Enfin, le grand réveil idéologique s’est produit. Le rafistolage, les atermoiements, c’est fini. Les Républicains déposent une première proposition de loi constitutionnelle affirmant la primauté du droit national sur les normes internationales, notamment européennes, quand les « intérêts fondamentaux de la Nation » sont en jeu. Seule façon de surmonter le gouvernement des juges, nationaux et européens, qui, en matière d’immigration, ont détricoté méticuleusement les instruments étatiques de régulation de l’immigration. Cette législation nouvelle permettra de consulter les Français par référendum, d’élever au rang constitutionnel le principe d’assimilation qui ne figure qu’au Code civil, et donner au Parlement les moyens de réviser la politique d’asile, massivement violée sans grande protestation.
Une deuxième proposition de loi – cette fois ordinaire – a pour vocation de durcir le regroupement familial, restaurer le délit de séjour irrégulier (supprimé par François Hollande) et la double peine (supprimée par Nicolas Sarkozy), abroger l’Aide Médicale d’État (hors urgence sanitaire), caler les aides au développement et la délivrance de visas à l’aune du nombre de visas consulaires accordés par les États étrangers à « nos » expulsés, rendre inaccessible la nationalité française à un enfant né en France, de parents ayant violé la réglementation sur les entrées, conditionner la protection sociale à cinq ans de présence, sans délits ni crimes commis, bien sûr.
Déroger aux traités européens ? Quelle horreur ! C’est bien pourtant ce qu’avait fait Nicolas Sarkozy avec son plan de soutien aux banques durant la crise financière de 2008. Et, c’est en dérogeant cette fois aux accords de Schengen, qu’Emmanuel Macron avait fermé nos frontières - le dernier en Europe - lors de l’épidémie du Covid.
La gauche – macroniste ou non – s’étouffe de rage. Un quotidien du soir souligne la « radicalisation » du parti de droite. Le RN revendique ses droits d’auteur alors que sa candidate n’a consacré sa campagne présidentielle qu’à la défense du pouvoir d’achat. Parfait, c’est très bon signe. Chacun, à l’Assemblée, prendra ses responsabilités devant les Français : une très, très grande majorité exige l’arrêt de l’immigration massive. Pas seulement les Français « de souche » : chez moi, à Lavaur, petite cité occitane de 12 000 habitants, mes copains Kabyles, artisans-plombiers et amateurs de rugby comme de charcuterie, ne sont pas les derniers à exploser de rage devant les dégâts de la politique d’immigration menée depuis dix ans….
Dans notre Établissement Pénitentiaire pour Mineurs, la quasi-totalité des incarcérés présente des caractéristiques communes : immigrés ou enfants d’immigrés. On peut diverger sur les racines de ces situations, s’interdire toute « essentialisation », mais les faits sont têtus. La surreprésentation des immigrés dans la population carcérale, le chômage, le trafic de stupéfiants comme la délinquance ou la violence de rue est ancienne, authentifiée par les services de l’État, connue de tous les acteurs publics, ressentie par tous les Français. Idem pour les fraudes sociales : la Cour des comptes rapporte que 400 000 pensionnés à l’étranger « ne remplissaient pas les conditions de l’ouverture de droits à l’assurance-maladie ». L’affaissement du niveau scolaire, les revendications identitaires par le costume, les menus des cantines et les protestations quand il s’agit de rendre hommage aux victimes du Bataclan ou à Samuel Paty, l’engorgement des urgences hospitalières et des maternités dans les métropoles urbaines et à Mayotte, renvoient l’État aux responsabilités qu’il ne sait ni ne veut exercer.
Tout cela est connu, et tu le plus souvent. Quand Tariq Ramadan vient en 2010, à Graulhet, faire une conférence (où femmes et hommes ne se mélangent pas), je suis le seul dans le Tarn à protester. Quand le rappeur islamiste Medine se produit sur la scène nationale d’Albi, sa municipalité philippiste est aux abris et quand, dans une vidéo, il lance en sifflotant des fléchettes sur ma pomme et celle d’un député du Tarn, nul élu ne s’associe à nos plaintes, fût-ce par un message de fraternité républicaine.
Un silence hypocrite du côté de la gauche
Ceux qui se taisent, ceux qui considèrent encore l’immigration comme une chance, ne connaissent, à vrai dire, celle-ci que sous les traits de leur femme de ménage ou de celui qui, à l’aurore, va vider leur poubelle.
Ils se parent de vertu en louant le « vivre-ensemble », mais jamais leur cœur ne s’ouvre aux misères françaises, fussent-elles d’origine étrangère.
Pourquoi un tel mélange d’hypocrisie, de cécité et de lâcheté ?
Pourquoi ne peut-on traiter la question de l’immigration sans haine ni complaisance ? Pourquoi certains font-ils semblant d’aimer ceux dont les enfants ne joueront jamais avec les leurs ?
