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Face aux journalistes de cour, Lavrov démasque méthodiquement l’hypocrisie de l’Occident

Réponses à la presse de Sergueï Lavrov, ministre des Affaires étrangères de la Fédération de Russie, lors d’une conférence de presse à l’issue de sa visite aux États-Unis dans le cadre de la présidence russe au Conseil de Sécurité de l’ONU.

Question : Vous avez dit que la Russie ne pardonnerait pas et n’oublierait pas le fait que les journalistes russes qui devaient vous accompagner se sont vu refuser des visas américains. Qu’est-ce que cela signifie ? Pourriez-vous expliquer ?

Sergueï Lavrov : Notre porte-parole s’est exprimée aujourd’hui au Comité de l’information. Maria Zakharova a déjà abordé ce sujet en détail. Nous trouvons scandaleux que cela se produise. Tous les « sortilèges » sur la liberté de la presse et l’accès à l’information prononcés par les dirigeants occidentaux, y compris les États-Unis, consignés dans les décisions de la Cour européenne des droits de l’homme et de l’OSCE, ont été adoptés au début des années 1990. À l’époque, l’Union soviétique était encore ouverte à de telles ententes. Maintenant, alors que l’Occident est gêné par la présence de points de vue alternatifs et la possibilité pour les habitants de la planète et les citoyens des pays concernés d’accéder à des faits qui ne correspondent pas au discours occidental, il a commencé à réprimer radicalement les médias qui ne lui sont pas soumis.

Nos ambassadeurs dans divers pays, y compris à Washington, fournissent régulièrement des informations concrètes sur la discrimination des médias russes. Il y a plusieurs années, la France a refusé d’accréditer RT et Sputnik au palais de l’Élysée, les qualifiant « d’instruments de propagande ». John Kirby a également déclaré, à propos de nos journalistes qui n’ont pas reçu de visas pour participer à cette partie de notre présidence, que les journalistes russes étaient des propagandistes, sans lien avec la vision américaine et démocratique de la liberté d’expression. Le premier amendement à la Constitution des États-Unis ne semble rien signifier en pratique. Il faut voir comment se porte la liberté d’expression aux États-Unis. J’ai entendu dire que Tucker Carlson avait quitté Fox News. Une nouvelle intéressante. On en ignore la raison. Il est clair que la richesse des opinions dans le paysage médiatique américain en a souffert.

En ce qui concerne nos mesures de rétorsion. Nous tiendrons certainement compte de ce comportement inapproprié de la part des autorités américaines. Je crois savoir que la décision a été prise au département d’État. Nous en tiendrons compte lorsque les Américains auront besoin de quelque chose de notre part.

Question : Que pensez-vous du Soudan et de ce qui s’y passe ? Que pouvez-vous dire concernant l’implication de la société militaire privée Wagner dans cette situation ? Nous avons demandé à Hemeti, le chef de ce groupe, à propos de cette entreprise. Il n’a pas nié leur participation. À qui cette société militaire privée obéit-elle: au gouvernement russe ou à un autre organe ?

Sergueï Lavrov : En ce qui concerne Wagner, c’est une société militaire privée. Nous avons abordé ce sujet à plusieurs reprises, y compris dans cette salle, lorsque, il y a quelques années, nos collègues français et le chef de la diplomatie de l’UE, Josep Borrell, nous ont reproché nos relations avec le Mali, la République centrafricaine et ont provoqué un mini-scandale. Alors que les Français commençaient à cesser leur opération Barkhane et à fermer leurs bases militaires dans le nord du pays, où la principale menace terroriste se trouvait, le gouvernement malien, pour ne pas rester sans défense, a fait appel aux services de la société militaire privée Wagner. C’est son droit. Le ministre des Affaires étrangères du Mali l’a déclaré lors de la session de l’Assemblée générale des Nations unies. Personne n’en fait un secret. La République centrafricaine, le Mali, le Soudan et d’autres pays dont les gouvernements, les autorités légitimes font appel à de tels services ont le droit de le faire.

Si vous êtes préoccupé par ce sujet, regardez sur internet le nombre de sociétés militaires privées qui existent aux États-Unis, au Royaume-Uni, en France. Il y en a des dizaines. Beaucoup d’entre elles ont travaillé pendant de nombreuses années directement à nos frontières, y compris en Ukraine. Cela donne également matière à réflexion.

Quant à ce qui se passe au Soudan. C’est une tragédie. Des gens meurent. Il y a une menace sérieuse pour les diplomates. Nous le savons et suivons la situation. Aujourd’hui, des représentants du Fonds des Nations unies pour l’enfance ont demandé à notre ambassade de protéger leurs employés d’une manière ou d’une autre, car ils se trouvent dans un endroit dangereux. Je ne sais pas comment cela peut être fait. Mais nous allons nous en occuper maintenant.

Rappelez-vous comment l’État soudanais s’est « développé ». D’abord, il existait en tant qu’entité unique, puis sous la forme du Soudan et du Soudan du Sud. Tout cela s’est passé sous nos yeux. Les collègues américains ont fait de la division du Soudan en deux parties l’une de leurs priorités en matière de politique étrangère. Ils se sont adressés à nous pour que nous persuadions l’ancien président Omar el-Bechir d’accepter un accord sur la tenue d’un référendum libre et volontaire et une séparation volontaire. Pour être honnête, nous étions en faveur de laisser les peuples du Soudan décider par eux-mêmes. Finalement, le pays a été divisé en deux parties. Le Soudan du Sud a été créé. Les Américains, en tant qu’initiateurs de ce « divorce », auraient dû aider les deux nouveaux États à coexister, à développer leur économie et à assurer la prospérité de leurs citoyens, mais quelque chose ne leur plaisait pas. Je n’entrerai pas dans les détails, mais les États-Unis ont imposé des sanctions contre les dirigeants du Soudan et du Soudan du Sud. Ensuite, il y a eu des demandes constantes par le biais du FMI. Cette ingénierie géopolitique ne mène à rien de bon.

Je recommanderais de tirer la conclusion principale de la crise soudanaise actuelle. N’empêchons pas les Africains de s’entendre entre eux et n’ajoutons pas d’exigences externes (qui ne reflètent pas les intérêts de ces pays) à leurs efforts pour résoudre leurs propres problèmes à l’africaine.

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