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Écraser les cartels du Captagon : La Syrie et l’Arabie saoudite unissent leurs forces

L’accord du gouvernement syrien pour réprimer les réseaux illicites de Captagon dans le cadre de la réhabilitation diplomatique régionale souligne la nécessité d’efforts conjoints, même s’ils vont à l’encontre des intérêts des États-Unis qui veulent maintenir Damas isolé.

Faisant preuve d’une collaboration et d’une détermination remarquables, l’État syrien a intensifié ses efforts pour lutter contre la fabrication et la contrebande de stupéfiants à l’intérieur de ses frontières, en ciblant plus particulièrement le flux d’une drogue très addictive, le Captagon, vers l’Arabie saoudite.

Conscients de la grave menace que représente ce commerce illicite, les dirigeants syriens ont pris des mesures stratégiques, notamment en mobilisant des officiers et en menant une vaste campagne de sécurité pour éradiquer les réseaux de cartels opérant dans le pays.

Ces dernières semaines, les forces de sécurité syriennes ont mené des raids dans les zones frontalières où le contrôle des services de sécurité syriens est faible, et ont même menacé de mener des frappes aériennes pour cibler les usines de Captagon.

L’effort conjoint de la Syrie et de l’Arabie saoudite

Ces développements sont le résultat du récent rapprochement syro-saoudien, qui a vu l’État syrien s’engager à lutter contre la fabrication de drogues sur son territoire, tandis que l’Arabie saoudite a redoublé d’efforts dans son pays pour contenir une nouvelle drogue facile à fabriquer, connue dans le royaume sous le nom de «shabu» ou, dans le monde entier, de «crystal meth».

Le rôle de la Syrie et de l’Arabie saoudite dans la lutte contre la drogue est conforme à l’évolution de la situation en Irak et en Jordanie, qui se sont joints au royaume pour collaborer à la lutte contre la drogue et empêcher que leurs territoires ne soient utilisés comme plaques tournantes pour la fabrication de stupéfiants et comme itinéraires de transit.

Alors que la coopération régionale dans la lutte contre le trafic de drogue prend de l’ampleur, les médias américains propagent sans relâche l’idée que la Syrie et le Liban se sont transformés en narco-États, servant de plaques tournantes pour la fabrication et la contrebande de Captagon.

En conséquence, Washington ne semble pas satisfait des efforts conjoints susmentionnés pour lutter contre ce trafic de drogue notoire mais lucratif.

Des sources bien informées révèlent au Cradle que les efforts déployés par les pays arabes pour coopérer dans les opérations de lutte contre les stupéfiants se heurtent à la pression intense exercée par les États-Unis. La position de Washington à cet égard est claire : elle veut saper tout progrès dans les relations syro-saoudiennes, même si cela doit conduire à l’échec de la lutte contre la drogue.

Alors que les États-Unis se concentrent sur la question du Captagon, qui a émergé dans le vide sécuritaire résultant des conflits régionaux, diverses capitales arabes, notamment Riyad, Damas, Bagdad, Amman et Beyrouth, collaborent à l’éradication de ce marché illicite. Elles ont mis en place une salle de contrôle coordonnée pour suivre les sources de drogue et les itinéraires de contrebande, dans le but de démanteler les réseaux qui ont proliféré ces dernières années.

Précédentes tentatives de lutte contre le Captagon

Par ailleurs, parallèlement au rapprochement politique entre Damas et Riyad, marqué par la réouverture prochaine de leurs ambassades et l’invitation du président syrien Bachar al-Assad au récent sommet arabe de Djeddah, les services de sécurité des deux pays ont initié un partenariat à long terme avec la Jordanie et l’Irak. Ce partenariat vise à lutter contre l’omniprésence du problème de la drogue dans les conditions de sécurité difficiles qu’a connues la Syrie tout au long de la guerre.

Selon des sources informées qui ont parlé au Cradle, la coopération en matière de sécurité entre les pays impliqués dans ce processus est due à des accords antérieurs conclus lors de réunions entre les responsables de la sécurité.

La région, en particulier au cours des deux dernières années, a connu une escalade alarmante des activités de contrebande de drogue, ce qui a nécessité une réponse commune.

Les sources révèlent qu’il existait déjà une coopération réussie en matière de sécurité avant le déclenchement de la guerre en Syrie en 2011. Leurs efforts conjoints ont notamment permis de démanteler de nombreux réseaux de fabrication et de contrebande de Captagon.

En 2010, l’Arabie saoudite a joué un rôle important dans la découverte et la neutralisation d’un important réseau de drogue qui impliquait des individus de différentes nationalités, notamment des Jordaniens, des Syriens et des Saoudiens.

Malheureusement, avec le début du conflit syrien, la coopération sécuritaire existante a été perturbée, ce qui a temporairement mis fin aux efforts conjoints.