La responsabilité de la gauche est historique. Je sais que je serai lu par des amis de ce camp-là dont je ne remettrai jamais en cause l’honnêteté de leur engagement. Chaque « partisan » est porté par des figures mythiques (Jaurès, Blum, Mendes France et Mitterrand pour les uns, Napoléon, de Gaulle et Pompidou pour les autres), par des pages d’histoire, des élans collectifs qui sont respectables quand ils sont soumis à l’intérêt général, c’est-à-dire national.
Mais la gauche est paradoxale et excelle dans l’art du maquillage. Elle a forgé la politique coloniale au nom des grands principes universalistes de 1789. Puis elle a soutenu les mouvements révolutionnaires de la décolonisation. Ses enfants ont dormi sous le portrait du « Che », aimable tortionnaire et macho de la pire espèce. Puis elle a été confrontée à l’exercice du Pouvoir et au désastre de ses premiers pas en économie : tournant libéral, grande marche vers l’Europe, il fallait bien, en contrepartie du désespoir de Billancourt, donner des gages à son armature trotskiste, à l’histoire violente* mais à la formation intellectuelle et une capacité d’entrisme de qualité.
Ce fut le travail de SOS Racisme dont un des dirigeants, issu de ces milieux, vécut au crochet des enveloppes de l’Élysée, un travail que résuma François Mitterrand : « les étrangers sont ici chez eux ».
L’intérêt tactique enrichissait le discours sans-frontièriste : fracturer les droites en excitant le FN, après l’avoir ostracisé. Un travail d’orfèvre.
Le terrorisme islamique a fait bouger les frontières : Hollande évoqua devant des journalistes le risque de « partition », Valls celui de « guerre des civilisations », Collomb en quittant le ministère de l’Intérieur évoqua le glissement du « côte à côte » au « face à face ».
Mais rien n’y fait : ceux qui dominent le débat, à gauche, sont d’extrême-gauche : promoteurs de la « créolisation » avec Mélenchon, (une approche racialiste et antirépublicaine) procureurs de l’État comme de l’histoire française avec Plenel, avocats des minorités (ou des diversités) non pour ce qu’elles ont fait par leurs talents et leurs efforts mais par ce qu’elles sont : des victimes éternelles. La minorité harki n’entre pas, évidemment, dans ce club, comme la traite négrière arabo-musulmane qui dura, dans des conditions monstrueuses, décrites par Tidiane N’Diane (Le génocide voilé, Folio, 2017), 14 siècles, est soigneusement occultée.
Malheur à celui qui dénonce le problème ou souligne des contradictions dissimulées sournoisement. Car la pensée de gauche ne reconnait pas de critère de vérité qui lui soit extérieur : « l’immigration est une chance » : voyez Zidane !
À droite, un manque de courage
Face à elle, la droite a été souvent tétanisée. « La peur de ne pas paraitre assez à gauche est la maladie honteuse des démocraties », écrivait André Tardieu dans l’entre-deux-guerres. La crainte d’être assimilée à l’extrême-droite, renvoyée aux heures sombres de l’histoire, selon la formule automatique… Ce n’est quand même pas la droite qui était réunie pour dîner à Latche avec René Bousquet, l’organisateur de la rafle du Vel d’Hiv ! Une élue communiste de Lavaur me traita lors d’un conseil municipal de « nazi ». Je la fis bien sûr condamner. L’aurais-je traitée de « bolchévique », je ne l’eusse pas été. La ministre de la Culture fait peser des menaces sur l’avenir de Cnews. L’extrême-gauche censurerait allègrement Valeurs Actuelles, Causeur et Boulevard Voltaire. Mais partout, des élus, des citoyens, des écrivains, des journalistes relèvent le drapeau. Eux, ne mettront pas un genou à terre.
Je sais combien l’électorat de droite a été échaudé dans le passé. Mais ce que viennent de faire Éric Ciotti, Olivier Marleix et Bruno Retailleau relève d’un réveil sincère et courageux de la conscience nationale. Défendre notre identité et nos intérêts, traiter chacun, Français comme étranger, selon ses mérites et son attachement à notre cher et vieux pays, à son histoire, ses valeurs et ses règles. « À Rome, fais comme les Romains » !
Un ancien et courageux éditorialiste du Figaro se moque un peu de nous, parce que « nous aurions découvert la lune ». Non. Selon la formule de Mitterrand, puisée dans le roman d’Henri Béraud (Le bois du templier pendu, les Editions de France, 1926) qu’il avait, m’avait-il confessé, beaucoup aimé, « il faut laisser le temps au temps ».
Je crois surtout qu’il faut, entre nous, éviter les procès en repentance que nous n’acceptons pas pour notre pays. Et passer de la colère au bar de la marine au rassemblement joyeux des Français quelles que soient leurs origines et leurs combats passés.
*La Ligue communiste a été dissoute en 1973 par Raymond Marcellin, ministre de l’Intérieur.
Bernard Carayon
https://www.bvoltaire.fr/vu-de-mon-terroir-immigration-a-droite-le-grand-reveil/