Dans le parti d’Éric Zemmour, sans grande surprise, l’hypothèse Marion Maréchal semble la plus probable. Dans les places suivantes sont également cités les noms de Guillaume Peltier, Laurence Trochu, Nicolas Bay et Stanislas Rigault. Une interrogation persiste concernant Sarah Knafo. Celle sans qui « rien n’aurait été possible », pour paraphraser Éric Zemmour, pourrait demeurer en bonne place sur la liste même si « aucune décision n’a été prise ». Avec les écartements, prise de distance ou départs successifs de Gilbert Collard, Jérôme Rivière, Jean Messiha et Jacline Mouraud, les candidats médiatiques potentiels sont moins nombreux. Mais rien n’est encore arrêté. « On doit aussi prendre en compte d’éventuels ralliements », assure un cadre du parti zemmouriste.
En attendant, Reconquête rode ses thématiques. Lors de la fête de la Violette, sur les terres de Guillaume Peltier, Marion Maréchal a prononcé un discours axé sur les sujets européens. Fustigeant « l’usurpation » de « Madame von der Leyen », l'ancienne députée de Vaucluse a démontré qu’elle avait les yeux tournés vers l’Europe. Avec un tropisme civilisationnel. Combien de places le parti d’Éric Zemmour peut-il espérer ? Difficile à dire précisément mais, avec 7 % des voix, Reconquête peut espérer placer au moins cinq eurodéputés. Ce qui est à la fois beaucoup et peu : dans la famille Reconquête, les places sont chères.
Un duel à mort avec LR
Les sondages survenant juste après les émeutes sont autant de respiration pour les formations de droite. Dans l’entourage de Jordan Bardella, on pense que ni LR ni Reconquête ne parviendront à tirer leur épingle du jeu. Le président du RN s’est d’ailleurs amusé à tendre la main à Éric Zemmour et Éric Ciotti, les incitant à le rejoindre. Une initiative qui a fait grincer des dents au sein d’une frange du RN qui regarde sans déplaisir ses concurrents de droite se débattre au bord de l’asphyxie. Car, pour les zemmouristes, l’enjeu n’est pas de battre le RN mais d’achever l'objectif initial : assécher LR. Entre les deux formations politiques de droite, qui rivalisent de propositions chocs depuis le début des émeutes, se joue une bataille de crédibilité. De leur côté, les blocs RN et Renaissance font face à une gauche hautement compromise avec les émeutiers. Pour les zemmouristes, c’est une question de survie, pour les LR ce n’est pas encore un enjeu cliniquement vital mais bien de maintenir le parti en vue de l’élection présidentielle de 2027 qui verra Macron se retirer et le macronisme trembler sur ses bases.
Au-delà de cette lutte sans merci à droite de l'échiquier politique, il y a un enjeu bien plus grand. Comme l’a rappelé Marion Maréchal lors de la fête des moissons, qui a rassemblé 1.000 sympathisants de Reconquête dans le Rhône, ce 8 juillet, « c’est déjà une forme de partition [géographique] qui se joue sous nos yeux avec les émeutes. Cette insurrection, c’est aussi une guerre de territoire. » Il ne s'agit pas tant de sauver telle ou telle formation politique mais la France...
Marc Eynaud