Le problème ne se limite pas à la Syrie

Parmi la myriade de drogues disponibles, le Captagon est l’une des plus répandues en raison de sa facilité de fabrication et de ses faibles coûts de production. Le vide sécuritaire créé par la guerre en Syrie a constitué un terreau idéal pour sa production, tandis que les conditions économiques difficiles de la région ont facilité la mise en place de vastes réseaux de contrebande et de distribution. L’attrait de gains financiers substantiels a motivé l’émergence de ces réseaux illicites, exacerbant le problème de la drogue dans la région.

Contrairement à ce que l’on croit généralement, des sources de sécurité confirment au Cradle que les opérations de fabrication du Captagon ne se limitent pas à la Syrie, mais que des usines en Jordanie et en Irak font l’objet de raids de temps à autre, ce qui a incité à rétablir la coopération en matière de sécurité entre les pays concernés afin d’éliminer ces réseaux.

Entre-temps, Washington perçoit le Captagon comme une menace pour la sécurité provenant de l’État syrien et s’en est servi pour élaborer de nouvelles sanctions visant à pénaliser et à accroître la pression sur Damas et à couvrir la présence illégale des forces américaines dans le pays. Toutefois, les pays arabes participant à l’effort commun ont choisi une voie différente, tirant parti de l’expérience de la coopération passée et reconnaissant la futilité de dépendre de l’investissement politique des États-Unis.

Alors que les opérations de sécurité sont généralement entourées de secret, les pays engagés dans cette entreprise ont ouvertement exprimé leur engagement politique et documenté leur coopération. C’est ce qui ressort des articles de la déclaration finale publiée lors de la réunion quinquennale des ministres des Affaires étrangères de Syrie, d’Irak, d’Égypte, de Jordanie et d’Arabie saoudite, qui s’est tenue à Amman le mois dernier.

Dans ce contexte, des sources syriennes indiquent que la déclaration politique publiée parallèlement aux mesures de sécurité prises jusqu’à présent vise à envoyer des messages politiques aux pays occidentaux selon lesquels le gouvernement syrien est un partenaire dans la solution plutôt qu’une partie du problème.

En outre, ce renforcement de la coopération a également eu un impact sur les aspects politiques de la question du Captagon. Cela a été clairement démontré par la discussion sur le Captagon lors de la récente visite du ministre des Affaires étrangères syrien Faisal Mekdad à Bagdad le 4 juin, qui était en totale contradiction avec l’approche souhaitée par les États-Unis.

Le plan de Washington consiste à offrir une assistance aux gardes-frontières des pays voisins de la Syrie, parallèlement à ses propres efforts de lutte contre la drogue. Il s’agit notamment de poursuivre le déploiement de forces américaines sur différentes bases dans la région du nord-est ainsi que dans le triangle frontalier partagé avec la Jordanie et l’Irak (Al-Tanf).

Le financement de ces opérations, initialement autorisé sous le prétexte de lutter contre ISIS, est désormais spécifiquement alloué par le département américain de la Défense conformément au CAPTAGON Act, qui vise à mettre en évidence l’implication présumée du gouvernement syrien dans ce commerce.

Cette loi vise également à saper l’industrie pharmaceutique en Syrie, qui est l’une des rares industries à avoir partiellement survécu à la guerre.

Collaboration continue contre le trafic de drogue régional

Dans ces conditions, les récentes fuites publiées par Reuters concernant l’offre présumée de l’Arabie saoudite de 4 milliards de dollars au gouvernement syrien en échange de la résolution de la question du Captagon méritent d’être examinées de près. Le ministère des Affaires étrangères saoudien a démenti ces affirmations, tandis qu’une source syrienne déclare au Cradle que ces allégations font partie de la campagne médiatique menée par les États-Unis contre le gouvernement syrien.

La source souligne que l’Arabie saoudite est en fait engagée dans un partenariat avec le gouvernement syrien pour résoudre la crise de la drogue, alors que Damas considère le Captagon comme l’un des risques les plus importants résultant de la guerre, ayant un impact considérable sur la reprise économique, la sécurité et le bien-être humanitaire du pays.

On s’attend à ce que d’autres réseaux soient démantelés au cours de la période à venir, d’autant plus que la majorité des réseaux démantelés jusqu’à présent étaient actifs dans le sud de la Syrie. Cette région a connu un processus de rétablissement progressif après la guerre, visant à relancer les institutions de l’État et à éliminer le vide sécuritaire qui prévaut.

Parallèlement, des efforts sont déployés pour reprendre le contrôle de zones échappant totalement à la juridiction du gouvernement syrien et pour améliorer l’efficacité des agences gouvernementales dans les zones sous son contrôle. Ces efforts nécessitent des efforts considérables et une coopération continue entre les capitales concernées afin d’établir une ceinture de sécurité collaborative.

source : The Cradle

traduction Réseau International

https://reseauinternational.net/ecraser-les-cartels-du-captagon-la-syrie-et-larabie-saoudite-unissent-leurs-forces/

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