Faisons un cauchemar dystopique comme la littérature et les universitaires de gauche les aiment : des étudiants « fascistes » occupent un bâtiment entier d'une grande université française, agressent des agents, dégradent, saccagent, pillent ledit bâtiment.
Les choses n'auraient pas duré vingt-quatre heures, l'info ferait la une des médias, tout le ban et l'arrière-ban de la classe politique et des intellectuels se seraient mobilisés, exigeant des sanctions lourdes. On aurait voté des lois, dissout des groupes, manifesté, et j'en passe.
Retour au réel : depuis dix jours, à l'université Toulouse Jean-Jaurès (Le Mirail), entièrement refaite à neuf ces dernières années, le bâtiment du Gai Savoir qui regroupe les départements de lettres, philosophie, arts, musique et quelques autres subit ce sort, mais de la part d'étudiants (et d'éléments extérieurs) d'extrême gauche, bien sûr. Illégalement occupé, on sait désormais qu'il a été considérablement dégradé, que du matériel (vidéo-projecteurs, etc.) a été dérobé, du mobilier saccagé, tout comme les espaces internes (patios). Le 9 mars, un agent de sécurité de l'université, comme le relate La Dépêche, a été physiquement agressé par les occupants. Et, avec chaque jour qui passe, les personnels et les étudiants se demandent quand et comment ils vont retrouver un lieu de travail extraordinaire, tout neuf, rénové à coups de millions d'euros par l'État, il y a à peine quelques années. Ce sont des milliers de m2 de salles, d'amphis, de labos, de bureaux abandonnés et saccagés un peu plus chaque jour. Le bâtiment abrite aussi un centre de ressources documentaires, une bibliothèque, des livres et des collections.
Certes, la présidence de l'université a condamné ces actes et porté plainte pour « intrusion, occupation illicite de locaux, mise en danger d’autrui et violences volontaires à l’égard d’une personne investie d’une mission de service public ».
Mais, une semaine plus tard, la situation n'a en rien évolué, plongeant personnels et étudiants dans la consternation.
En effet, l'université organise des relocalisations des cours dans d'autres bâtiments au jour le jour. À charge, pour le personnel administratif, de gérer ce surcroît de travail. Évidemment, une bonne partie des cours est annulée. Mais il s'agit de montrer, certainement, que la vie continue, que l'université fonctionne. On s'adapte, on contourne, on laisse ces jeunes gaucho-zadistes faire leur petite crise, imposer leur loi, casser, voler en toute impunité. On en rajoute dans la complaisance. Les universitaires de gauche se font tout discrets devant cette barbarie.
Les dégâts se chiffrent déjà en dizaines, voire centaines de milliers d'euros, le bâtiment ne sera pas réutilisable avant de longs mois. Mais il faudrait peut-être, déjà, arrêter les frais et cette occupation qui n'a que trop duré. Faire preuve de lucidité et de courage.
Y a-t-il un préfet, un ministre de l'Intérieur, dans ce pays ? Il se dit, sur le campus, qu'ils n'oseraient pas intervenir, de peur de mettre le feu au quartier. M. Darmanin a réuni hier soir les préfets avec des consignes de fermeté pour éviter une zadisation du pays. À l'Université Jean-Jaurès, cela a commencé il y a dix jours. Et puis, pour un président d'université, demander une évacuation par la police est risqué, en termes d'image et de carrière : le précédent de Jean-François Balaudé, à Nanterre, en 2018, qui avait demandé une évacuation, est dans toutes les têtes.
Le Gai Savoir de l'université Jean-Jaurès porte décidément bien mal son nom.
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