Invitée de l’émission « Quelle époque ! » (France 2) pour présenter son dernier essai Reconquérir le sacré (L'Observatoire), la journaliste de CNews et Europe 1 a été bousculée par Léa Salamé et sa collègue Élise Lucet. Dans la foulée, sur les réseaux sociaux, elle est devenue la cible des critiques et insultes de l’extrême gauche.
D’un côté, il y a ceux qui lui reprochent d’avoir « trahi les siens ». Parce que née en Tunisie et de confession musulmane, Sonia Mabrouk devrait, non pas s’intégrer et aimer la France, mais entretenir une attitude victimaire. C’est, en tout cas, ce que sous-entend Rafik Chekkat, avocat fondateur de la plate-forme Islamophobia. Sur son compte Twitter, ce soutien de l’imam Iquioussen critique une « égérie des identitaires [devenue] archétype de la "native informant" ». Et d’ajouter : Sonia Mabrouk est le « porte-voix du prêt-à-penser néolibéral, raciste et sécuritaire » qui alimenterait « une pensée réactionnaire » et une « instrumentalisation de la diversité ». Un raisonnement qui considère que s’intégrer dans son pays d’accueil relève nécessairement de l'extrême droite...
À cette première critique qui frôle le racisme identitaire s’ajoute une autre attaque, portée cette fois-ci, en creux, contre son employeur. « Speakerine de Bolloré », « propagandiste », « journaliste d’extrême droite »… Ils sont nombreux à lui reprocher de travailler pour des chaînes et stations du groupe Vivendi, propriété de la famille Bolloré. Ainsi, alors que Sonia Mabrouk conseille à Élise Lucet, à la tête de « Cash Investigation », d’enquêter sur France Télévisions, Julien Pain, fact-checkeur pour France Info, ironise : « Quand une journaliste travaillant pour une chaîne du groupe Bolloré réclame plus d’investigation, c’est assez savoureux. » Et son confrère de Mediapart, Ilyes Ramdani, de compléter : « Deux façons de faire du journalisme : l’investigation et le bavardage. Comme si un saint-nectaire AOP causait fromage avec La Vache qui rit. » Derrière la comparaison fromagère, on déduit, sans trop de difficultés, que le « bavardage » et « La Vache qui rit » renvoient directement à Sonia Mabrouk… Quelle élégance ! Emilio Meslet, plume de L’Humanité, qualifie même la présentatrice de CNews de « journaliste militante ». Autrement dit, un journaliste a le droit d’avoir des convictions, pourvu que celles-ci soient de gauche.
Les écologistes montent au créneau
À ces pourfendeurs s’ajoutent des politiques, membres de l’extrême gauche et chantres du wokisme, sans doute vexés d’être tenus en partie pour responsables de la perte du sacré dans notre société. Pour Anassa Kazib, militant de Révolution permanente, « cette femme, c’est l’idiotie incarnée ». Aymeric Caron, député insoumis, s’emporte, lui, contre la « bouillie intellectuelle » d’une « porte-parole des médias d’extrême droite ». David Cormand, eurodéputé écologiste, abonde dans le même sens, dénonçant la « logorrhée d’extrême droite de Sonia Mabrouk ».
Au fond, aucun d’eux ne supporte qu’une journaliste d’origine tunisienne aime la France et la défende. Pire encore, il est intolérable pour cette extrême gauche qu’une femme musulmane loue la beauté de la cathédrale Saint-Louis de Carthage en terre d’islam, s’inquiète de la disparition des chrétiens d’Orient et appelle à préserver la messe en latin. À contre-courant de leur logiciel, ces militants déconstructivistes ne parviennent pas à comprendre l’importance d’une « reconquête du sacré ».
Clémence de Longraye
https://www.bvoltaire.fr/sonia-mabrouk-vilipendee-par-lextreme-gauche-car-elle-defend-le-sacre/