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Hollande accuse Macron : quand Frankenstein déplore sa créature

Dans Un Président ne devrait pas dire ça (Stock), François Hollande montrait qu’il fut bien meilleur commentateur de la vie politique que chef de l’État. Depuis son départ de l’Élysée en 2017, l’ancien président de la République ne mâche pas ses mots contre son successeur. Aucune action de l’ancien ministre de l’Économie du gouvernement Valls II ne semble trouver grâce aux yeux du Président le plus impopulaire de la Ve République. Pourtant, l’ex-Président socialiste avait lui-même connu de vives contestations lors des manifestations contre la loi El Khomri (adoptée grâce au 49.3) qui avait mis des centaines de milliers de personnes dans les rues de France.

 


Les « erreurs » d’Emmanuel Macron

S’estimant le plus apte à donner des leçons de bonne conduite présidentielle, François Hollande, invité de l’émission « BFM Politique » sur BFM TV, le 26 mars dernier, a jugé qu’Emmanuel Macron avait commis une « accumulation d’erreurs » qui conduit à « un niveau de colère et de ressentiment comme rarement » et à un sentiment « d’injustice ». L’homme regrette « une réforme des retraites [qui s’est faite] au pire moment dans un contexte d'inflation forte, de pouvoir d'achat forcément amputé et d'inquiétude parce qu'il y a une guerre en Ukraine »« Deuxième erreur : une erreur de contenu. Quand vous proposez une réforme des retraites qui demande des efforts à ceux qui ont travaillé dur et tôt et rien à ceux qui ont les revenus les plus élevés, c'est aussi un contresens », a-t-il poursuivi plein d’aplomb. L'ancien occupant de l’Élysée a ensuite dénoncé une « erreur de méthode » tout en accusant Emmanuel Macron d’avoir préféré entamer les premières discussions avec Les Républicains (LR) plutôt qu'avec les syndicats.


Autre péché identifié par notre donneur de leçons présidentiel : l’utilisation du 49.3 qu’il qualifie d’« erreur de procédure ». Alors que le gouvernement promettait de ne pas recourir à son recours constitutionnel, François Hollande l’accuse d’avoir fait l’exact « contraire ». En outre, l’ancien maire de Tulle considère qu’une « erreur de communication » a été commise. « On attendait le président de la République mardi afin qu'il puisse apaiser la situation et il l'a exacerbée avec en plus des mots désagréables pour les leaders de la CFDT », achève-t-il.

Confidence pour confidence

L’histoire d’Emmanuel Macron et de François Hollande est finalement des plus banales : celle d’un fils qui voulut tuer le père pour prendre sa place. La trahison macronienne ne passe toujours pas pour Hollande, qui a bien connu celui qui fut son secrétaire général adjoint. Depuis l’accession au pouvoir du marcheur, les deux hommes se livrent une guéguerrre permanente par médias interposés. Aussitôt en poste, Emmanuel Macron laissait échapper, via le JDD, un mot, « zigoto » ; il décrivait un « homme généralement fantaisiste, au comportement extravagant » pour lequel il a « le plus souverain mépris ».

Dans son dernier essai, Affronter (Stock) paru en 2021, l’ancien Premier secrétaire du Parti socialiste écrit : « À quoi Emmanuel Macron croit-il vraiment ? Quatre ans après, je ne le sais toujours pas. Les Français non plus, d’ailleurs. » Et de poursuivre : « Depuis 2017, ils [les Français] observent un Président impatient, intrépide, imprévisible, sans comprendre où il va, ni où il mène le pays […] la cohérence n’est pas sa matrice principale. » Finalement, François Hollande continue de faire ce qu’il a su le mieux faire : commenter la vie politique. Le docteur Frankenstein continue de se désoler de sa créature… Pourvu qu’il n’oublie pas que c’est elle qui le tue à la fin du roman de Shelley.

Julien Tellier

https://www.bvoltaire.fr/hollande-accuse-macron-quand-frankenstein-deplore-sa-creature/

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