Alors, c’en est fini, de LR ? Cette question se pose à vrai dire depuis l’échec de François Fillon au premier tour de l’élection présidentielle de 2017. Cela fait six ans que les Républicains n’y arrivent pas. Tout d’abord saignés une première fois par les sirènes de l’élection d’Emmanuel Macron qui ont attiré quelques cadres en manque de ministère, puis séparés à l’Assemblée nationale entre les constructifs et les opposants. Six ans plus tard, les Républicains ne tiennent plus aucune métropole et la ville la plus importante gérée par LR pointe à la vingt-et-unième place du classement national (Nîmes). Récemment, c'est le maire d’Orléans Serge Grouard qui est parti en claquant la porte. « Je ne pense pas que le parti se scindera », déclare à BV l’ancien conseiller de Nicolas Sarkozy Maxime Tandonnet. « Les réfractaires ont besoin de l’étiquette et de l’investiture et aucun n’a intérêt à voir le parti s’affaiblir davantage. » Une impression corroborée par la sortie de Bruno Retailleau en bureau stratégique ce mardi matin, rapportée par le journaliste de Marianne Jules Pecnard : « On ne doit pas mettre la poussière sous le tapis, on est trop faible pour se diviser. »
On a déjà beaucoup écrit, ici, sur la fracture territoriale qui coïncide souvent avec « l’âme et conscience » des députés frondeurs. Ils sont les élus de la France rurale et périphérique dans les derniers bastions ayant échappé au RN et à la gauche, de Belfort à Charolles. En Moselle, dans le Lot et dans les Ardennes, les électeurs LR ne sont pas les cossus retraités des Alpes-Maritimes. Chacun des élus LR ayant voté pour la motion le savait bien évidemment. Et ils savaient aussi qu’ils devaient leur siège à leur enracinement local, certes, mais aussi à une étiquette assumée d’opposant à la politique d’Emmanuel Macron. Facteur primordial qui explique leur maintien. « Il y a trois lignes chez LR, analyse Maxime Tandonnet, les partisans d’un pacte avec Emmanuel Macron, les constructifs et les réfractaires. Ces derniers sont issus de la jeune génération et généralement enclavés dans des territoires ruraux. ». Ce sont ceux-ci qui ont largement voté la motion de censure.
Ils misent tous sur l’après-Macron ?
« Après avoir trahi les Français hier, Éric Ciotti vit désormais sa meilleure vie avec ses amis macronistes. » Le député RN de l’Oise, Alexandre Sabatou, a capté avec son téléphone un moment de rigolade entre Gérald Darmanin (Intérieur), Sébastien Lecornu (Armées) et Éric Ciotti (président LR). Trois anciens de l’UMP. Et cette complicité politique est assez symbolique.
Sauf modification de la Constitution, Emmanuel Macron ne briguera pas de troisième mandat en 2027. « La Macronie ne lui survivra pas sous cette forme », soufflait, hier soir, un élu de la majorité. Et c’est visiblement ce qu’attendent les LR. « L’enjeu, c’est l’après », affirme à BV Jérôme Lavrilleux. L’ancien directeur de cabinet de Jean-François Copé est aujourd’hui collaborateur du député LR Alexandre Vincendet. Partisan d’un pacte de gouvernement avec Emmanuel Macron, il a fortement milité contre le vote de la motion de censure par les députés LR. La motion n’avait pas ravi non plus la vieille garde, à l’image de Jean-François Copé qui avait condamné l’initiative : « Indignes, ces députés LR qui ont liquidé le discours de vérité que nous tenions », a notamment cinglé le maire de Meaux, ancien président du parti. À l’image d’un Nicolas Sarkozy qui joue le rapprochement avec Emmanuel Macron, tous escomptent un pacte de gouvernement pour préparer 2027. « Je pense qu’ils font une erreur stratégique », réagit Tandonnet. « Le macronisme a atteint un niveau record d’impopularité. En 2027, tout ce qui a trait à Macron servira de repoussoir à électeurs. » Au fond, chez LR, on n’assiste pas à une divergence idéologique mais bel et bien à une divergence stratégique.
On écrivait ici que le radeau de la Méduse LR n’avait aucun intérêt à monter sur le Titanic. À moins de parvenir à remplacer le capitaine avant la venue de l’iceberg. Qu’il s’appelle Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon ou… ?
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