L'histoire ne s'arrête pas là. Pour tentative de cambriolage, le mineur a été condamné à six mois de prison avec sursis. Pour sa « séquestration », Mickaël, lui, a écopé de deux ans avec sursis et deux ans de mise à l'épreuve. Cerise sur le gâteau, puisqu'il pratique des sports de combat à haut niveau : le chef d'entreprise marseillais a été condamné en supplément à une obligation de soins. Considéré comme « une arme blanche » parce qu'il sait se défendre, il devra donc montrer patte blanche et ne surtout pas recommencer. Non, mais !
Des histoires comme ça, il y en a sans doute tous les jours, dans les tribunaux de France. Les juges n'ont même plus besoin de lire (savent-ils encore lire ?) la harangue du funeste Oswald Baudot à l'École nationale de la magistrature. Plus besoin d'un mur des cons pour punaiser les têtes des gens qui leur déplaisent - à commencer par le général Philippe Schmitt, qui avait eu l'outrecuidance de réclamer justice pour sa fille, massacrée un dimanche matin par un fou. Tout cela doit être intériorisé chez beaucoup d'entre eux. Cela fait partie de leur formation, de leur architecture mentale - on n'ose pas dire morale. Le délinquant est innocent a priori. L'homme qui se défend est probablement un sale fasciste. Et on décide en conséquence.
Bon courage, donc, à Mickaël qui vient de prendre en pleine face le train de la justice qui peut protéger les squatteurs, les voleurs, les violeurs, mais peut écraser sans pitié ceux qui ont le culot de vouloir se défendre seuls. Après tout, que diable, il y a la police, qui remettra le malfrat à la justice... qui le libérera.
Pour finir sur une note littéraire, on conseillera à cet homme sympathique et courageux, qui n'a eu pour seuls torts que de savoir se battre et de croire à la justice, de se procurer le magnifique Traité du rebelle d'Ernst Jünger (1951). Il y apprendra que les sociétés postmodernes écrasent toute forme de liberté individuelle sous de pompeux vocables sans intérêt (« État de droit », « valeurs de la République », dans le cas de la France) pour mieux faire passer l'arraisonnement des individus à une forme de servitude insidieuse. Méditons les écrits du maître de Wilflingen : « Les longues périodes de paix favorisent certaines illusions d’optique. L’une d’elles est la croyance que l’inviolabilité du domicile se fonde sur la Constitution, est garantie par elle. En fait, elle se fonde sur le père de famille qui se dresse au seuil de sa porte, entouré de ses fils, la cognée à la main. »
Arnaud Florac
https://www.bvoltaire.fr/point-de-vue-condamne-pour-avoir-maitrise-et-sequestre-un-cambrioleur/