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Eric de Verdelhan : « La retraite n’est jamais qu’une étape de la vie » [L’Agora]

« Une société sans aristocratie et où tout se ferait par le vœu de la majorité retournerait à la grossièreté. » (Robert Poulet).

Pourquoi cette citation en tête de mon article ? Juste pour rappeler que la majorité n’a pas toujours raison, que le poncif « un homme, une voix » est une ineptie et que la démocratie grecque, celle de Solon entre autres, était basée sur un scrutin censitaire. Avec le dossier des retraites, notre « démo-crassie » digne d’une république bananière, est en train de montrer ses limites : on s’insulte au Parlement, on bafouille au Gouvernement, on cafouille au Sénat, et les syndicats – rouges ou roses – prennent les travailleurs en otage. Quant à l’avorton présidentiel, il promet des milliards à quelques états africains « et en même temps », il explique aux Français qu’il va manquer quelques milliards pour financier nos retraites. Macron méprise le peuple et ne s’en cache même pas !

Nous assistons à un spectacle pitoyable : les gens qui ont réélu Macron par peur de Marine Le Pen sont ceux qui défilent aujourd’hui dans les rues, alors que le projet de réforme des retraites était annoncé durant la campagne présidentielle. Si ces gens avaient un minimum de dignité et d’honnêteté intellectuelle, ils devraient adopter un profil bas et assumer leur vote. Et que penser des « Républicains », qui étaient favorables à la retraite à 65 ans avec Fillon et sont contre la retraite à 64 ans avec Macron ? Ne cherchez pas de logique, de cohérence, de bon sens, de maturité politique, de sens des responsabilités, d’intérêt de la nation, dans tout ça, il n’y en a pas !

Les gauches « bordélisent » le pays, pour reprendre l’expression du ministricule Darmanin, et la droite molle fait le grand écart pour assurer sa survie. De son côté, Marine Le Pen se présente en bonne élève du Parlement et racole en tenant des propos démagogiques en vue de 2027.

La classe politique, dans son ensemble, donne une image lamentable du fonctionnement des institutions de la V° « Ripoux-blique » qu’on ne cessait pourtant de citer en exemple.

Ce fichu pays n’a plus aucune tenue, plus de tripes, plus de courage, plus de « burnes ». Il est devenu un conglomérat d’enfants trop gâtés et de lopes émasculées. Bien sûr, il existe encore des gens dignes, honnêtes, travailleurs, des gens droits tout simplement. Ils sont encore majoritaires dans le pays mais ils subissent le diktat des minorités et sont attaqués et parfois trainés devant les tribunaux quand ils osent dénoncer les abus du système ou sortir de la doxa officielle.

Comme je m’y attendais, mon précédent article sur la retraite m’a valu des critiques acerbes mais je dois avouer que ça m’amuse : j’aime bien afficher un « non-conformisme » revendiqué et totalement assumé. L’écrivain Michel de Saint-Pierre a écrit (au sujet de Léon Daudet) :

« Il existe une tournure d’esprit que l’on nomme le « non-conformisme » et qui se résume à recevoir toutes les influences, sans en subir aucune – ne pas lever le doigt mouillé de la prudence, pour savoir d’où vient le vent – à traverser les fleuves de la vie sans jamais se préoccuper du sens du courant – à traiter les gens en place, les gens au pouvoir, les gens titrés, décorés, cravatés, le percepteur et le chef d’état, exactement de la même manière qu’on traite les autres humains…A ne jamais renoncer à l’orgueil savoureux d’être sincère; au plaisir délicat et profond d’être juste; à la volupté de plomber les cuistres et de saluer les héros. Et surtout …à choisir jusqu’au bout l’air que l’on respire, les mots que l’on dit et les mains que l’on serre … »

Sans fausse modestie, cette tirade définit assez bien mon mode de fonctionnement.

Un lecteur me déclare que « c’est facile de vanter le travail quand on a une bonne situation et qu’on est son propre patron ; pour le salarié, c’est autre chose… ».

Eh bien, je m’inscris en faux contre cette allégation mais je conviens que se comporter en homme libre est plus difficile quand on est salarié. Pour ma part, durant toute ma carrière, je me suis comporté en électron libre. Ce n’est pas, je l’avoue, le meilleur moyen de devenir riche mais :

a)- On évite, au pire, de se prostituer, au mieux de se renier. On garde une certaine intégrité morale.

b)- On est jugé uniquement sur son travail, pas sur sa capacité à flagorner ou à « cirer les pompes ».

c)- On se fait une réputation d’« incorruptible » qui, si elle se double d’un franc-parler et d’un sale caractère, vous assure une relative tranquillité. On vous apprécie ou… on vous craint.

