoureux !
Un humour fin, littéraire, poétique parfois, souvent élégant, avec ce qu'il faut d'excès et de vulgarité sans lesquels il n'y aurait pas d'humour mais qui le dénaturent quand ils règnent seuls en maîtres comme trop souvent - notamment sur Inter. Un être rare, talentueux, doué d'une profondeur historique et littéraire qui fait souffler un air de liberté dans un paysage médiatique qui en a bien besoin.
Frédéric Sirgant
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