François Athanase Charette de La Contrie est un héros de roman. Le héros d’un roman tragique et vrai, sur fond de révolution, de guerre civile, d’héroïsme et d’atrocités.
Rien pourtant ne prédisposait ce cadet d’ancienne famille de la noblesse bretonne sans fortune, devenu, adolescent officier de marine et dont les camarades de jeunesse affirmaient qu’il aimait ses aises et sa tranquillité, à entrer dans l’Histoire.
Rien, sinon un attachement atavique à des valeurs chevaleresques qui, à la fin du « siècle des Lumières » semblaient à beaucoup dépassées : la fidélité au Roi et à Dieu, quand même l’on en prenait à son aise, parfois, avec les Commandements, et que l‘on grognait contre le pouvoir royal.
L’erreur de la Convention, formée de bourgeois « éclairés » coupés d’un peuple qu’ils méprisaient, fut de n’avoir pas compris qu’en s’en prenant au trône et aux autels, elle susciterait, en dépit e la terreur qu’elle faisait régner bien avant de l’avoir mise à l’ordre du jour, une colère qui tourna à l’insurrection avec en février 1793, la publication du décret de levée en masse de 300 000 hommes destinés à servir aux frontières un régime régicide et persécuteur détesté.
Cette insurrection, qui toucha de nombreuses régions, ne perdura que dans l’Ouest, et d’abord sur la rive droite de la Loire ou l’impéritie du personnel républicain permit aux insurgés de s’organiser et remporter rapidement des succès. Ainsi naquit « l’incompréhensible Vendée » comme l’appela le pouvoir parisien, incompréhensible parce qu’il lui paraissait monstrueux, contre-nature, que « le peuple » n’adhérât point à la nouvelle idéologie destinée à former des hommes « libres », « régénérés », des citoyens de l’avenir arrachés à l’obscurantisme de l’Ancien Régime.
Dès lors le phénomène s’est produit ensuite à l’identique en URSS, en Chine, au Cambodge, dans l’intérêt de la nation entière, il fallait éradiquer, tel un péril, ceux qui n’acceptaient pas cette régénération forcée, et se verraient dénier jusqu’à leur appartenance à l’humanité, de sorte que leur massacre planifié n’apparaitrait pas plus monstrueux que celui d’une espèce nuisible… Le terrorisme étatique provoque, et c’est son but, la sidération et la peur, donc l’obéissance et la soumission. Ce fut vrai dans la France de 93. Il est d’autant plus admirable que les insurrections vendéennes et chouannes aient duré, en dépit des moyens employés pour les écraser.
Peut-on évoquer les crimes de la Révolution dans l’Ouest sans être accusé de porter atteinte aux fondements de la république et d’en être l’ennemi ? 230 ans après le début du soulèvement, la question reste d’actualité, le prouve la virulence des attaques suscitées par la sortie en janvier 2023 du film Vaincre ou mourir, esquisse de la vie de Charette.
Esquisse car la complexité psychologique du personnage et des événements, y est, par nécessité, simplifiée à l’extrême mais suffisante pour révéler la grandeur de ce jeune homme qui n’avait pas encore 33 ans quand il mourut, et qui, s’il ne fut jamais exemplaire, demeure un exemple de courage, de fidélité et d’honneur. Suffisante aussi pour révéler au public l’effroyable horreur qui s’abattit sur la Vendée, serait-elle édulcorée jusqu’au symbolisme, certaines réalités ne pouvant décemment être mises en images….
Face à l’indicible, l’innommable, l’intolérable, Charette et d’autres se sont dressés. Certains manifestement, ne le leur ont pas encore pardonné.
Ces hommes, morts pour la défense des droits les plus fondamentaux de l’humanité, méritent pourtant d’être connus et de retrouver leur vraie place dans la mémoire française.
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L’unique but de cette biographie, écrite avec le talent que l’on connait à Anne Bernet, est d’y aider. Cette nouvelle édition – l’ancienne datant de 2005- est revue et augmentée.
Charette, biographie, Anne Bernet, 572 pages, éditions Perrin, 25€