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Quand la diplomatie chinoise se déploie, que fait la France ?

Le moins qu’on puisse prétendre est que les plénipotentiaires chinois ne chôment pas... En témoignent ces déclarations de Vladimir Poutine, précédant la visite officielle de son homologue chinois Xi Jinping, ce lundi à Moscou : « Les relations russo-chinoises ont atteint le point culminant de leur histoire et continuent de se renforcer. » Mieux, ajoute le maître du Kremlin : « La qualité des liens entre Moscou et Pékin est supérieure à celle des unions politiques et militaires du temps de la guerre froide. » Une déclaration qu’on a dû longuement méditer à la Maison-Blanche.

En effet, aux heures les plus tendues de la « guerre froide », au moins les USA savaient-ils à peu près faire de la géopolitique. D’où le coup de génie d’Henry Kissinger et Richard Nixon qui, en se rapprochant du Grand Timonier, parvinrent à enfoncer un coin dans l’alliance sino-russe, battant alors pavillon communiste.

Depuis, à l’exception d’un Barack Obama plus enclin à un monde multipolaire qu’à une hégémonie planétaire états-unienne, les présidents américains ne sont plus à la hauteur. Joe Biden comme Donald Trump (ce dernier moins belliciste que Biden) auront fait de leurs clowneries messianiques une sorte de viatique de moins en moins en prise avec la réalité d’un monde de plus en plus complexe. Le défunt Jacques Chirac, pour une fois bien inspiré, ne s’y était pas trompé, à propos de la seconde guerre d’Irak : « On n’exporte pas la démocratie dans un fourgon blindé. »

En la matière, le millénaire empire chinois paraît autrement plus sage. La  réhabilite la diplomatie à l’ancienne, faite de compromis nécessaires, d’alliances de circonstance, de cynisme et de commerce. Mais en aucun cas elle n’entend imposer aux autres petits Terriens son mode de vie, sa culture et (plus important encore) ses institutions politiques.

Ce qui fait dire, non sans raison, à Vladimir Poutine que Moscou et Pékin « travaillent pour créer un système de sécurité, ouvert, inclusif et qui n’est pas dirigé contre les pays tiers ». Cette diplomatie traditionnelle explique celle de la  en Orient comme en Afrique. Ses coups d’éclat ? La réconciliation inattendue entre Iran et Arabie saoudite, brillamment explicitée par notre confrère Frédéric Lassez et que le Liban a aussitôt saluée. À ce petit pays enclavé, ce retournement de situation devrait permettre à la fois de desserrer l’étau du Hezbollah sous influence de Téhéran et d’envisager un proche retour des capitaux de Riyad.

Le drame, dans cette affaire, c’est que le rôle aujourd’hui joué par la  fut longtemps celui de la France. Forte de son héritage royal puis gaullien, la France savait se conduire en nation servant à la fois de pivot et d’intermédiaire entre grandes puissances avoisinantes. Sa voix était alors entendue. Ce n’est plus le cas. Chinois et Russes nous chassent peu à peu d’Afrique noire. La voix de Paris n’est plus audible en Orient, du Maghreb jusqu’au Machrek. Téhéran ne nous écoute plus. Tel Aviv non plus, Benyamin Netanyahou se rapprochant de plus en plus de Moscou (il n’a pas condamné la guerre menée par la  en Ukraine), de Pékin, (le port d’Haïfa est maintenant possession chinoise) et d’Ankara (il a militairement aidé l’Azerbaïdjan contre l’Arménie chrétienne).

Dans ce Grand Jeu, la France est la grande perdante. Mais les USA n’en sortent pas non plus grands gagnants : ils sont chaque jour davantage défiés en leur pré carré latino-américain. Jair Bolsonaro avait déjà annoncé sa « neutralité » vis-à-vis du conflit russo-ukrainien, à la consternation de Washington, son protecteur. Désormais, Brasilia, avec le retour du président Lula, confirme la tendance et l'ancre avec cette rencontre officielle, prévue à la fin de ce mois avec Xi Jinping, afin de resserrer les liens économiques entre  et Brésil.

Les USA persistent à vouloir incarner la « communauté internationale » et le « monde libre », mais ils font figure de roi nu. Qui, de ses alliés présupposés, osera le faire remarquer à l'Oncle Sam ? Pas la France d’Emmanuel , assurément.

Nicolas Gauthier

https://www.bvoltaire.fr/quand-la-diplomatie-chinoise-se-deploie-que-fait-la-france/

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