La Démocratie directe ou la guerre civile ?
Nos dirigeants ont beau jeu de pointer du doigt ici « la menace d’ultra droite », là encore « les casseurs d’ultra gauche ». De dénoncer – parfois à sens unique – les agressions, menaces, intimidations visant des élus, des politiques, des journalistes…Mais jamais ils ne semblent se remettre en question, ni remettre en question les actions quotidiennes qu’ils mènent et qui sont en train de pousser à bout une bonne partie de la population de ce pays qui, sur tel ou tel sujet, n’en peut plus.
Faut-il rappeler à ces élus qu’ils l’ont mal été ? Que moins d’un électeur français sur deux s’est déplacé lors des dernières élections législatives et présidentielles, et que les institutions actuelles ne sont donc pas façonnées à l’image de ce que voudrait réellement la population ?
Le maire de Saint-Brévin vient de démissionner. Branle-bas de combat, il s’agirait d’une véritable capitulation de la « République » face aux agissements de « l’extrême droite » face à un élu. Mais faut-il rappeler que l’élu a été totalement sourd – et même méprisant – aux demandes de référendum local concernant l’accueil de migrants dans sa commune ? Faut-il rappeler qu’à Callac, là encore, les élus municipaux n’ont pas daigné consulter la population sur l’accueil de migrants, alors même que cette question de l’immigration est l’un des sujets les plus clivants, les plus sensibles dans la société française d’aujourd’hui ? Tous les sondages montrent que les citoyens sont excédés par la politique migratoire menée tambour battant par les autorités françaises. Et pourtant, celles-ci n’ont que faire des aspirations populaires dans l’hexagone. Pire encore, les autorités utilisent tous les moyens, via leurs agents médiatiques ou judiciaires, pour empêcher toute contestation et toute alternative à cette politique d’immigration de peuplement.
La question de l’immigration n’est bien entendu pas la seule au centre de la colère qui monte, qui monte, et qui radicalise une bonne partie de la jeunesse, mais aussi de générations qui, de 25 à 60 ans, n’en peuvent plus de vivre dans ce pays en voie d’effondrement.
Pourquoi donc ne pas avoir consulté la population sur la réforme des retraites, et avoir sollicité la population pour éventuellement proposer d’autres projets ? Pourquoi systématiquement vouloir passer ici en force (49.3), là en faisant semblant que l’Assemblée nationale actuelle est représentative des aspirations des électeurs dans ce pays ? Jusqu’à quel pourcentage d’abstention, de votes blancs, vont-ils aller avant de réagir et de songer éventuellement à tout changer, y compris constitutionnellement ?
Nous sommes dans une société ultra médiatisée. Chacun jette l’anathème virtuel sur l’autre. Chacun traque et harcèle, diffame, attaque celui qui ne pense pas comme lui. Il n’est plus possible de débattre, y compris de projets de société radicalement opposés, sans se lancer dans des pugilats, verbaux et donc parfois même physiques. On veut empêcher « l’autre » de s’exprimer, tout en érigeant son « moi » , sa petite « minorité », son idéologie, au sommet de l’Olympe.
La seule réponse qu’apportent les autorités aux colères populaires, à ces « sans-dents » qui peinent désormais à se loger sur leur propre sol (et qui constatent que pour d’autres, on s’arrange plus facilement), à se nourrir correctement (inflation, flambée des prix), à se chauffer, à ne serait-ce qu’aller travailler en voiture (coût de l’essence), c’est le mépris. Les éléments de langage. Les discours creux rédigés par des hordes de chargés de communication, et relayés par des journalistes complaisants qui ne représentent personne mais qui font la pluie et le beau temps dans ce pays.
Mais comment s’étonner alors que la violence explose ? Que les incivilités augmentent ? Que la délinquance se répande partout du fait de plusieurs facteurs que la loi française empêche, pour certains, de mentionner ? Et surtout, n’est-ce pas le rôle d’un élu, d’une autorité quelconque, encore une fois que de se remettre en question et de se demander comment remettre en ordre de marche des millions de citoyens qui sont en train de démontrer chaque jour par leur colère qu’ils n’aspirent plus du tout, mais alors plus du tout à « vivre ensemble » ? Le contrat social qui les liait semble avoir été déchiqueté, il est en lambeaux.
Et que proposer alors, pour changer tout ça, pour redonner un peu plus de sourire et d’envie, un peu moins de colère, de haines, de rancoeur, de mépris des institutions ? Peut être tout simplement un basculement vers une Démocratie directe. Nos voisins suisses ne connaissent pas (ou si peu) les tensions que nous connaissons. Parce qu’outre le fait d’être un pays nettement plus petit et homogène, ils peuvent s’exprimer, fréquemment, sur les sujets majeurs de société, sur les sujets qu’ils veulent soumettre à l’assentiment populaire (et pas uniquement des sujets de seconde zone que nos dirigeants auraient décidé de nous soumettre pour faire étalage de leur « bonté » vis à vis du peuple.
