Le ton est lourd, chargé d’émotion, mais aussi de courage et de franchise. Mickaëlle Paty, la sœur de Samuel Paty, le professeur d’histoire-géographie assassiné le 16 octobre 2020, parle à cœur ouvert : « Je n’étais pas préparée à subir la violence d’un attentat terroriste, ni, de surcroît, à entendre le hurlement de ma mère m’annonçant que mon frère avait été décapité ». Dans une lettre adressée à Gérard Larcher et François-Noël Buffet, respectivement président du Sénat et président de la commission des lois de la chambre haute, révélée par Factuel l’infirmière anesthésiste qui a repris le flambeau des combats de son frère pour l’éveil les consciences, leur demande « l’ouverture d’une enquête parlementaire, afin d’établir les failles de ce drame et de tenter d’en colmater les brèches ».
Parlant à la première personne, elle rappelle l’état de sidération qui a été le sien en apprenant l’horreur, mais établit froidement les failles politiques et administratives qui ont, selon elle, conduit au drame. Le « pas de vagues », le relativisme, l’aveuglement volontaire, ces petites lâchetés individuelles qui ont pour toile de fond notre lâcheté collective. Mickaëlle Paty en a contre ceux quivoulaient « éviter toute stigmatisation et amalgame » pour « éviter les confrontations avec la violence islamiste ». Cette « inaction des hommes dits « de bien » » qui rappelle la célèbre maxime d’Edmund Burke : « Pour triompher, le mal n’a besoin que de l’inaction des gens de bien. »
(…)