Je suis convaincu qu’on peut parfaitement s’épanouir dans son travail, y trouver une certaine liberté, même en étant salarié, mais il faut pour cela adopter quelques règles indispensables à sa survie. En premier lieu, faire sienne la devise du « Roi Jean » de Lattre de Tassigny « ne pas subir » ; ensuite accepter de prendre des risques, fuir la routine ; et si nécessaire, accepter la mobilité.

La vie n’est pas « un long fleuve tranquille » et ceux qui n’ont pas compris ça adoptent ce que Charles Maurras appelait « la politique du chien crevé au fil de l’eau ». Ceci ne veut pas dire qu’il faut systématiquement coller aux modes et aux tendances du moment, car comme disait le philosophe Gustave Thibon « être dans le vent c’est une ambition de feuille morte ». Le départ en retraite est une étape de la vie qu’il faut prendre avec philosophie, car, comme la mort, elle est inéluctable.

A en croire certains commentateurs, le travail serait une sorte d’esclavage et la retraite un accès au paradis terrestre. Je sais bien qu’il existe des métiers pénibles, des patrons sans cœur, des gens qui exploitent leurs salariés et les paient au lance-pierre, mais de grâce, ne généralisons pas !

Notre système de retraite est foncièrement injuste car il est boiteux depuis sa création.

Je rappelle que notre « retraite par répartition » n’est pas une invention française. On la doit à un Prussien, Otto Van Bismarck. Ce dernier aurait, dit-on, demandé à ses conseillers l’âge moyen des décès dans son pays. Il était, à l’époque, inférieur à 65 ans ; Bismarck fixa donc l’âge de la retraite à…65 ans pour que ça ne lui coûte rien. En France, la retraite par répartition a été mise en place à la Libération. Elle émanait, comme tant d’autres mesures sociales, du « Gouvernement Provisoire de la République Française » (GPRF), présidé par De Gaulle. Depuis on s’ingénie à nous vendre que la GPRF était « un gouvernement de coalition ». En réalité, il suffit de voir à qui furent confiés les grands ministères : ministre de l’Armement : Charles Tillon (PCF), ministre du Travail : Ambroise Croizat (PCF), ministre de la Production industrielle : Marcel Paul (PCF) ; Ministre de l’Économie : François Billoux (PCF). Les socialistes seront également bien lotis avec six ministères. Vincent Auriol (SFIO) sera ministre d’État, tout comme le déserteur Maurice Thorez (PCF). Avant de le renvoyer en France, Staline aurait demandé à De Gaulle « Si possible, ne le fusillez pas tout de suite ». De Gaulle lui confiera un ministère régalien car, par peur de la guerre civile, il était l’otage des communistes. Les anciens maquis FTP étaient encore armés jusqu’aux dents.

C’est également à la Libération qu’on autorisera les centrales syndicales « représentatives au niveau national » – dont la CGT communiste – en raison de « leur attitude sous l’Occupation »

1946, c’est le début des nationalisations, la création des comités d’entreprise, la mise en place de la Sécurité Sociale, etc…Et c’est aussi une période bénie pour les organisations syndicales, ouvrières et patronales, qui vont être chargées de la « gestion paritaire » des caisses de retraite, doux euphémisme pour dire que les rats vont se partager le fromage. Il y a, je crois, 42 caisses de retraite en France. La « Sécu », l’assurance chômage et la retraite sont gérées paritairement.

En fait, aujourd’hui, les rats se battent pour la croute du fromage !

Je ne suis pas convaincu que la retraite par répartition soit le meilleur des systèmes et je pense – bêtement sans doute – que sans la démagogie socialiste de 1981, nous serions restés à une retraite à 65 ans mais, pour ce faire, encore eut-il fallu que les entreprises ne fassent pas tout pour pousser dehors les séniors, car le vrai problème est là, pas ailleurs !

Je suis totalement contre la réforme actuelle mais je ne descendrai pas dans la rue pour défiler avec des syndicats de gauche, responsables, eux aussi, de cette situation. D’ailleurs, la plupart des syndicats sont européistes forcenés, or on sait pertinemment que Bruxelles œuvre pour une retraite « européenne » uniforme à 65 ou 67 ans. « L’Europe sociale » les fait rêver !

Sandrine Rousseau invoque « le droit à la paresse » pour plaire à une partie de la génération montante qui a totalement perdu le goût du travail (et du travail bien fait). Combien de fois faudra-t-il dire et répéter que c’est le travail qui crée de la richesse et que l’assistanat a des limites ?

A votre avis, qui va payer le « quoi qu’il en coûte » de Macron ?

Eric de Verdelhan

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