Rien, au moment d'écrire ces lignes, sur le compte Twitter de Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée nationale, qui, pourtant, il y a 24 heures, a exprimé par ce biais sa sympathie appuyée à la députée Renaissance du Rhône Anne Brugnera, après des tags sur sa permanence : « L’Assemblée nationale sera aux côtés de chaque élu, total soutien. » Il se trouve qu'Edwige Diaz, justement (quelle coïncidence), est aussi députée. On cherche désespérément à ses côtés l’Assemblée nationale et son « total soutien ».
Pas davantage de marque de sympathie du côté de leur collègue Aurore Bergé, qui a pourtant déjà eu elle-même maille à partir, en 2021, avec Médine : rappelons qu'Aurore Bergé avait fait grief à l’ENS d’avoir accueilli un « rappeur islamo-gauchiste ». Une qualification purement diffamatoire, selon Médine, qui traîne en justice tous ceux qui la profèrent, attendu que son nom, sa façon de s’habiller, de tailler sa barbe, les couvertures de ses disques, les paroles de ses chansons, comme ses anathèmes ponctués de « Inch Allah » sur les réseaux sociaux le montrent bien : c'est un petit rat de l’opéra bouddhiste apolitique. Comment reconnaître un artiste d’un islamiste ? C’est très simple. Ils tiennent les mêmes propos, mais le premier le fait en chantant. Et comme le disait peu ou prou un autre chanteur, c’est tellement plus mignon de se faire prendre pour un c… de cette façon-là.
Rien, non plus, sur le compte de Rima Abdul-Malak, ministre de la Culture, censément soucieuse, à ce titre, de ce qui se passe dans les salles de spectacle en France. Il y a deux jours, elle avait exprimé son « soutien à Bilal Hassani » parce que, adjurait-elle, « face aux extrémismes, aux appels à la haine, à la violence, la culture [devait] rester un espace de liberté et d’émancipation ». Faire symboliquement de trois personnes une piñata, c’est-à-dire un objet que l’on doit frapper le plus fort possible avec un bâton jusqu’à le briser et l'éventrer, et pousser le public à s’y défouler, ne serait donc pas un appel à la haine et à la violence ? Imagine-t-on les manifs indignées, les tribunes collectives, peut-être même (c’est de l’ordre du possible) les minutes de silence dans l’Hémicycle si une piñata à l’effigie de Bilal Hassani avait été ainsi publiquement offerte à ses opposants pour qu’ils s’y déchaînent ?
Rien, toujours, sur le compte Twitter d’Isabelle Rome, ministre délégué chargé de l’Égalité entre les femmes et les hommes. Celle-ci affirmait pourtant, au même endroit, il y a deux jours également, que « les violences sexistes> [n’avaient] leur place nulle part », et « [devaient] être sanctionnées partout ». Sauf à Agen, au concert de Médine apparemment. En adhérant au RN, les femmes sont-elles automatiquement déchues de leur sexe/genre (biffer la mention inutile) ? À moins que le concept de sororité ne se décline qu’entre femmes de gauche ?
Rien, enfin, sur le compte Twitter d’Élisabeth Borne : on se souvient pourtant du tollé, en 2021, quand le youtubeur Papacito, dans une vidéo, avait tiré sur un mannequin de plastique censé représenter « un » - donc non cité nommément - électeur de La France insoumise : le Premier ministre, Jean Castex, avait « condamné sans réserve » et le parquet s’était saisi, avant de décider de classer sans suite (une nouvelle plainte avec constitution de partie civile a été ensuite déposée).
Loin de regretter son geste une fois dégrisé de son concert, Médine, au contraire, persiste et signe. Il relaie sur les réseaux sociaux un article très complaisant de La Dépêche relatant sa prestation à Agen (sauf le passage décrivant un public « clairsemé »), quelques photos de la fameuse piñata, et les assortit de ce commentaire : « Joyeuses Pâques », dédié à ses trois têtes de Turc de la soirée. Sûrement pas une invitation à manger du chocolat et à aller à la messe de la part de celui qui n’évoque, dans son répertoire, le « Golgotha » que pour y « [crucifier] les laïcards ». Au vu de ces charitables paroles, et sans mauvais jeu de mots, la rédemption reste visiblement un mystère pour Médine en cette octave pascale.
Il y a quelques mois, à Dijon, le chef de l’État avait relancé la grande cause de son premier quinquennat : la lutte contre les violences faites aux femmes. Apparemment, qu’un excité incite ses fans chauffés à blanc à lyncher l’effigie de deux d’entre elles ne lui inspire rien, ou en tout cas rien d’autre qu’une expression de l’un de ces prédécesseurs, qu’il a d’ailleurs déjà recyclée : « Ça m’en touche une sans faire bouger l’autre .»
En attendant, les élues RN Edwige Diaz et Julie Rechagneux ont indiqué porter plainte et demander une protection fonctionnelle.
Gabrielle Cluzel
https://www.bvoltaire.fr/cesse-t-on-detre-une-femme-quand-on-est-elue-rn-oui-la-preuve-par-medine/