Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Censure : le gouvernement sauvé par LR !

Il ne manquait que neuf petites voix. La  votée à l' ce 20 mars n'a recueilli « que » 278 voix alors qu’il en fallait 287. « Si vous voulez renverser le gouvernement, votez la motion. ». Du haut de sa tribune, Élisabeth Borne a mis au défi les députés. Pendant plus de deux heures, les orateurs des différents groupes se sont suivis pour vilipender ou défendre, selon leurs étiquettes, la politique du gouvernement Borne. « Vous engagez votre responsabilité, nous prenons les nôtres », lui répond le député Courson, dépositaire de la motion avec le groupe LIOT.

Que ce soit la députée du RN Laure Lavalette ou l'Insoumise Mathilde Panot, tous ont chargé parfois violemment le gouvernement. Et si ce dernier a pu s'en sortir, ce n'est pas tant grâce aux divisions des oppositions qu'à la ligne de crête des Républicains dont l’esprit de cordée a sauvé le gouvernement de la chute.

« Le gouvernement a usé de toutes les manières possibles pour contraindre l’, il a tordu les procédures », souligne Charles de Courson, qui n’a pourtant pas la condamnation facile. Le député de Haute-Marne, incarnation parfois jusqu’à la caricature de la solidité des institutions, a rappelé que c’était la première fois que le groupe LIOT (vingt élus) déposait une motion de censure et voterait une telle résolution. Comme si, au fond, le gouvernement était allé trop loin. « Quand Courson veut votre tête, c’est que vous avez réellement dépassé les bornes », souffle un collaborateur LR, salle des Quatre-Colonnes.

Une majorité à bout de souffle

Les chefs des différents groupes parlementaires de la majorité avaient tenté d’aller jusqu’au vote. Le 49.3 a été pris, y compris dans les rangs de Renaissance, comme une défaite retentissante. Lâchés par l’exécutif ou plutôt par la main du prince, pris en tenaille entre les deux extrémités de l’Hémicycle, les députés macronistes cherchaient désespérément une main tendue. Et les efforts d’Aurore Bergé pour renvoyer les oppositions dos à dos ne rencontraient que peu d’écho. Les anathèmes tombaient à plat. Oui, LIOT s’associait avec la NUPES. Oui, le RN allait voter avec eux. Et aucune accusation de faire le jeu de qui que ce soit ne pouvait changer cet état de fait.

Même la menace de  brandie régulièrement par l’Élysée a perdu de sa puissance, à tel point qu’il est désormais clair que cette menace est dirigée non contre l’opposition, mais bien contre la majorité. « Allons à la . Et demain nous reviendrons plus nombreux ! » La bravade de la RN Laure Lavalette à l’encontre d’Emmanuel  traduit la confiance des oppositions quant à ce scénario potentiel. Et l’angoisse de la majorité. « S’il y a dissolution, on court au carnage », s’émeut un élu de la majorité. « Il peut dissoudre, mais il ne le fera pas », nous confie Charles de Courson, à l’entrée de la salle des Pas Perdus. Pour l’élu LIOT comme pour le RN, la motion était déjà morte. Les esprits se portent déjà vers le Conseil constitutionnel, que le Rassemblement national a d’ores et déjà annoncé vouloir saisir. En effet, avec neuf voix d’écart, le gouvernement ne tient qu’à un fil. Pour François Ruffin, c’est clair : « Ce gouvernement ne tient plus et la réforme doit être abandonnée. » Mais voilà, il ya le cas LR. Ou plutôt, les cas.

LR : l’interminable écartèlement

Il flâne, l’air de rien, salle des Quatre-Colonnes. Pour les néophytes, il n’est que le collaborateur du député LR Alexandre Vincendet. Pour les autres, il est l’ancien directeur de cabinet de Jean-François Copé, l’homme de Bygmalion, et celui qui a adoubé  dès 2018. Jérôme Lavrilleux passe, en souriant, devant le député de Moselle (LR) Fabien Di Filippo. Il n’a pas un regard non plus pour le député de l’Oise (LR) Maxime Minot qui explique pourquoi il votera la motion. Quelques minutes plus tard, Olivier Marleix monte à la tribune pour cogner sur Emmanuel  tout en affirmant que « son groupe ne votera pas la motion ».

Une position qui confine à l’absurde, car la majeure partie des députés LR présents vont justement voter la motion. Ils sont en nombre insuffisant, mais le message est envoyé. « Petit à petit, les motions de censure progressent et contaminent les LR », optimise un député du RN. « Ils viennent de sauver le gouvernement », résume le député de Vaucluse Hervé de Lépinau (RN). « Je ne demande qu’à voter en conscience », se défend pour sa part Fabien Di Filippo. Lorsqu’on lui demande si la présidence de son groupe accepte les avis divergents, il botte en touche : « Le règlement de l’Assemblée garantit la liberté de vote », sourit-il. S’il se dit sourd aux promesses de Jordan Bardella de « ne pas envoyer de candidats RN dans les circonscriptions de députés LR ayant voté la motion de censure », Di Filippo n’était finalement pas si isolé dans son positionnement. « Les députés sont libres et le tiers du groupe a voté pour la motion en son âme et conscience », assure le député du Lot Aurélien Pradié.

Sauf avis contraire du Conseil constitutionnel, la  est donc passée et le gouvernement a tenu dans la forme. Mais il va falloir qu’il passe maintenant l’examen d’une rue qui va s’enflammer davantage. Déjà, les leaders syndicaux réitèrent leurs appels au blocage. Au fond, deux questions se posent : peut-on parler de victoire lorsqu’elle a été au prix d’une mort politique à court et moyen terme ? Et est-il pertinent de quitter le radeau de la Méduse LR pour monter à bord du Titanic Macron ?

Marc Eynaud

https://www.bvoltaire.fr/censure-le-gouvernement-sauve-par-lr/

Les commentaires sont fermés.