L’emploi du 49.3 pour faire passer le projet des retraites à l’Assemblée nationale illustre parfaitement l’échec du gouvernement et surtout du président de la République, qui ont présenté et défendu un projet ni fait ni à faire, un projet bâclé, rejeté par plus de 70 % des Français. Ils sont les seuls responsables de cette situation.
Mais l’échec de Macron ne se limite pas à l’enjeu des retraites. On ne peut qu’être atterré par son attitude lors de son dernier voyage en Afrique, au Congo-Kinshasa, où il a tenu des propos critiques à l’égard de son hôte congolais en déclarant : « Depuis 1994, ce n’est pas la faute de la France si vous n’avez jamais été capable de restaurer la souveraineté ni militaire, ni sécuritaire, ni administrative de votre pays. » Ces nobles propos sont allés droit au cœur du président congolais Felix Tshisekedi, qui lui a répondu vertement : « Respectez-nous, arrêtez de nous regarder avec un œil paternaliste. » Parfaite ambiance diplomatique !
Le summum de Macron-Jupiter a été atteint par des images proprement incroyables où l’on découvre le président de la République française, la nuit, dans une rue à Kinshasa, près d’une boîte de nuit, en tenue vestimentaire débraillée, buvant une bière à la bouteille… Les Africains n’avaient jamais vu un président français se trémousser de cette manière dans la foule, eux qui cultivent le respect et vénèrent l’autorité du chef !
Toutefois, l’aveuglement des élites est aussi l’apanage de nos alliés qui s’identifient à l’Occident, sûr de lui-même et dominateur. Cet Occident a décidé qu’il incarnait la vérité et a voulu rallier à lui la planète pour condamner la Russie. Le vote à l’ONU est édifiant sur la réalité du monde. Le 23 février dernier, l’Assemblée générale des Nations unies a approuvé, à une très grande majorité des États, la résolution qui exige de la Russie de cesser son agression contre l’Ukraine – les trois quarts des pays ont approuvé cette résolution -, mais la majorité démographique de la planète s’est abstenue ou n’a pas participé au vote.
« La vérité, c’est que les Américains finiront par se faire détester par tout le monde » (Charles de Gaulle, 6 novembre 1963).
« L’Occident ne mesure pas toujours la haine que lui vouent des peuples humiliés » (Alain Peyrefitte, 13 août 1990).
L’Occident sûr de lui-même et dominateur est tout simplement minoritaire en population sur la planète. Inutile de fantasmer, la réalité est là, c’est la chute historique attendue par tous les peuples humiliés depuis plus de deux siècles.
La présidente de la commission de l’Union européenne, sûre de sa mission, excelle dans sa volonté d’être la reine de l’Europe. Elle multiplie les initiatives pour forcer les États à reconnaître qu’elle incarne le sens de l’Histoire. L’élargissement de l’Union européenne à l’Ukraine – un pays où règnent la probité et l’honnêteté à tous les étages... - en est un très bel exemple. C’est là le meilleur moyen pour ruiner l’UE, déjà fort malade et traversée par de multiples forces centrifuges.
Ursula von der Leyen devrait méditer Raymond Aron : « Ce sont les hommes qui écrivent l’Histoire, mais ils ne savent pas l'Histoire qu’ils écrivent. » Pas certain qu’elle ouvre les yeux… L’aveuglement politique des princes que nous gouvernent est saisissant. Il confirme que les élites, comme les poissons, pourrissent toujours par la tête, c’est une constante de l’Histoire. Que ces élites aveugles prennent garde : « Quand les brebis enragent, elles sont pires que les loups. »
Jacques Myard
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