En introduisant ce débat, le député et chef de la délégation RN Jean-Paul Garraud qui avait réclamé ce momentum a d'emblée posé les enjeux : « Chers collègues, notre continent fait face à une immigration massive depuis des années et ce Parlement souhaite l’aggraver avec le pacte Asile et Migration : 966.000 demandes d’asile ont été enregistrées en 2022 dans les pays de l’Union européenne et affiliés, soit un record depuis 2016. Les chiffres des premiers mois de l’année 2023 sont dans cette continuité et laissent craindre le pire. Alors, que voulez-vous ? Que voulons-nous ? » Réponse de la gauche et des Verts : des chaises vides. Les Français seront heureux de savoir qu’ils rémunèrent des députés européens absents lors des moments les plus importants de la vie de l'assemblée européenne, sur un des thèmes qui leur tient le plus à cœur, selon tous les sondages. De son côté, l’Europe manifeste aussi bizarrement son respect vis-à-vis des électeurs, des élus et des enjeux du continent. En lieu et place de la commissaire européenne aux Affaires intérieures Ylva Johansson, en charge du dossier migratoire, l’Europe a dépêché le commissaire à… l’Agriculture, un Polonais. Mais c'est la position des élus européens macronistes qui est la plus révélatrice. Ils manifestent, comme d’habitude, une incroyable duplicité. Tandis qu’à Paris, Gérald Darmanin agite les contours flous d’une loi immigration façon « on va voir ce qu'on va voir », ces députés ne laissent aucun doute sur leurs intentions.
Juste avant ce débat, ils se sont exprimés sur plusieurs propositions de bon sens du RN. Sans ambigüité. Conditionner l’aide au développement attribuée par la France à tous les pays et notamment aux principaux pays pourvoyeurs d’immigrés (Algérie, Tunisie, Maroc…) à « des accords de retour et de réadmission » de ces mêmes immigrés dans leurs pays d’origine (les fameuses OQTF) ? Pour les macronistes, c’est non. Suspendre les visas lorsque ces pays refusent de reprendre leurs immigrés clandestins ? Les macronistes sont contre. Le groupe Identité et Démocratie demande « que le mécanisme de suspension des visas soit activé dès que possible pour les pays tiers qui ne coopèrent pas suffisamment en matière de réadmission des migrants en situation irrégulière ». Vote des macronistes : contre. Face au bond des chiffres migratoires au premier trimestre 2023, il faut « aider les États membres à renforcer les capacités et les infrastructures de protection des frontières telles que des murs ou clôtures, les moyens de surveillance tels que la surveillance aérienne et les équipements », proposent les défenseurs de l’Europe des patries. Les macronistes sont… contre. Compte tenu du boom migratoire à venir aux frontières de l’Union cet été, « Frontex devrait donner la priorité au recrutement de gardes-côtes et de gardes-frontières supplémentaires plutôt que de 24 agents des droits fondamentaux en plus des 46 agents existants », estiment les élus. Refus des macronistes qui expliqueront demain qu'il faut agir - ou faire semblant.
Cela n’empêchera pas Darmanin et Macron de donner des leçons en responsabilité à Zemmour, Le Pen ou Meloni, vendant, avec force moulinets autour, une loi Immigration dont on est en droit de redouter le pire.
Marc Baudriller
https://www.bvoltaire.fr/immigration-au-parlement-europeen-aveuglement-et-duplicite-des-macronistes/