La Démocratie directe pour réconcilier le peuple ?
Imaginez. à Sainte-Soline, dans la commune, le canton, et même pourquoi pas au niveau départemental, ou régional, en fonction des compétences détenues par les collectivités. Un référendum, sur les grandes bassines, leur existence, leur destination et leur utilisation. Aurait-on vu ces émeutes organisées, y compris par des gens n’étant même pas du coin, s’il y avait eu un référendum local sur la question ? Et quid de l’aéroport de Notre-dame-des-Landes ? Un référendum n’aurait-il pas donné, ou retiré, la légitimité aux autorités pour le construire (ou pas donc…) ?
Imaginez si les habitants de Callac, de Saint-Brévin, et de partout où, dans l’hexagone, l’Etat projette d’imposer des migrants, des demandeurs d’asile, pouvaient dire si, oui ou non, localement, ils souhaitent accueillir ces populations (rentrées illégalement sur le territoire européen il faut le rappeler). Pourquoi les électeurs pourraient-ils être suffisamment grands et intelligents pour donner mandat à des élus (qui parfois ne respectent même pas ce pour quoi ils ont été élus) et pas pour se prononcer sur des questions qui les touchent, dans leur quotidien ?
Est-ce à la bureaucratie et à l’ARS de décider de la fermeture d’une maternité, ou bien les citoyens peuvent-ils prétendre à décider de savoir si ils continueront à donner la vie à côté de chez eux ? Des exemples locaux ou nationaux, sont pléthores. Y’aurait-il eu deux millions de personnes dans la rue contre le mariage et l’adoption par les couples homosexuels si ce sujet avait été soumis à référendum ?
A chaque fois, nos décideurs, et leurs agents, leurs relais, nous sortent « si on laissait la parole aux Français, ils rétabliraient la peine de mort ». Oui et alors ? Le peuple n’est-il pas souverain et à même de décider ce qui est bon pour lui ? A moins qu’il y ait une forme de caste, une forme d’oligarchie, qui s’arrogerait le droit de décider pour lui de ce qui est bon ou pas ?
Si la République française est tant rongée, c’est justement par ce type de raisonnement. Il faut en finir avec une République qui maintient, depuis des décennies, des « familles politiques » aux affaires. Des familles qui se reproduisent entre elles, consanguines qu’elles sont. Qui ont fait de la vie de la cité (la politique) une entreprise rentable, très rentable pour eux et les leurs. Mais pas pour le peuple qu’ils sont censés représenter. Tous pourris ? Oui, d’une certaine façon, lorsque l’on se refuse à voir le réel, à sentir la colère, et surtout, à agir pour que les choses aillent mieux. Lorsque l’on s’enrichit sur la misère, lorsque l’on surfe sur les haines, lorsque l’on prétend avoir compris un peuple (cf, les Gilets jaunes) tout en faisant l’inverse de ce qu’il demande.
Et si l’abolition de la 5ème République était la solution à une partie de nos problèmes ? Et si l’instauration d’une démocratie directe, locale, régionale, nationale, européenne, permettait d’apaiser une société qui semble prête à exploser, avec le risque que ces explosions soient ensuite pilotées par des idéologues qui ont toujours eu le goût du sang ? Et si nous pouvions décider nous-mêmes, de notre avenir, en Bretagne, sans que des décideurs parisiens nous imposent quoi que ce soit ? Et si il en était de même partout dans l’hexagone ? Et si nous débattions, y compris avec virulence, pour convaincre l’autre ? Et si nous abolissions les lois qui limitent le débat ? Et si nous retrouvions d’urgence le sens de la joute verbale plutôt que celui du lynchage physique et moral ?
L’instauration d’une Démocratie directe ne réglerait sans doute pas tous les problèmes que rencontre aujourd’hui la civilisation européenne, et que connaissent nos sociétés occidentales. Mais elle aurait le mérite de redonner aux citoyens, à ceux qui veulent réellement façonner l’avenir de leurs enfants (il y aura toujours une partie de la population non concernée par la vie de la cité) , la possibilité de le faire.
Il est temps que les Princes qui dirigent, tout là haut, entendent, et entendent bien comme le disait Glenmor. Il est urgent de redonner le pouvoir au peuple et que sa volonté soit faite, sur sa terre, quelle que soit celle-ci. C’est ça, ou bien demain l’explosion, le chaos, la guerre civile…et la dictature qui suivra, c’est certain.
Nous avons encore la possibilité de choisir le monde dans lequel vivrons nos enfants demain. Alors au travail !
YV
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